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Le métropolite Hilarion : Ne pas pousser les …

Le métropolite Hilarion : Ne pas pousser les bonnes initiatives jusqu’à l’absurde

Le 22 avril 2017, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, répondait aux questions d’Ekaterina Gratcheva dans l’émission « L’Église et le monde » sur la chaîne de télévision « Rossia-24 ». Cette émission est diffusée les samedis et les dimanches.
E. Gratcheva : Bonjour ! Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, commente l’actualité de cette semaine.
Le métropolite Hilarion : Bonjour, Ekaterina ! Bonjour, chers frères et sœurs. Le Christ est ressuscité !
E. Gratcheva : Cette semaine a été marquée par de vives discussions autour d’une initiative des autorités, consistant à vérifier si les écoliers ne prennent pas de drogue. C’est la manière de mener cette inspection qui pose question : les élèves ont été collés au mur, tandis que leurs affaires étaient fouillées à l’aide d’un chien. Le toxicologue le plus réputé de la capitale assure que semblables inspections deviendront régulières à Moscou. Que pensez-vous de cette initiative ? S’il faut inspecter les élèves, comment s’y prendre ?
Le métropolite Hilarion : Je ne pense pas avoir à donner des recettes sur la façon de s’y prendre avec les écoliers. Mais n’importe quelle inspection doit être faite de façon humaine et civilisée. Il ne faut pas pousser les bonnes initiatives jusqu’à l’absurde.
Le problème de la diffusion de la drogue dans les écoles existe bel et bien. Il faut lutter contre ce problème, chercher les moyens de le minimiser. Mais il faut avant tout travailler de façon préventive. Tous les écoliers doivent connaître les risques liés à la drogue, doivent en connaître les périls. D’autre part, il faut que les élèves aient une vie suffisamment remplie : en général, les gens prennent de la drogue pour combler le vide de leur vie.
J’ai eu une enfance comblée par deux facteurs essentiels, qui ont été déterminants sur ma conduite. J’étais un adolescent pratiquant, j’aimais aller à l’église, et j’employais mon temps libre à aller à l’église ou à lire de la littérature chrétienne. Je faisais aussi de la musique depuis l’enfance, et la musique exige des efforts intensifs : je devais jouer du violon plusieurs heures par jour. Par la suite, lorsque j’ai suivi des cours de composition, je devais composer de la musique. J’y employais toutes mes forces, et ma vie était ainsi pleine de sens.
J’aimerais que chaque écolier ait aussi une vie remplie, pleine de sens. Cela ne veut pas dire que tous les élèves doivent absolument aller à l’église, à la mosquée, ou à la synagogue, qu’ils doivent jouer du violon ou dessiner ou s’adonner à un autre art. Nous devons nous efforcer de donner du sens à la vie des jeunes générations, afin que chacun puisse trouver sa vocation, afin que les écoliers n’aient plus de temps libre qu’ils pourraient utiliser de façon nuisible, notamment en se droguant. L’essentiel ait qu’ils n’aient pas l’envie de sortir du monde réel pour s’évader dans un monde virtuel. Pour cela, le monde réel doit être suffisamment intéressant.
E. Gratcheva : Dans l’une de nos précédentes émissions, nous avions parlé du cas d’enfants de familles nombreuses arrachés à leur famille. Ces affaires avaient fait beaucoup de bruit. Selon un sondage réalisé par l’Association des comités et des sociétés de parents, la principale raison pour laquelle les enfants peuvent être enlevés à leurs parents est la pauvreté. Beaucoup de parents pensent qu’ils n’ont pas le droit moral d’avoir des enfants s’ils n’ont pas atteint un certain niveau de richesse. Cette approche à l’occidentale est considérée comme responsable. Que diriez-vous à ces parents ? L’idée selon laquelle il faut être matériellement, moralement et spirituellement prêts à être parents est-elle tant soit peu raisonnable ?
Le métropolite Hilarion : Il y a là plusieurs niveaux, différents aspects. Si nous disons qu’il faut remplir certaines conditions de prospérité matérielle pour se permettre d’éduquer un enfant, on se demandera forcément qui détermine ces conditions. Quelle doit être cette prospérité matérielle permettant à un jeune couple d’avoir un enfant ? Je pense que le facteur matériel ne peut et ne doit pas être déterminant. Certes, les parents sont responsables, notamment du bien-être de leur enfant. Mais le facteur matériel n’est pas essentiel. Bien des personnages célèbres sont nés dans la misère, ont grandi dans des familles pauvres, avant d’atteindre la célébrité grâce à leurs talents et à leurs particularités de caractère.
On ne peut pas exiger des parents qu’ils aient des enfants seulement lorsqu’ils seront parvenus à un certain niveau matériel, qu’ils peuvent ne jamais atteindre. Il faut avant tout se demander : avons-nous besoin d’enfants ? Voulons-nous que, dans 20-25 ans, il y ait des gens pour peupler l’immensité de la Russie, pour défendre ses frontières ? Si oui, il faut tout faire pour stimuler la natalité, il faut aider les jeunes gens à devenir des papas et des mamans, il faut prendre soin de nos enfants.
Quant au retrait d’enfants de leurs familles, le manque de ressources matérielles ne doit pas être un facteur déterminant. Je peux imaginer qu’on enlève leurs enfants à des familles dont les parents, ou l’un des parents, souffre d’alcoolisme ou de toxicomanie chronique, ou si les parents battent leurs enfants. Malheureusement, cela arrive. Le retrait des enfants doit être une mesure extrême. En dehors de ces cas, les organes d’assistance sociale ne doivent pas intervenir dans la vie de la famille. Il ne devrait pas y avoir d’inspections où l’on ouvre le frigo pour compter combien il y a d’oranges dedans.
E. Gratcheva : Des parents occultistes ont appelé leur fils Lucifer. Des membres de la famille, croyant bien faire, ont baptisé l’enfant en secret. Mais les parents du garçon l’ont appris et exigent un rite de « débaptisation ». Cela existe ? L’Église orthodoxe russe a-t-elle déjà été confrontée à des cas semblables ?
Le métropolite Hilarion : Pour autant que je me souvienne, il y a deux garçons dans cette famille. L’un a été prénommé Lucifer, l’autre Voldemar.
Il n’existe pas de rite de « débaptisation ». Nous baptisons les enfants, nous ne les débaptisons pas. Je pense que les personnes de la famille qui ont fait baptiser les enfants ont témoigné de leur sollicitude envers eux, car le satanisme est un phénomène épouvantable. Certains trouvent cela curieux, mais je vous assure qu’il n’y a pas de quoi rire. Les satanistes tuent des gens, ils commettent différents types de crimes, enseignent le mal aux enfants. Le satanisme est un phénomène dangereux qui est souvent sous-estimé. Ce n’est pas simplement une secte ou un courant de pensée, c’est vraiment un phénomène contre lequel il faut lutter. Les membres de la famille qui ont fait baptiser ces enfants l’ont fait dans la meilleure intention. J’espère qu’ils parviendront à éduquer les enfants dans un esprit chrétien, en dépit de la volonté des parents.
E. Gratcheva : Monseigneur, le premier dimanche après Pâques est appelé « Antipâques ». Beaucoup se demandent ce que cela veut dire. Et quel est le sens du dimanche de Thomas ?
Le métropolite Hilarion : En russe, le préfixe « anti » veut dire « contre », mais en grec, il signifie « à la place de ». Le mot « Antipâques », traduit du grec, veut dire « à la place de Pâques ». Pour les gens qui, pour quelque raison valable, ne pouvaient pas participer à l’office pascal et ne pouvaient venir que le dimanche suivant, le premier dimanche après Pâques était comme une seconde Pâque.
Cette fête a un second aspect, découlant de la lecture de l’évangile du jour. Il s’agit du passage sur l’apôtre Thomas, l’un des 12, qui, comme le raconte l’évangéliste Jean, n’était pas avec les disciples lorsque Jésus leur apparut le jour de Sa Résurrection. Lorsque les apôtres lui racontèrent qu’ils avaient vu le Maître vivant, Thomas répondit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas la main dans son côté, je ne croirai pas » (Jn 20, 25).
Après la Résurrection, beaucoup doutaient de la réalité de l’évènement. Une semaine plus tard, le premier jour de la semaine, qui a reçu par la suite le nom de « dimanche » (en russe, « voskressen’e », résurrection, NDT), le Christ est de nouveau apparu à ses disciples, et Thomas était avec eux. La première chose que le Sauveur a dit à Thomas est « Porte ton doigt ici : voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne deviens pas incrédule, mais croyant » (Jn 20, 27). Alors Thomas s’exclama : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28). Et se prosterna devant Lui. Ces paroles de Thomas sont la quintessence de l’Évangile de Jean, ce vers quoi cet Évangile tend en rapportant la vie de Jésus Christ, sa passion, Sa passion, Sa mort et Sa résurrection et se termine par l’exclamation solennelle du premier Symbole de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu », par la confession de Jésus Christ, Dieu, Seigneur et Sauveur.
Ces mots du Christ, adressés à Thomas : « Ne sois pas incrédule, mais croyant », les mots que le Seigneur dit ensuite : « Tu as cru parce que tu M’as vu ; heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29), s’adressent à chacun de nous, car nous n’avons pas été témoins de la Résurrection du Christ, mais nous croyons le récit des évangélistes et ce que nous dit l’Église. Chaque fois que revient la fête de la Résurrection du Christ, nous ressentons de tout notre cœur que le Christ est ressuscité. S’il n’en était pas ainsi, des milliers de voix ne répondraient pas avec autant de joie, les larmes aux yeux « Il est vraiment ressuscité » à l’acclamation lancée la nuit de Pâques par le prêtre : « Le Christ est ressuscité ! »

Durant la seconde partie de l’émission, le métropolite Hilarion a répondu aux questions des téléspectateurs, postées sur le site de l’émission, vera.vesti.ru.
Question : Ma femme a lu dans le livre du starets Sabas « Protège ta maison » la phrase suivante : « En cas d’hésitations, tirer au sort après avoir prié ». Depuis, ma femme a jeté plein de vêtements et d’objets. Avant d’acheter de nouvelles affaires, elle prie et tire au sort pour savoir si elle doit acheter ou non tel ou tel objet. Est-ce qu’elle fait bien ?
Le métropolite Hilarion : Non, elle a assurément tort. Il ne faut pas pousser un bon conseil jusqu’à l’absurde. Si le starets Sabas a vraiment écrit cela, il s’agissait peut-être de trouver une solution à des situations particulièrement délicates, lorsqu’on ne sait pas comment agir. Dans ce cas, on peut effectivement prier et tirer au sort. Mais il ne faut pas tirer au sort pour résoudre les problèmes du quotidien, car chacun doit prendre personnellement ses décisions.
Oui, il faut prier avant de prendre une décision, mais tirer au sort, c’est un peu comme se faire dire la bonne aventure, une façon de se décharger de toute responsabilité. Qui porte alors la responsabilité, on n’en sait trop rien. Il ne faut jamais dire que si le sort est jeté, c’est la volonté de Dieu qui s’accomplit. Dieu n’agit pas de façon magique ou automatique. Il ne veut pas que l’homme se dégage de sa responsabilité que la décision que nous ayons à prendre soit importante ou concerne la vie courante.

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