Le patriarche Cyrille a répondu aux questions des participants du IXe festival « Foi et parole »

Le 21 octobre 2021, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies a échangé en ligne avec les délégués du IX^e Festival international “Foi et parole”, dont le thème est cette année « L’Église dans un monde qui change : défis et leçons et de la numérisation ». Le primat de l’Église russe a répondu aux questions des participants du forum.

Le diacre Mikhaïl Stepankov, chef du Département chargé des relations de l’Église avec la société et les médias au diocèse d’Ekaterinodar et du Kouban, a interrogé Sa Sainteté :

« A l’ouverture de la conférence « L’Orthodoxie universelle : la primauté et la conciliarité à la lumière de la doctrine orthodoxe », vous avez dit que le Patriarcat de Constantinople reproduit le modèle du schisme de 1054. S’il en est ainsi, si c’est vraiment leur objectif, vers quoi allons-nous ? A quoi s’attendre ? » a demandé le père Mikhaïl.

« Cela ne peut pas être l’objectif du Patriarcat de Constantinople. Il ne souhaite pas le schisme, c’est sûr, il n’a pas pour but de détruire l’unité de l’orthodoxie. Cependant, le désir d’affirmer sa primauté, non pas comme premier entre égaux, mais comme premier sans égaux – car c’est ainsi que Constantinople se présente déjà – est clairement porteur d’une terrible charge explosive, d’un véritable détonateur de destruction de l’unité ecclésiale » a répondu le patriarche Cyrille.

C’est pourquoi le chef de l’Église orthodoxe russe rappelle constamment ce qui s’est passé en 1054 : « L’évêque de Rome aspirait à étendre sa juridiction directe sur l’Église universelle dans son ensemble. Et que se passe-t-il aujourd’hui ? Aujourd’hui le patriarche de Constantinople donne une interprétation nouvelle de sa primauté, déclare que sa primauté est sans égales, que cette place a été choisie par Dieu pour réaliser des pleins-pouvoirs sur les autres Églises orthodoxes locales. C’est exactement le point de vue qui a causé la séparation de 1054 ! »

« La question qui se pose : quand cette doctrine est-elle apparue à Constantinople ? Elle n’existait pas il y a encore trente ans. S’il s’agissait d’un simple discours théorique, on pourrait en débattre en conférence. Mais ce n’est pas une théorie : Constantinople est passé à l’action, principalement en Ukraine. Constantinople a interféré dans l’espace canonique d’une autre Église orthodoxe ; bien plus, il a de sa propre autorité donné une légitimité à une association schismatique qui existait déjà sur ce territoire, et se l’est soumise. Constantinople, en agissant ainsi, en prenant des mesures provocantes et vraiment injustifiables du point de vue de la réalité historique, ne comprenait-il donc pas qu’elles mèneraient à la division ? » s’interroge le chef de l’Église orthodoxe russe.

Selon Sa Sainteté, reconnaître comme légitime ce qu’a fait Constantinople reviendrait à « admettre l’existence d’un pape oriental ». « Si nous restons orthodoxes, nous confessions que l’Église orthodoxe a une forme de direction collégiale, qu’il y a dans l’Église orthodoxe un premier entre égaux, et que la fonction de ce premier est très limitée, qu’elle n’a aucun rapport avec la direction des Églises orthodoxes locales : il s’agit d’une fonction de représentation, il préside la célébration de l’office divin. Nous étions même d’accord pour ne pas élire de président lors des réunions orthodoxes, laissant cette fonction au patriarche de Constantinople, bien qu’au départ nous ayons insisté sur la nécessité d’une élection » a dit le patriarche Cyrille.

Dans l’Église orthodoxe russe, « nous avons toujours cherché à créer des conditions favorables au dialogue » a souligné Sa Sainteté. « C’est pourquoi nous avions renoncé à exiger l’élection du président des assemblées, nous avions accepté que ce soit Constantinople, d’accord. Mais cela ne veut pas dire que nous admettons que le patriarche de Constantinople ait des pleins-pouvoirs d’autorité particuliers, différents de ceux des autres patriarches, encore moins s’étendant à toute l’orthodoxie » a résumé le primat.