Service de communication du DREE, 22.02.2023. Le 22 février, à la résidence patriarcale du monastère Saint-Daniel, le patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies a reçu la délégation des chefs religieux et scientifiques d’Iran, venue en Russie participer à la XII session de la commission mixte russo-iranienne de dialogue “Orthodoxie-Islam”. La première journée de travail de la commission s’est achevée à Moscou le 21 février 2023.

Pour l’Église orthodoxe russe, prenaient part à la rencontre: le métropolite Cyrille de Kazan et du Tatarstan, co-président de la Commission; l’archimandrite Alexandre (Zarkechev), recteur de l’église Saint-Nicolas de Téhéran (Iran) et de l’église Saint-Philippe à Charjah (Émirats); le prêtre Dimitri Safonov,  secrétaire du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou chargé des relations interreligieuses; le hiéromoine Grégoire (Matroussov), président du Conseil patriarcal d’experts pour l’interaction avec le monde islamique. L’adjoint au directeur du Second département asiatique du ministère des Affaires étrangères, M. Baranov, prenait aussi part à la rencontre.

La partie iranienne était représentée par: Mohammad Mehdi Imanipur, président de l’Organisation pour la culture et les relations islamiques de l’Iran, ainsi que du Conseil de politique religieuse et de coordination du dialogue interreligieux, l’ambassadeur de la République islamique de l’Iran en Fédération de Russie, Kazem Djalali, le hodjat ul-islam Mekhdi Bakhtawar, représentant du chef spirituel de l’Iran à Moscou;  Fatima Tabatabai, directrice de l’Association scientifique de connaissance de l’Islam, Massoud Ahmadvand, directeur de la représentation culturel de l’Iran en Russie, Hamid Hadawi, président de la Fondation d’études culturelles musulmanes, Zahra Rachidbeygui, directrice du groupe de dialogue entre l’islam et l’orthodoxie de l’Organisation pour la culture et les relations islamiques, Hossein Djahangiri, conseiller de l’Ambassade d’Iran en Russie.

Le primat de l’Église orthodoxe russe a chaleureusement souhaité la bienvenue au président de l’Organisation pour la culture et les relations islamiques de l’Iran.

« Nous nous sommes déjà rencontrés en 2007, vous accompagniez alors un éminent représentant de votre communauté, et j’étais président du Département des relations ecclésiastiques extérieures », a rappelé le patriarche, soulignant la pertinence de la tradition de nommer chefs de l’Organisation pour la culture et les relations islamiques des personnes ayant travaillé comme représentants en Russie. 

L’Église orthodoxe russe a beaucoup de sympathie et de confiance pour les musulmans iraniens, a constaté le patriarche Cyrille. « Il y a 25 ans, avec le défunt ayatollah Taskhiri, nous avons été aux sources de cette commission. Ma visite en Iran, en 1995, avait trait au développement des relations bilatérales, et j’en garde le meilleur souvenir, a dit le primat de l’Église russe. En 2020, ayatollah Taskhiri nous a quittés, nous gardons aussi de lui un excellent souvenir. La même année est décédé le métropolite Théophane de Kazan et du Tatarstan, qui présidait la partie du groupe de travail mixte composée de représentants de l’Église orthodoxe russe. Il était co-président du groupe de travail en 2016 à Moscou et en 2018 à Téhéran. »

Aujourd’hui, la partie orthodoxe du groupe de travail mixte est présidée par le métropolite Cyrille de Kazan et du Tatarstan. Les musulmans sont très nombreux au Tatarstan, et le niveau de coopération entre représentants de l’islam et de l’orthodoxie est très élevé, a constaté Sa Sainteté. Le métropolite Cyrille représente aussi l’Église russe dans le groupe de vision stratégique «Russie-monde islamique».

En décembre dernier, la commission a fêté les 25 ans de sa première réunion à Téhéran. « Ces 25 ans n’ont été assombris par aucune circonstance négative, il n’y a eu aucun sujet qui nous ait divisé ou ait causé des difficultés dans nos relations. Pour les orthodoxes, cela a été une excellente occasion de découvrir l’islam plus en profondeur. Cette plongée dans le sujet islamique aide nos théologiens orthodoxes russes et, par eux, les fidèles, à mieux connaître l’islam et à reconnaître dans les musulmans non seulement des amis, mais aussi des personnes partageant les mêmes idées sur de nombreux problèmes de société importants », a souligné le patriarche Cyrille.

Les orthodoxes et les musulmans ont beaucoup en commun dans leur approche de la morale et du rôle de la religion dans la vie publique, sur le mariage, les relations internationales, a témoigné Sa Sainteté. Bien que la culture chrétienne n’autorise pas la polygamie, en ce qui concerne les rapports entre hommes et femmes, l’amour, la fidélité conjugale et l’éducation des enfants, les positions des deux religions se ressemblent.

Mohammad Madhi Imanipur a remercié le patriarche Cyrille, lui transmettant les sincères salutations du président de la République islamique d’Iran, Ibrahim Raïssi, et du leader spirituel de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei. 

Il a donné une haute appréciation de l’initiative du patriarche Cyrille et du défunt ayatollah Taskhiri sur l’initiation d’un dialogue entre islam et orthodoxie, en 1995. Il a aussi remercié le patriarche de la nomination du métropolite Cyrille de Kazan et du Tatarstan, soulignant son profond intérêt pour le développement du dialogue, son hospitalité et l’autorité dont il dispose. Différents aspects des relations russo-iraniennes ont ensuite été abordés. 

« Il semble que nous soyons à un moment historique très important. Heureusement, l’Iran et la Russie occupent une très bonne place (...) », a constaté Mohammad Makhdi Imanipur.  

« Je tiens à vous remercier de votre position courageuse et sage sur tous les sujets de l’actualité internationale. Nous observons un plus grand nombre de profanations de sanctuaires qu’à l’ordinaire. Le fait que des sanctuaires soient profanés, ou qu’on commette des attaques contre eux témoigne de ce que la spiritualité, la religion, la moralité occupent une place importante au niveau international » a poursuivi Mohammad Makhdi Imanipur.

« L’hégémonie occidentale prend volontairement des mesures pour détruire l’institut de la famille. Chaque jour, on répand des commentaires faux sur la famille en général, on fait de la propagande dans les médias des pays occidentaux. Malheureusement, certains chefs religieux soutiennent ces commentaires, causant ainsi de sérieux dommages à cet institut. Par ailleurs, ils agissent contre la foi des jeunes gens, et nous en reparlerons »,  a déclaré Mohammad Makhdi Imanipur, disant par ailleurs espérer que la collaboration fructueuse dans le cadre de la commission mixte russo-iranienne se poursuivrait. 

Un échange de vues a suivi sur des sujets intéressant ou préoccupant les deux parties. Les étapes de la poursuite de la coopération ont été esquissées. La rencontre a eu lieu dans un climat de confiance, les participants ont constaté qu’ils partageaient la même approche sur de nombreux sujets.