
Département des relations ecclésiastiques extérieures
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Les sœurs du monastère de Pühtitsa : « Honorables députés, pourquoi voulez-vous nous forcer à commettre un crime canonique ? »
Service de communication du DREE, 8 avril 2025. Le 9 avril 2025 le Riigikogu (Parlement estonien) votera en troisième lecture un projet de loi modifiant la Loi sur les églises et les paroisses, directement dirigé contre l’Église orthodoxe d’Estonie et visant à contraindre les paroisses et le monastère de Pühtitsa à changer de juridiction sous peine de dissolution.
À cette occasion, l'higoumène et les moniales de Pühtitsa ont adressé une nouvelle lettre ouverte aux membres du Riigikogu, à tous les chrétiens et citoyens d’Estonie. Deux précédents appels avaient été publiés en février.
Dans cette lettre signée par l'higoumène Philarète (Kalatcheva) et les sœurs de la communauté, il est écrit :
« Demain, le Riigikogu décidera de notre destin, celui du monastère de Pühtitsa et de ses moniales. À notre profonde tristesse, nous savons déjà quel sera ce verdict : notre unité avec la Mère Église sera déclarée illégale en République d’Estonie…
Pourtant, comme nous l’avons répété, notre lien avec l’Église orthodoxe russe est au cœur de notre vie monastique. Ce lien est fondé sur les canons, base du droit ecclésial. Ces règles sont aussi inviolables pour l’Église que la Constitution l’est pour la société civile. On nous demande de changer arbitrairement de juridiction et de rejoindre le Patriarcat œcuménique. Cette demande ignore le fait que le changement de juridiction relève de la vie interne de l’Église, domaine où l’État, selon la Constitution estonienne, ne doit pas intervenir.
Pour les députés, le passage au Patriarcat de Constantinople semble une solution simple et logique. Mais cette vision, dictée par des intérêts politiques, est étrangère à l’Église. Pour nous, sœurs de Pühtitsa, ce serait un crime canonique. Nous n’en avons pas le droit !
Nous sommes des moniales : notre vie est consacrée au Christ. C’est à Lui que nous avons prononcé nos vœux, à Lui seul — non aux dirigeants politiques ou aux partis — que nous jurons fidélité, même au prix de notre vie. Notre engagement ne contredit pas la Constitution estonienne. Pourtant, on nous reproche de rester fidèles à nos vœux. Nous demandons donc : pourquoi nous obligez-vous à trahir notre conscience ? Pourquoi nous poussez-vous à commettre un crime canonique ? Pourquoi méprisez-vous ceux qui mènent une vie que vous ne comprenez pas ? L’Écriture sainte, pourtant, rappelle : « Il (Le Seigneur) nous a aussi rendus capables d'être ministres d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l'esprit vivifie. » (II Co 3,6).
Si nous trahissons un seul commandement de l’Évangile, nous cesserons d’être moniales. Car il est dit : « C'est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n'est point tombée, parce qu'elle était fondée sur le roc… » (Mt 7,26-27).
Nous, moniales de la colline de la Mère de Dieu, assurons tous les citoyens de l’Estonie que nous ne prônons ni le sang, ni la terreur, ni la violence, ni l’agression militaire. Nous sommes attristées que des députés perçoivent nos actes comme des menaces, et que le ministre de l’Intérieur estime que notre fidélité à nos vœux nous forcera à quitter le monastère. Il ne comprend pas que, pour nous, cela équivaut à une mort spirituelle.
Nous ne souhaitons de mal à personne et prions pour la paix et la compassion dans les cœurs. Nous ressentons profondément l’injustice qui règne dans le monde. « Le monde entier est sous la puissance du malin », rappelait saint Jean le Théologien. Cela fut, est et sera tant que l’humanité n’écoute pas Dieu et ne choisit pas la vérité. Nous prions pour cela.
Nous remercions sincèrement tous ceux qui nous soutiennent, en particulier les personnalités publiques estoniennes pour leur lettre ouverte et leur analyse chrétienne des événements.
Nous exprimons notre gratitude aux moniales du monastère géorgien Sainte-Catherine de Tchiatoura, aux sœurs du monastère Sainte-Synclétique-d’Alexandrie à Mtskheta, et aux fidèles de ces communautés, qui ont envoyé un message de soutien au Riigikogu.
Avec l’amour du Christ, nous prions pour qu’Il bénisse l’Estonie et lui accorde la grâce de bâtir un État dans la Vérité : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jn 8,32).
Avec amour,
L'higoumène Philarète et ses sœurs.
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