Département des relations ecclésiastiques extérieures
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Discours du Patriarche Cyrille après l’office célébré à l’église de la Sainte-Trinité en Antarctique
Le 17 février, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a visité la station « Bellingshausen » sur l’île Waterloo dans l’Antarctique, où il a célébré la bénédiction des eaux et un office de requiem à la mémoire des explorateurs polaires, dans la seule église de l’Antarctique, l’église orthodoxe russe de la Sainte-Trinité. Après l’office, le Primat de l’Église orthodoxe russe a prononcé un discours.
Éminences et Excellences, chers frères et sœurs,
C’est avec un sentiment particulier que nous avons prié ici, dans l’Antarctique, pour les vivants et les morts. Pour les vivants qui travaillent dans des conditions difficiles et dont le travail comporte des risques quotidiens. Et pour tous ceux qui sont morts ici, parfois dans des circonstances tragiques. La mise en valeur de l’Antarctique comporte des risques élevés et nous faisons aujourd’hui mémoire de ceux qui sont morts ici en accomplissant leur devoir.
Il y a des lieux dans le monde où il n’y a pas besoin de parler, ni rien besoin d’expliquer, où l’on ressent une certaine énergie spirituelle, plus particulièrement pendant la prière. Nous sommes dans l’un de ces lieux. Peut-être parce que les gens travaillent ici dans des conditions très difficiles, peut-être parce qu’en venant dans cette église nous avons prié avec une sincérité particulière, avec une foi plus forte. Et je suis heureux qu’il y ait une église ici où les gens peuvent venir prier, rester en tête-à-tête avec Dieu.
Nous avons béni l’eau. Nous croyons que par le sacrifice de notre Seigneur et Sauveur, par Sa mort sur la croix, par Sa résurrection, le genre humain a reçu l’énergie divine, la grâce du Saint-Esprit. Lorsque nous bénissons l’eau nous invoquons cette énergie divine. L’eau n’en perd pas pour autant sa formule chimique, ni ses propriétés physiques, elle reste de l’eau, mais l’énergie divine la traverse et, en s’aspergeant de cette eau, en la buvant, nous sommes rechargés de cette énergie.
L’eau bénite est un exemple d’union du physique, du terrestre, avec le Divin. Mais l’union du Divin et de l’humain se produit dans la vie de tout homme. Et si cela ne se produit pas, s’il n’y a pas réunion des forces divines et humaines, l’homme souffre et ses travaux semblent vains. Dans cette collaboration de Dieu et de l’homme, ce dernier doit marcher sa part de chemin. Lorsque nous étudions, apprenons un métier, lorsque nous travaillons bien, nous faisons notre part de chemin.
Mais nos forces, nos connaissances et nos capacités humaines ne suffisent pas toujours dans toutes les circonstances. Il nous semble parfois que des choses étranges se produisent dans notre vie. Nous passons par des situations extrêmes, et si nous restons sains et saufs, nous disons le plus souvent que nous avons eu de la chance. Mais ce mot de « chance » ne comporte aucun contenu rationnel, car on ne peut pas décrire la réalité que ce mot exprime. C’est qu’en fait il n’existe sans doute pas de ces hasards, mais il y a en fait dans notre vie des « espaces » où Dieu intervient. Il nous donne la liberté de travailler, de recevoir une instruction, de faire ce que nous pouvons. Mais nous traversons parfois des situations dans lesquelles nous ne sommes pas capables d’arriver au résultat voulu, ou même de sauver notre vie. Il ne reste plus alors qu’une chose à faire, prier Dieu. Pourtant, combien de fois sortons-nous de ces crises en disant : « J’ai eu de la chance ! » Non, ce n’est pas de la chance, c’est Dieu qui nous a aidé !
C’est pourquoi aujourd’hui nous sommes là pour prier pour vous tous, pour les Russes, pour les Chiliens, pour tous ceux qui travaillent ici, en Antarctique. Pour que dans les moments où l’on n’est plus capable de décider de son avenir, le Seigneur soit avec chacun de vous. Gardez la foi dans vos cœurs, priez autant que possible. Vous ferez l’expérience que le ciel vous répond. S’il ne répondait pas, personne ne s’adresserait à lui. Car nous ne sommes pas faciles à tromper, et si nous nous adressons au ciel, c’est parce que nous savons qu’il répondra.
Je souhaite à tous ceux qui sont ici présents, et par vous, à tous ceux qui travaillent en Antarctique, l’aide de Dieu, une bonne santé, la bonne réalisation de votre mission. En mémoire de mon séjour ici, j’aimerais offrit à notre église cette image de saint Vladimir, baptiste de la Russie, dont nous avons fêté l’an dernier le millénaire du trépas, ainsi que des voiles pour les vases eucharistiques.
Je m’adresse plus particulièrement à vous, qui assurez ici une veille spirituelle. Que Dieu vous aide dans vos travaux. Ne vous découragez jamais, rappelez-vous que vous êtes au sommet de la planète. Lorsque j’ai béni l’eau aujourd’hui, j’ai pensé à tout le globe terrestre qui est sous nous, et j’ai prié pour la création divine. Priez aussi pour vos parents et vos proches, pour tous ceux qui travaillent ici, pour votre pays, pour le peuple et le monde entier.
14.10.2020
28.08.2020