Présentation de la traduction serbe d’un livre du métropolite Hilarion à Belgrade
La présentation de l’ouvrage du métropolite Hilarion de Volokolamsk Ce que croient les chrétiens orthodoxes a eu lieu le 17 février 2020, à la crypte de la cathédrale Saint-Sabas de Belgrade.
La traduction est l’œuvre de l’évêque Antoine de Moravica, recteur du métochion de l’Église orthodoxe serbe à Moscou, et a été publiée en décembre 2019.
L’évêque Irénée de Bačka est intervenu pour souligner que l’auteur « s’entretient avec le lecteur dans une langue accessible aux jeunes gens instruits de notre temps » ce qui fait de l’ouvrage « un pas en avant par rapport aux catéchismes ». Le hiérarque a remercié le métropolite Hilarion de son ouvrage inspiré, qui propose un exposé concis, accessible, clair et théologiquement authentique des vérités de l’Orthodoxie.
Le professeur de la faculté de théologie de l’Université de Belgrade, Zoran Devrnja, a présenté à l’assemblée le contenu du livre, s’arrêtant plus particulièrement à son aspect missionnaire et catéchétique, et remarquant l’importance de la parution serbe de cet ouvrage.
Des hiérarques de l’Église orthodoxe serbe, le recteur du métochion de l’Église orthodoxe russe à Belgrade, des collaborateurs du DREE accompagnant le métropolite dans son séjour, des représentants du clergé serbe, ainsi que de la communauté scientifique et culturelle de Serbie, des enseignants et des étudiants de l’Université de Belgrade, des pédagogues et des personnes s’intéressant à la théologie et à la catéchèse étaient venus participer à la présentation.
S’adressant à l’assistance, le métropolite Hilarion a dit sa joie d’être venu à Belgrade, se rendant à l’invitation de Sa Sainteté le patriarche Irénée de Serbie, avec la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie.
« Avant de commencer cette présentation, j’ai pu examiner en détail l’avancement des travaux dans l’église haute, où nos maîtres mosaïstes travaillent. Monté sur les échafaudages, j’ai regardé la coupole, visité l’espace sous la coupole... J’ai souvent eu l’occasion de participer à des projets de construction, de restauration... et je ne manque jamais l’occasion de monter tout en haut, tant que les échaffaudages sont en place. Parce que lorsqu’ils seront retirés, vous ne pourrez plus voir... que d’en bas, et ne pourrez remarquer le soin avec lequel auront travaillé les artistes mosaïstes...
Je me souviens qu’au début de ce projet il avait été difficile de trouver des maîtres capables de réaliser cette œuvre grandiose. Franchement, au début je pensais qu’il faudrait bien trente ans pour y arriver. En voyant aujourd’hui les travaux de mosaïques, j’ai constaté qu’ils seraient bientôt terminés. Je me suis réjoui de voir qu’il a été possible de réaliser le décor de cette cathédrale dans des délais aussi brefs... Elle ne sera pas seulement un monument d’architecture chrétienne remarquable, mais aussi un monument d’art chrétien. Bâtie pour la gloire de Dieu, elle le glorifiera de chacune des pièces de ses mosaïques.
Je suis heureux que l’Église orthodoxe russe et l’état russe aient contribué à l’ornementation de la majestueuse cathédrale Saint-Sabas. Je suis heureux d’avoir eu l’honneur de participer à ce projet.
Aujourd’hui, l’Église orthodoxe serbe traverse de dures épreuves, qui affectent le pays voisin, le Monténégro. En quelque sorte, l’histoire qui s’est produit l’an dernier en Ukraine se répète, lorsque le président de l’époque avait voulu fonder « une nouvelle église ». Il s’imaginait qu’on pouvait créer une église de ses propres mains, et que la fondation d’une « nouvelle église » en Ukraine, indépendante de l’Église orthodoxe russe, l’aiderait dans sa lutte préélectorale. Cet homme a subi une cuisante défaite aux élections, mais il est parvenu à causer de graves dommages à l’Église.
Aujourd’hui, on retrouve une situation semblable au Monténégro : les autorités ont adopté une loi discriminatoire, à l’aide de laquelle on pourra à l’avenir s’emparer des lieux de culte de l’Église canonique pour les remettre à d’autres. Les autorités sont allées contre la volonté du peuple, et le peuple est descendu dans la rue. Des milliers, des dizaines de milliers de citoyens expriment leur soutien à l’Église dans les villes et les villages du Monténégro.
J’aimerais vous assurer que l’Église orthodoxe russe sera toujours aux côtés de l’Église orthodoxe serbe dans cette lutte noble et sacrée.
Je nous souhaite à tous que cette période d’épreuves qui affecte les Églises orthodoxes de différents pays passe au plus vite. Ces épreuves ont d’abord touché l’espace canonique de l’Église russe, elles se sont reportées aujourd’hui à l’espace canonique de l’Église serbe. Les autorités civiles peuvent gouverner les églises et en fonder de nouvelles à leur guise. Mais l’Église a été fondée par le Seigneur Lui-même, et le peuple ecclésial en est le gardien. C’est ce peuple qui est sorti aujourd’hui dans les rues.
Je ne parlerai pas longtemps du livre présenté aujourd’hui, Ce que croient les chrétiens orthodoxes, parce que le professeur Zoran Devrnja en a exposé en détail le contenu, ce dont je lui suis reconnaissant. Mon cher confrère, Mgr Irénée, a expliqué à quelle catégorie de lecteurs il pouvait être utile.
Je remercie cordialement l’évêque Antoine de Moravica, représentant de l’Église orthodoxe serbe auprès du Patriarcat de Moscou, qui a eu l’initiative de cette traduction serbe et qui l’a effectuée lui-même.
Ce que croient les chrétiens orthodoxes n’a pas été écrit pour les spécialistes de la théologie, mais pour le grand public. J’ai écrit un assez grand nombre d’ouvrages volumineux, destinés aux théologiens, mais chaque fois que je me mets à écrire un livre, je m’efforce d’abord de répondre à certaines questions moi-même, et je ne couche jamais sur le papier les idées que je n’ai pas étudiées à fond. Je m’efforce de parler même des questions de théologie les plus complexes le plus simplement possible.
Dans le livre présenté aujourd’hui, j’aborde les vérités dogmatiques fondamentales sur lesquelles est fondée la théologie orthodoxe. Lorsqu’on parle de dogmes à l’homme moderne, il lui semble souvent que ce terme désigne quelque chose de sec, de figé, d’éloigné. Je m’efforce de montrer dans mon livre que les dogmes sont ce sur quoi repose l’Église. De même que l’église Saint-Sabas s’appuie sur des fondations gigantesques, profondément enfoncées dans le sol, l’Église est ainsi fondée sur les dogmes. Ils peuvent ne pas être très visibles, mais si le fondement dogmatique se perd, le bâtiment entier peut s’écrouler.
Qui ne comprend pas les dogmes a du mal à comprendre pourquoi l’Église existe et ce dont elle vit. Notre liturgie, la Divine liturgie, les matines, les vêpres et les autres offices, sont pétris de vérités dogmatiques, et, si on ne les connaît ni ne les aime, il est difficile de comprendre et d’aimer la liturgie orthodoxe.
Les dogmes eux-mêmes, comme je le montre dans ce livre, ne sont pas des inventions des théologiens, ils ne sont pas nés dans le cerveau de professeurs assis à leurs bureaux avec des stylos ou des crayons, ou derrière l’ordinateur. Les dogmes, c’est ce qui était inscrit dès l’origine dans les fondations et dans le cœur de l’Église. La tâche des théologiens, à chaque époque, est de formuler ces dogmes, de les expliquer aux fidèles dans une langue accessible et compréhensible.
Les vérités dogmatiques ont souvent été formulés par les Pères de l’Église, en réponse à l’apparition d’hérésies. Par exemple, aux IVe et Ve siècles, on a beaucoup disputé de la façon dont s’unissent les natures divine et humaine en Jésus Christ. Un théologien qui s’appelait Apollinaire, a proposé au IVe siècle une théorie selon laquelle Jésus Christ avait un corps humain, tandis que Son âme et Son esprit étaient divins. A première vue, qu’y a-t-il de mal dans cette explication ? Mais l’esprit théologique aïgu de saint Grégoire le Théologien y a discerné une dangereuse erreur : comment, si Jésus Christ n’a ni une âme humaine, ni un intellect humain, le salut a-t-il pu s’opérer ? Saint Grégoire a formulé le principe qui est a la base de la christologie orthodoxe et de toute la doctrine orthodoxe du salut : ce qui n’a pas été assumé, n’a pas été guéri. Si le Christ n’a pris de nous, hommes, que le corps humain, tandis que Son âme, Son esprit et Son intellect étaient divins, seul le corps humain a été sauvé. Non, dit Grégoire le Théologien : le Seigneur Jésus Christ a assumé toute la nature humaine, le corps, l’esprit et l’âme. Pourquoi cela est-il important pour nous ? Parce qu’Il a assumé notre corps humain, notre esprit et notre âme, donc le dogme a un rapport direct avec notre propre destinée éternelle, avec notre salut.
Ce n’est qu’un exemple, on pourrait en citer d’autres. Il n’est pas toujours facile de l’expliquer à l’homme moderne, parce qu’il vit selon des notions très différentes, parce qu’il pense suivant d’autres catégories. Le théologien doit donc, à notre époque, tenter de faire comprendre à l’homme moderne les vérités dogmatiques formulées dans l’antiquité. Les lui faire comprendre de façon qu’il s’en pénètre et qu’il apprenne à les aimer.
Je suis profondément convaincu que la théologie orthodoxe ne doit pas seulement être exacte, mais qu’elle doit aussi être inspirée. Par ce livre, j’aimerais faire passer aux lecteurs au moins une parcelle de l’inspiration que j’ai ressentie, non seulement lorsque je l’ai écrit, mais lorsque j’ai découvert la doctrine de l’Église orthodoxe par les œuvres des Pères. J’espère que ce livre trouvera son lecteur, non seulement en Russie, mais aussi en Serbie.
Je souhaite que Dieu vous aide dans vos travaux et dans vos ministères. Que le Seigneur garde la Serbie, le peuple serbe et l’Église orthodoxe serbe, sachez que la Russie et l’Église serbe sont toujours avec vous. »
Après la présentation, un banquet a été donné à la maison paroissiale de l’église Saint-Sabas, auquel ont pris part Sa Sainteté le patriarche Irénée de Serbie, le directeur de l’Administration présidentielle, N. Selakovič, et la directrice du « Rossotroudnitchestvo », E. Mitrofanova.