Le métropolite Hilarion : Apprenons à faire pénitence, suivant l’appel de la Sainte Église

Le 16 mars 2021, mardi de la première semaine du Grand Carême, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré les Complies et lu le canon de saint André de Crète à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

Après la lecture du canon, le métropolite a prononcé une homélie.

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit !

Le grand canon pénitentiel de saint André de Crète abonde en exemples rappelant en quoi consiste la pénitence. Ces images, l’auteur du canon, saint André, les tire aussi bien du Nouveau que de l’Ancien Testaments.

A l’époque de saint André de Crète, les moines qui entendaient ce cantique pénitentiel connaissaient très bien l’Écriture Sainte et l’Ancien Testament. Les histoires que saint André mentionne étaient bien connues des moines. A notre époque, nous connaissons beaucoup moins bien l’Écriture, c’est pourquoi beaucoup d’éléments du Grand canon échappent à notre conscience, et parfois à notre cœur.

L’un des exemples proposés par saint André est celui du roi David. Le Seigneur l’avait choisi pour régner sur Israël. Dans l’histoire du peuple hébreu, David est le roi qui régna avec le plus de succès : c’est lui qui fonda le Royaume d’Israël, dont ses descendants tirèrent fierté pendant des siècles. Aux temps du Seigneur Jésus Christ, il ne restait plus grand chose de ce royaume, il avait perdu son indépendance, mais on se souvenait encore du roi David, le plus puissant, le plus majestueux, le plus imposant des rois d’Israël.

David commit un crime qui lui fit verser bien des larmes. La Bible rapporte que David, qui avait de nombreuses femmes et concubines, convoita la femme d’un de ses chefs d’armée. Non content de lui prendre sa femme, il s’arrangea pour qu’il mourût au combat.

Une fois le péché commis, David prit conscience de la gravité de sa faute par les évènements que le Seigneur lui envoya pour le lui faire comprendre. Le roi pécheur se tourna alors vers Dieu et se repentit. Le psaume pénitentiel du roi et prophète David, le psaume 50, est un chant de repentir. Il est récité à tous les offices et fait partie de la règle de prière des moines et des laïcs. Comme dit saint André : « David a mis en hymne jadis l’image de son repentir ». Dans ce chant pénitentiel, l’âme se tourne vers Dieu.

Le roi David composa de nombreux autres beaux cantiques, qui font aussi partie du psautier. Ce livre est toujours la base de la liturgie orthodoxe. Trois mille ans ont passé, mais les cantiques du roi David n’ont pas vieilli, car ils sont tirés du plus profond de son cœur.

La vie du roi David contient beaucoup de belles pages. En tant que roi, tout lui était permis, il était riche et glorieux. Mais il avait mis sa vie au service du peuple à la tête duquel le Seigneur l’avait placé. Le roi David comprenait qu’il devrait répondre de ses actes devant Dieu. Quand il commit son double péché, rappelle saint André de Crète, son repentir fut si profond, si sincère qu’aujourd’hui encore, des siècles plus tard, les lamentations du roi pécheur résonnent dans les âmes des millions de personnes qui les lisent.

L’Ancien Testament contient de multiples exemples de repentir personnel et collectif. On y voit des peuples entiers, des villes entières adresser à Dieu leur clameur de repentir et leurs larmes. Dans le livre du prophète Jonas, le Seigneur avait confié à ce prophète d’annoncer à la ville de Ninive qu’elle s’était attirée le châtiment divin. Que firent les habitants ? Ils auraient pu, comme si souvent dans l’histoire, ignorer ce que le Seigneur leur disait par le prophète et continuer à vivre leur vie. Mais ils ont entendu la parole du prophète, ils ont craint le châtiment annoncé. Ils se repentirent et Dieu changea sa colère en miséricorde. Le livre de Jonas dit que le Seigneur, dans Sa miséricorde, était prêt à pardonner aux pécheurs qui se repentiraient et à annuler le châtiment qui leur était réservé.

L’appel au repentir résonne à travers tout l’Ancien Testament. Les prophètes vétérotestamentaires appelaient les gens à la pénitence, les exhortant à entendre la voix de Dieu. Dans le Nouveau Testament, les premiers appels au repentir émanent de Jean le Précurseur, dernier des prophètes et premier des apôtres, puis de la bouche du Seigneur Jésus Christ. « Repentissez-vous, car le Royaume des cieux est proche » (Mt 4,14), dit le Seigneur ?

Par la lecture de l’Ancien Testament, par l’écoute des livres prophétiques à l’église, par le chant des psaumes, le chrétien acquiert un état d’âme particulier. Apprenons à faire pénitence, suivant l’appel de la Sainte Église, en ces jours du Grand carême. Suivant l’invitation de saint André de Crète, lisant l’Écriture Sainte, cherchons à imiter les justes dans leurs bonnes œuvres et à éviter les mauvaises actions qui sont décrites tout au long de l’Écriture. Imitons ceux qui firent pénitence et changèrent leur propre destinée et celle de ceux qui les entouraient, attirant sur eux et sur les autres la miséricorde et la bienveillance de Dieu. Amen. »