Le métropolite Hilarion : Nous prions les saints ayant illuminé la terre russe pour que notre peuple ne tombe jamais dans l’incroyance ou l’idolâtrie
Le 30 juin 2019, 2e dimanche après la Pentecôte, fête de tous les saints ayant illuminé la terre russe, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, à Moscou, rue Bolchaïa Ordynka. Il concélébrait avec l’higoumène Arsène (Sokolov), représentant du patriarche de Moscou et de toute la Russie auprès du patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, ainsi qu’avec les clercs de la cathédrale et le père Viatcheslav Chibanov, prêtre de la cathédrale Saint-Nicolas de Vienne.
Après la litanie instante, le hiérarque a lu la prière pour la paix en Ukraine.
A la fin de la liturgie, Mgr Hilarion a prononcé une homélie :
«Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit !
Chers pères, chers frères et sœurs,
Dans le passage de l’Évangile de Mathieu lue aujourd’hui, nous avons entendu le Seigneur Jésus Christ débuter sa prédication en appelant les uns après les autres au ministère apostolique des hommes qui n’avaient, sans doute, jamais pensé que leur vie pourrait changer aussi radicalement. C’étaient de simples pécheurs galiléens, qui n’avaient, visiblement, jamais appris à lire, ne connaissaient pas les finesses de la théologie et n’étaient peut-être pas non plus très forts dans la connaissance de la loi de Moïse. Mais ce sont justement eux que le Seigneur Jésus Christ a voulu appeler au ministère apostolique pour que ces gens soient avec Lui durant tout le temps où Il prêcherait dans les villes d’Israël, pour qu’ils se souviennent de tout ce qu’Il dirait, afin de transmettre à leur tour et par leurs disciples la doctrine qu’ils auraient reçue du Christ.
Ce n’est pas un hasard si nous avons aujourd’hui entendu la lecture de l’appel des frères Pierre et André, puis de Jacques et de Jean, deux autres frères qui devinrent eux aussi membres de la communauté apostolique. Nous traversons la période du carême de saint Pierre (ou des saints Pierre et Paul), qui se terminera par la célébration de la mémoire des coryphées de apôtres, Pierre et Paul. Aujourd’hui, nous avons entendu comment débuta le ministère de saint Pierre, comment le Seigneur l’appela, comment il abandonna son entreprise de pêche, laissa ses filets et suivit Jésus vers l’inconnu, car le Sauveur ne lui promit rien, ne lui expliqua rien, lui disant simplement : « Suis-moi ».
En étudiant l’histoire de différents philosophes et maîtres à penser, on se rend compte que ceux qui prenaient des disciples les prévenaient presque toujours de ce qui les attendait ; c’étaient souvent des promesses de biens à venir pour ceux qui entreraient dans la communauté des disciples de ce maître. Le Seigneur Jésus Christ, appelant ses disciples, ne leur promit rien. Il leur dit simplement : « Suivez-Moi » (Mt 4,19). Eux, entraînés par une force mystérieuse, abandonnèrent leurs filets de pécheurs et se laissèrent prendre dans les Siens. Ils suivirent le Sauveur, écoutèrent Sa parole. Au début, les disciples ne comprenaient sans doute presque rien. Puis ils se mirent à comprendre quelque chose, mais, à la lecture de l’Évangile, on se rend compte que le Seigneur parle et qu’Il n’est pratiquement jamais compris compris de Ses disciples. Ce n’est qu’après la mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ, lorsque les langues de feu furent descendues sur eux, que les disciples commencèrent à prendre conscience de ce qui leur était arrivé, à comprendre qui était Celui qui les avait appelés. Alors, ils se mirent à prêcher le Dieu incarné, venu dans le monde, crucifié et ressuscité, prêchant avec audace, d’abord aux juifs de Jérusalem, puis au-delà de Jérusalem et aux païens.
Il plut au Seigneur d’adjoindre à la communauté apostolique Paul, ancien persécuteur de l’Église qui considérait la foi chrétienne comme une déviance dangereuse à la loi de Moïse. A la différence de Pierre et d’André, de Jean, de Jacques et de la majorité des autres apôtres, il était instruit, il connaissait la loi de Moïse. Dieu l’introduisit dans la communauté apostolique où les apôtres ne voulurent d’abord pas le recevoir, n’ayant pas confiance en lui, puisqu’il avait persécuté les chrétiens. Mais le Seigneur voulait qu’il s’adjoignît aux douze apôtres pour expliquer à tous, dans sa langue, qui était Jésus Christ, pourquoi Il était venu, ce qu’Il avait fait. C’est à Paul qu’appartient le mérite d’avoir repensé en termes théologiques. l’histoire évangélique dont avaient été témoins les autres apôtres.
Se préparant à la fête des saints apôtres Pierre et Paul, poursuivant ce carême des saints apôtres, entendons le Seigneur appeler les apôtres au ministère.
Nous fêtons aujourd’hui tous les saints qui ont illuminé la terre russe, notamment ceux qui ont suivi les pas des apôtres, que l’Église a glorifiés comme égaux aux apôtres, comme saint Vladimir et sainte Olga. Nous faisons aussi mémoire de tant d’autres saints que la terre russe donna au monde jusqu’au XXe siècle, où de cruelles persécutions s’abattirent sur notre Église, où des dizaines de milliers de prêtres, de moines et de laïcs témoignèrent par leur vie de la leur foi en Jésus Christ, crucifié et ressuscité, et versèrent leur sang pour cette foi.
Nous les glorifions tous, les apôtres du Christ, les hommes et les femmes égaux aux apôtres, les saints pontifes et les vénérables moines et moniales, les anargyres, les fols-en-Christ, les pieux tsars et tsarines, princes et princesses, et tous ceux qui, au cours des siècles, cheminèrent sur la voie indiquée par le Seigneur Jésus Christ. Nous leur adressons notre prière, pour qu’ils illuminent notre esprit et notre cœur, pour qu’ils nous guident sur le chemin du salut. Nous prions les saints ayant illuminé la terre russe, qui nous sont particulièrement chers, notamment les nouveaux martyrs et confesseurs, de préserver notre terre, pour que plus jamais ne reviennent au pouvoir des hommes qui ne croient pas en Dieu et ont pour but de détruire la religion, pour que notre peuple ne tombe jamais dans l’incroyance, ni dans l’idolâtrie, mais que la bénédiction de Dieu s’étende toujours sur notre pays et sur notre peuple, pour que notre Souveraine, la très-sainte Mère de Dieu nous couvre de son précieux omophore, et que les prières des saints nous accompagnent dans le chemin de notre vie. Amen».