Le président du DREE et le premier hiérarque de l’EORHF ont célébré la Liturgie à la résidence synodale de l’Église hors-frontières à New York
Le 12 juillet 2021, fête de saint Pierre et saint Paul, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et le métropolite Hilarion d’Amérique de l’Est et de New York, premier hiérarque de l’Église russe hors-frontières, ont célébré ensemble la Divine liturgie à la cathédrale Notre-Dame-du-Signe de l’Église hors-frontières à New York. L’évêque Nicolas de Manhattan , les clercs de Notre-Dame-du-Signe et le clergé de paroisses du Patriarcat de Moscou aux États-Unis concélébraient avec les deux hiérarques.
Souhaitant la bienvenue au président du DREE, le premier hiérarque de l’Église russe hors-frontières l’a remercié de cette célébration commune : « Je ne trouve pas les mots pour exprimer les sentiments avec lesquels j’ai célébré la Divine liturgie avec vous. »
« Je pense aujourd’hui au ministère et aux efforts d’un de mes prédécesseurs, le métropolite Anastase (Gribanovski), auteur de nombreux entretiens populaires, qu’il animait avec cœur. Il fut consacré évêque ce même jour, il y a 115 ans, à la cathédrale de la Dormition du Kremlin de Moscou. Nous prions aujourd’hui le Christ, pasteur des pasteurs, de multiplier les grâces de l’unité spirituelle entre l’Église hors-frontières et l’Église nationale, à laquelle nous sommes parvenus par la charité fraternelle et en travaillant beaucoup » a remarqué le métropolite Hilarion d’Amérique de l’Est et de New York.
Il a souligné : « Nous croyons que cette unité entre nous sera source de consolation, de grâce et de courage pour tous les enfants de l’Église orthodoxe russe locale, en cette période difficile pour le monde orthodoxe. »
S’adressant au premier hiérarque de l’Église russe hors-frontières, au clergé et aux paroissiens de la cathédrale Notre-Dame-du-Signe, le métropolite Hilarion leur a transmis les salutations cordiales et la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies. Il a dit sa joie de célébrer dans l’église historique de l’Église hors-frontières, « où prièrent et célébrèrent, Monseigneur, vos prédécesseurs, dont Mgr Anastase, pour lequel nous prions aujourd’hui ».
Le métropolite Hilarion de Volokolamsk a ensuite prêché sur la fête des saints apôtres Pierre et Paul.
« La fête des saints apôtres Pierre et Paul nous transporte aux sources mêmes du christianisme, à la première génération de chrétiens, lorsqu’après la Résurrection et l’Ascension du Seigneur Jésus Christ, les apôtres commencèrent à prêcher le Christ crucifié et ressuscité.
Le livre des Actes des apôtres raconte les premiers pas de l’Église chrétienne : ce que faisaient les apôtres à Jérusalem, comment les gens leur apportaient leurs biens, comment l’Église du Christ s’étendit peu à peu. Le premier acte autonome de la communauté ecclésiale fut l’élection d’un douzième apôtre, pour remplacer Judas. On tira au sort l’apôtre Matthias, qui n’est mentionné qu’une seule fois dans le livre des Actes, au moment de l’élection.
L’icône de la Pentecôte, les icônes de la synaxe des saints apôtres ne représentent pas Matthias, mais un autre apôtre, saint Paul, qui ne faisait pas partie de la communauté apostolique, qui ne fut pas disciple de Jésus du vivant de celui-ci. Pendant les premières années d’existence de l’Église, il la persécuta même. Mais Dieu voulut appeler ce persécuteur et en faire un grand prédicateur.
Si la première partie du livre des Actes est consacrée à l’apôtre Pierre et à quelques autres apôtres, la seconde relate les missions de l’apôtre Paul, dont les travaux sont en effet extraordinaires : la carte des voyages de saint Paul, souvent ajoutée aux éditions du Nouveau Testament, témoigne des immenses distances qu’il parcourut, qui nécessitent aujourd’hui deux, trois ou quatre heures d’avion. Paul sillonna ces contrées à pied ; non pas en chaussures de sport confortables, comme on marche ou on court aujourd’hui au Parc central, mais pieds nus ou en sandales.
L’apôtre Paul fit des kilomètres de chemin pour annoncer le Christ crucifié et ressuscité dans différents coins du monde. Pour expliquer aux premiers chrétiens le sens de cette annonce, il envoyait aux Églises ses épîtres. En les lisant aujourd’hui, on ne se rend pas toujours compte que les quatre Évangiles n’existaient pas à l’époque où elles ont été écrites : les Évangiles en étaient encore au stade de la rédaction, ils n’étaient pas encore devenus l’Écriture Sainte de l’Église. Quand l’apôtre Paul parle de l’Écriture Sainte, c’est l’Ancien Testament qu’il a en vue. Il ne cite pas l’Évangile, parce que l’Évangile n’existait pas encore. Ainsi, les premiers écrits chrétiens sont ceux de l’apôtre Paul.
Ces deux apôtres, celui que le Seigneur nomma Pierre et auquel il dit sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront point sur elle (Mt 16,18), et Paul, le dernier appelé des apôtres, qui, comme il le dit lui-même, travailla plus que les autres à annoncer le Christ (cf I Co 15,10), sont vénérés par l’Église comme les coryphées des apôtres.
De leur vivant, les apôtres Pierre et Paul se rencontrèrent rarement ; ils furent enterrés à différents endroits après leur martyr. Mais, l’Église d’Orient comme l’Église d’Occident les ont toujours célébrés ensemble. Par la suite, l’Église d’Occident éleva l’apôtre Pierre pour créer la doctrine de la primauté de l’évêque de Rome, qui aurait été transmise de l’apôtre Pierre, mais la célébration liturgique des apôtres demeura telle qu’elle avait toujours été. Autrement dit, dans la mémoire de l’Église, ces deux apôtres sont inséparables.
Ainsi, en Russie, de nombreuses églises sont dédiées à saint Pierre et saint Paul ; mais il n’existe pas d’église consacrée uniquement à l’apôtre Pierre, ou à l’apôtre Paul. Pourquoi ? Parce que leur mémoire est célébrée le même jour...
Nous glorifions ces deux grands apôtres, deux prédicateurs du christianisme, admirant leurs travaux, leur exploit apostolique. Nous les glorifions pour nous avoir transmis l’annonce du Christ crucifié et ressuscité. Nous glorifions aussi en l’apôtre Paul le premier théologien, qui interpréta ce que les autres apôtres avaient vu de leurs yeux.
A la lecture de l’Évangile, il apparaît que les apôtres comprenaient mal ce qui se passait autour d’eux. Jésus Christ parlait en paraboles, et les apôtres Lui demandaient : « Explique-nous cette parabole » (Mt 15,15). Le Christ faisait des miracles, mais leurs yeux spirituels restaient fermés, si bien que le Seigneur les accusait souvent de ne pas comprendre. Ce n’est qu’après la descente de l’Esprit Saint, au jour de la Pentecôte, qu’ils commencèrent à prendre conscience de ce qui était arrivé, qu’ils comprirent qui était véritablement le Seigneur Jésus Christ, se souvenant de ce qu’ils avaient vu. Il n’était pas simplement un homme, ni un grand prophète, mais Dieu fait homme, Dieu incarné, venu dans le monde pour sauver tous les hommes.
L’apôtre Paul allait devoir expliquer en termes théologiques le miracle étonnant de l’avènement de Dieu fait chair. Aujourd’hui encore, la théologie part de ses enseignements. Célébrant pendant le Grand Carême la Divine liturgie de saint Basile, on lit de longues prières, magnifiques de profondeur, composées par ce saint, mais se composant elles-mêmes de paroles de l’apôtre Paul. C’est cet apôtre qui a posé les fondements théologiques du christianisme, et son œuvre est inestimable. Nous le vénérons avec celui qui fut appelé dès le début, qui fut pratiquement le chef de la communauté apostolique durant les premières années de son existence.
S’adressant au premier hiérarque de l’Église russe hors-frontières, le métropolite Hilarion de Volokolamsk lui a présenté ses vœux pour la fête des apôtres et l’a remercié de son accueil « dans cette étonnante église, où se sont accomplis tant d’événements importants pour l’Église russe hors-frontières. »
« Nous ressentons notre unité dans la célébration commune de la Divine liturgie. Nous nous réjouissons de la fin de la division qui existait jadis, non pour des raisons ecclésiastiques, mais pour des raisons politiques qui, à notre avis, n’existent plus aujourd’hui. »
« Nous sommes, malheureusement, témoins d’un schisme dans l’Église orthodoxe, provoqué par le patriarche de Constantinople qui a reconnu les schismatiques ukrainiens de façon anticanonique. Aujourd’hui, ce schisme, au lieu de se résorber, ne fait que s’aggraver et touche de plus en plus d’Églises. Mais la sainte Église orthodoxe russe n’est pas concernée par le schisme. Nous restons unis, notre Église reste dans ses limites sacrées : ce ne sont pas nous qui les avons établies, elle se sont formées au cours des siècles, et ce n’est pas à nous de les modifier.
C’est pourquoi, priant pour l’unité des Saintes Églises de Dieu, nous prions pour que reviennent à l’unité ceux qui s’en sont écartés. En même temps, nous sommes heureux que notre Sainte Église reste une, indivise et inébranlable. »
En souvenir de cette célébration commune, le métropolite Hilarion a offert au premier hiérarque de l’Église russe hors-frontières un encolpion ayant appartenu au vicaire du diocèse d’Amérique de l’Est de l’EORHF, l’évêque Jean de Rockland.
Après la liturgie, les hiérarques ont échangé autour des agapes. Le métropolite Hilarion de Volokolamsk a, notamment, informé le premier hiérarque de l’EORHF de la préparation du Concile épiscopal de l’Église orthodoxe russe, qui aura lieu en novembre prochain.