Rencontre entre le patriarche Cyrille et le président cubain

















Service de communication du DREE, 08.05.2025. Le 8 mai, le patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies a reçu à la résidence patriarcale et synodale du monastère Saint-Daniel le président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel Bermudez.
Sa Sainteté a chaleureusement souhaité la bienvenue à son hôte, soulignant que les relations entre les deux pays, bonnes et amicales, avaient déjà une longue histoire. « Vous savez, a-t-il dit, que le peuple soviétique avait un profond respect pour Cuba. Pas seulement parce que le parti communiste était alors au pouvoir dans notre pays, mais aussi parce que l’héroïsme du peuple cubain éveillait une grande sympathie. Cuba était la preuve qu’un petit pays et son peuple pouvaient défendre leur honneur national, leur dignité et leur notion de la vérité. »
Sa Sainteté a mentionné ses échanges avec les dirigeants de Cuba à différentes époques, notamment ses entretiens avec Fidel Castro et Raul Castro, ainsi que ses précédentes rencontres avec Miguel Diaz-Canel Bermudez.
Le patriarche Cyrille est revenu sur ses rencontres avec Fidel Castro, notamment celle lors de laquelle a été prise la décision de construire une église orthodoxe à La Havane. « Je dirais franchement que lorsque je suis allé à Cuba pour poser la question à ses dirigeants, j’avais des doutes : le parti au pouvoir était le parti communiste et je ne savais pas quelle serait leur réaction. Mais Fidel Castro s’est montré non seulement attentif, mais aussi intéressé et compréhensif. L’État cubain nous a beaucoup aidés dans la construction de cette église. Vous le savez, c’est aujourd’hui une grande paroisse orthodoxe qui compte aussi bien des Russes que des fidèles d’autres nationalités », a constaté Sa Sainteté. Le primat a ajouté que cette église contribuait au rapprochement et à l’unité des peuples des deux pays et était un témoignage visible de l’amitié entre la Russie et Cuba.
Le patriarche Cyrille a souligné également que les fidèles cubains pouvaient librement pratiquer leur foi orthodoxe. « La construction d’une église orthodoxe à La Havane a eu une grande importance, et pas seulement spirituelle. Elle témoigne de ce que l’orthodoxie et, plus généralement, le christianisme en tant que foi religieuse, peuvent exister dans des contextes politiques différents. C’est pourquoi nous sommes très satisfaits de la façon dont se développe la vie de notre paroisse dans votre pays. »
Sa Sainteté a ensuite noté que, bien que certains, notamment en Occident, aient accueilli avec étonnement la fondation d’une paroisse orthodoxe à Cuba, son développement a montré que c’était une bonne décision. « Je vous remercie cordialement et, en votre nom, le gouvernement et le peuple cubains, pour la bienveillance dont bénéficient les orthodoxes dans votre pays », a déclaré le patriarche Cyrille, s’adressant à Miguel Diaz-Canel Bermudez.
Le patriarche est ensuite revenu sur sa rencontre avec le pape François, en 2016, à l’aéroport de La Havane. Cet épisode, a-t-il déclaré, témoigne notamment de l’importance de Cuba. « Lorsqu’il a été question d’une rencontre avec le pape de Rome, j’ai réfléchi à l’endroit où elle pourrait avoir lieu : il n’était pas approprié de l’organiser en Orient, où la population est principalement orthodoxe, et pour nous il n’aurait été guère commode de la tenir sur un territoire dont la population est principalement catholique. C’est alors que j’ai pensé que Cuba était le meilleur endroit, a rapporté le patriarche Cyrille. Cuba est situé dans l’hémisphère occidental, c’est un pays de tradition catholique, mais avec un autre régime politique, dont beaucoup d’habitants sont de conviction marxiste, comme dans notre pays. C’est pourquoi, lorsque nous nous sommes rencontrés à l’aéroport de La Havane, la première chose que j’ai dite au pape François a été : N’avons-nous pas choisi le bon endroit ? Il a acquiescé. Cuba a joué un rôle important dans le développement des relations entre le monde orthodoxe et le monde catholique, entre notre Église et l’Église catholique. Je reste reconnaissant aux dirigeants cubains, au peuple cubain pour les conditions et l’ambiance dans lesquelles cette importante rencontre a pu se dérouler. »
Durant la suite de l’entretien, il a été souligné que Cuba avait traversé des étapes difficiles. Le patriarche Cyrille a souligné : « Il est difficile d’imaginer la force du peuple, à quel point il doit être consolidé et motivé pour jeter en quelque sorte un défi au monde qui l’entoure. »
Le patriarche a dit espérer que les relations amicales entre la Russie et Cuba continueraient à se développer, pour le bien des deux pays.
Ayant remercié le patriarche d’avoir fait part des souvenirs de ses rencontres avec les précédents dirigeant cubains, ainsi que de ses bonnes paroles sur l’héroïsme du peuple cubain et les excellentes relations entre Cuba et la Fédération de Russie, Miguel Diaz-Canel Bermudez a remarqué que chaque fois qu’il venait à Moscou, il était heureux de rencontrer le primat de l’Église orthodoxe russe et de lui exprimer ses respects. Le chef de l’État a aussi remercié son interlocuteur de son évaluation du chemin parcouru par le peuple cubain et de sa vision des événements du passé et de la situation actuelle.
Cette fois, nous sommes venus à Moscou à l’invitation du président Vladimir Poutine pour participer aux célébrations du 80e anniversaire de la victoire dans la Grande Guerre patriotique. Par ailleurs, le 8 mai, la Russie et Cuba fêtent le 65e anniversaire du rétablissement de leurs relations diplomatiques, a souligné Miguel Diaz-Canel Bermudez. « La participation au défilé du jubilé de la Victoire a une très grande importance pour nous, a-t-il développé. Nous constatons aujourd’hui que les tentatives d’atténuer le rôle décisif de l’URSS, du peuple de ce pays et de l’Armée rouge dans la victoire sur le fascisme deviennent plus fréquentes. Cette victoire a eu une immense importance, non seulement pour l’URSS, mais aussi pour toute l’humanité. Le peuple cubain connaît bien l’histoire, il sait au prix de quelles privations a été obtenue cette victoire et comment l’URSS a non seulement préservé son intégrité, son indépendance et sa souveraineté, mais a aussi libéré l’humanité du joug du fascisme. Afin de faire obstacle aux tentatives occidentales de manipulation de l’histoire, il faut préserver la vérité historique, se souvenir et honorer ces événements. » Le président cubain a aussi souligné l’importance du 65e anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques : « Cette date témoigne de ce que les relations entre nos pays, entre nos peuples peuvent surmonter toutes les épreuves du temps. Pendant ces années, nous avons partagé de nombreux défis, conservant notre lien émotionnel. Nous nous défendons les uns les autres, développons des projets communs. »
Le président cubain s’est dit prêt à poursuivre et à développer les bonnes relations avec l’Église orthodoxe russe. Selon lui, ces relations sont, avant tout, le symbole du lien entre nos deux États. « L’Église orthodoxe russe entretient aujourd’hui à Cuba d’excellentes relations avec les autorités provinciales, régionales et municipales. Nous sommes très satisfaits du travail de vos représentants. Je tiens à souligner que l’église Notre-Dame-de-Kazan à La Havane joue un rôle actif dans la vie de la capitale. On y accueille chaleureusement tous les fidèles. Par ailleurs, on n’y prêche pas seulement la foi orthodoxe, mais on y fait découvrir la culture russe et des efforts sont fait pour que les Cubains apprennent et connaissent la langue russe. » « L’église de Kazan à La Havane est devenue le symbole des relations bilatérales. On peut donc constater que l’idée dont vous aviez fait part en son temps à Fidel Castro a été bien reçue. Ce qui était alors un rêve lointain est aujourd’hui réalisé, a dit le chef de l’État.
Il a exprimé ses regrets du décès du pape François, soulignant qu’à Cuba on conservait de chaleureux souvenirs de la rencontre historique entre le patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies et le pape François de Rome.
Durant la suite de l’entretien, Miguel Diaz-Canel Bermudez a aussi parlé du développement des relations entre les deux pays dans différentes sphères, de la solidarité avec le peuple russe dans la situation internationale tendue actuelle. Parmi les thèmes soulevés figuraient également la coopération culturelle, le fonctionnement de la paroisse orthodoxe de La Havane et d’autres questions présentant un intérêt commun.