Message du Concile épiscopal au clergé, aux moines et à tous les fidèles enfants de l’Église orthodoxe russe
Le Concile épiscopal, qui a eu lieu à Moscou du 29 novembre au 2 décembre 2017, a adressé un message au clergé, aux moines et à tous les fidèles enfants de l’Église orthodoxe russe.
Bien-aimés dans le Seigneur honorables pères, vénérables moines et moniales, chers frères et sœurs,
Le Concile épiscopal qui s’est déroulé du 29 novembre au 2 décembre 2017 dans la cité de Moscou, à la cathédrale du Christ Sauveur, vous adresse la salutation apostolique : « Que le Dieu de la persévérance et de l’encouragement vous donne d’être bien d’accord entre vous, selon Jésus-Christ, pour que d’un commun accord, d’une seule voix, vous glorifiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ ! » (Rom 15, 5-6).
Rendant grâce au Créateur, notre Providence et Donateur de tout bien, nous nous souvenons dans la prière des évènements fondamentaux de l’histoire de notre Église, dont nous fêtons cette année le centenaire. Ce sont l’ouverture du Saint Concile de l’Église orthodoxe russe de 1917-1918 et la restauration du Patriarcat.
L’un des principaux actes du Concile a été l’élection de saint Tikhon au siège patriarcal de Moscou, qui a coïncidé avec le début de cruelles persécutions contre l’Église de Dieu. Le sol de notre pays s’est empourpré du sang innocent des premiers martyrs de l’ère contemporaine. Bientôt, l’iniquité et l’arbitraire se sont partout dressés contre l’Église. Persécutés et souffrant pour le nom du Christ, tant de fidèles enfants de l’Église ont déployé des prouesses de foi et de courage, mourant pour recevoir la couronne inaltérable de la gloire (I P 5, 4). Ce fut une époque de redoutables épreuves pour tous les peuples de la Patrie. Finalement, le pays s’est trouvé au bord de l’anéantissement. Mais, par les prières de saint Tikhon, du cortège des nouveaux-martyrs et des confesseurs de l’Église russe, le Seigneur a manifesté Sa miséricorde aux hommes et n’a pas permis au mal de triompher définitivement. Aujourd’hui, plein de reconnaissance, nous nous exclamons avec le psalmiste : « Le Seigneur m’a châtié et châtié encore, mais Il ne m’a pas livré à la mort » (Ps 117, 18).
Nous remémorant les tragiques évènements du XX siècle et réfléchissant à leurs causes, nous devons témoigner avec une profonde humilité et une sincère conviction devant nos proches et devant tous, de la principale leçon du siècle écoulé : sans Dieu, aucun édifice gouvernemental ou social ne peut mener à la prospérité. L’histoire a montré que les dispositions révolutionnaires, engendrées par les provocations politiques, notamment celles s’appuyant sur la demande de justice sociale, sont funestes pour les états, et désastreuses pour les peuples. Les représentants de toutes les couches de la société doivent faire tous leurs efforts pour éviter la répétition des fautes qui ont causé au siècle dernier les souffrances et la mort de tant de gens, la destruction de l’état.
Nous témoignons de l’intangibilité de la mission de l’Église, que le Sauveur s’est acquise par Son propre sang (cf. Ac 20, 28) pour amener les hommes à l’unité avec Dieu. Tous ceux qui travaillent à la Vigne du Christ doivent se rappeler que la pierre angulaire de la prédication de l’Église, depuis les saints apôtres jusqu’à la fin des temps, est l’annonce joyeuse du salut qui nous est offert par la Croix et la Résurrection de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. L’essentiel du ministère auquel est appelé chaque pasteur est la célébration de la Divine liturgie, puisque que l’offrande d’action de grâce de la Victime non sanglante en tout et pour tout est la plus grande et la plus importante de toutes les œuvres sur cette terre.
D’une seule voix et d’un seul cœur glorifiant le Père céleste et notre Seigneur Jésus Christ, nous, membres du Concile, témoignons que par l’intercession des nouveaux-martyrs et des confesseurs de l’Église devant le Trône du Tout-Puissant, par les labeurs de tant d’hiérarques, clercs, moines et laïcs, l’œuvre de l’édifice ecclésial continue à se développer. Les sanctuaires détruits sont en restauration, de nouvelles églises sont construites, les multiples habitants des monastères orthodoxes poursuivent l’exploit des cénobites, les œuvres de charité se multiplient, l’Église œuvre toujours plus pour soutenir la famille, la maternité et l’enfance. Les succès dans le travail avec la jeunesse, notamment le développement du volontariat dans les diocèses et dans les paroisses, réjouissent particulièrement, ainsi que l’éveil des enfants à la foi au moyen des écoles du dimanche et d’autres projets éducatifs.
Ces jours du Concile épiscopal nous ont donné la joie d’échanger avec les primats et les représentants des Églises orthodoxes locales, venus à Moscou participer aux célébrations du centenaire de l’intronisation patriarcale de saint Tikhon. Cette expression visible de l’unité orthodoxe revêt un sens particulier aujourd’hui, alors que tant de chrétiens subissent des persécutions pour leur foi, ont besoin de notre ardente prière et d’une médiation efficace. Nous apprécions la solidarité chrétienne, car nous savons combien elle est importante et nécessaire à ceux qui supportent aujourd’hui adversités et épreuves, comme a été important pour nous le soutien de tous les hommes de bonne volonté au temps des persécutions contre la foi et contre l’Église dans notre pays. Oui, par la miséricorde de Dieu, nous avons relevé les majestueuses cathédrales, nos églises s’ornent et s’embellissent. Cependant, n’oublions pas ceux qui sont chassés de leurs églises, qu’assassinent et tuent les terroristes. Nous sommes appelés à défendre avec courage et fermeté les valeurs chrétiennes, refoulées aujourd’hui de la vie de nombreux peuples. L’exemple des communautés de premiers chrétiens, fondées par les apôtres, dont les membres les plus riches assuraient l’existence matérielle des moins aisés, nous invite à nous soucier de ceux des chrétiens orthodoxes qui sont en détresse et souffrent à cause de la guerre ou du terrorisme.
En ces jours de Concile, nous avons pris connaissance des résultats préalables des recherches effectuées afin d’identifier les « restes d’Ekaterinbourg ». Nous espérons que la vérité apparaîtra quant à l’appartenance de ces restes à l’issue des recherches en cours.
Le Concile témoigne sa reconnaissance au Dieu bon de ce que tant de saints ont été manifestés pour être vénérés par l’ensemble de l’Église.
Nous remémorant les épreuves supportées par nos pères et par beaucoup de chrétiens aujourd’hui, préservons l’unité de l’Église, priant à chaque office divin pour la stabilité des saintes Églises de Dieu et l’union de tous, comme le Christ avait prié pour l’unité des chrétiens et pour qu’ils demeurent dans la paix.
Que le Seigneur de la paix vous donne Lui-même la paix en tous temps, de toute manière ! Que le Seigneur soit avec vous tous ! (II Th 3, 16). Amen.