Département des relations ecclésiastiques extérieures
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Face aux pressions exercées contre la communauté, les moniales du monastère de Pükhtitsa adressent une lettre ouverte au Conseil des Églises d’Estonie
Service de communication du DREE, 26.04.2024. La supérieure et les sœurs du monastère de la Dormition de Pükhtitsa ont adressé une lettre ouverte au Conseil des Églises d’Estonie et à son président, l’archevêque Urmas Viilma. La communauté subit actuellement des pressions inquiétantes pour l’avenir du monastère.
Pour rappel, le 11 avril, le ministre estonien de l’Intérieur Lauri Läänemets est intervenu en direct à la télévision nationale pour appeler le parlement à « reconnaître l’Église orthodoxe russe comme organisation terroriste » et à interdire son activité. Une semaine plus tard, le parlement estonien a introduit un projet de déclaration « sur la condamnation du Patriarcat de Moscou ». Le 23 avril, le ministre Läänemets a déclaré que les monastères orthodoxes du pays qui refuseraient de quitter la juridiction de l’Église orthodoxe russe risquaient d’être contraints de mettre fin à leur activité sur décision de l’État.
Le matin du même jour, le ministre s’est rendu au monastère où, dans un entretien avec l’higoumène Philareta (Kalatchova) et plusieurs représentants du monastère, il a fait savoir que l’État ne souhaitait pas une escalade du conflit avec les fidèles orthodoxes et proposait donc que le monastère renonce de lui-même à son statut de stavropégie, « afin d’exclure la possibilité d’une influence spirituelle du patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies ».
Mentionnant que les passions faisaient rage à l’extérieur des murs du monastère, que les divergences s’exacerbaient en même tant que les conflits militaires, les moniales de Pükhtitsa soulignent dans leur lettre ouverte au Conseil des Églises d’Estonie que le conflit armé sanglant qui se poursuit dans le centre de l’Europe est pour elles une source de profonde douleur. « Nous demandons sans cesse au Seigneur de manifester à tous Sa bonté et Sa puissance et d’amener à la paix ceux qui participent à ce conflit militaire sanglant qui nous force à nous souvenir des pages les plus terribles des guerres mondiales passées. »
Elles soulignent aussi avec regret les efforts entrepris pour entraîner le monastère et ses moniales dans des confrontations politiques étrangères à l’essence même de la vie monacale : les autorités estoniennes cherchent à obtenir la rupture de leur lien organique avec l’Église orthodoxe russe et attendent que la communauté renonce de sa propre initiative à son statut de stavropégie.
« Il nous est absolument impossible de prendre cette décision, soulignent les sœurs. Les représentants des autorités estoniennes peuvent, certes, ne pas le savoir ni le comprendre, mais vous, nos frères en Christ, savez ce que signifie pour le monastère son lien canonique avec l’Église mère. Nous ne pouvons pas, nous n’avons pas le droit de renoncer unilatéralement au statut stavropégique du monastère car il est inscrit dans ses statuts que nous n’avons pas le droit de modifier de notre propre chef. Le monastère est devenu stavropégique en 1990, grâce aux efforts du patriarche Alexis II (Ridiger), de bienheureuse mémoire. Son souvenir est sacré pour les sœurs du monastère car c’est lui qui le sauva de la fermeture alors qu’il était évêque de Tallinn à l’époque des persécutions de Khrouchtchev. Fondé en 1891, le monastère de Pükhtitsa élève sans interruption ses prières au Seigneur depuis 133 ans. Le monde s’est profondément transformé pendant cette période. Nous ne rappelons ces transformations que pour montrer que notre monastère a toujours échappé aux passions de la vie politique et que depuis sa fondation à aujourd’hui, il demeure inébranlablement fidèle à sa fonction monastique et à sa vocation de prière et de travail. C’est pourquoi nous sommes profondément convaincues que l’intervention de l’État dans le fonctionnement interne du monastère existant depuis plus d’un siècle n’a aucun sens constructif. Les sœurs ont prié sous la Russie tsariste, en Union soviétique, dans la République estonienne et nous espérons sincèrement ne pas être privées de la possibilité d’élever nos prières vers Dieu pour que la paix soit donnée à toute la terre, à tous les pays et à tous les peuples. »
La supérieure et les sœurs prient les chrétiens d’Estonie de différentes confessions de soutenir le monastère de Pükhtitsa.
« Nous en sommes certaines : les croyants comprennent que la politique, et plus encore, les pressions politiques sont étrangères au monachisme. Le monastère est en dehors de la politique. Tel est notre credo. Nous osons espérer que vos prières aideront à faire connaître cette vérité aux autorités estoniennes pour lesquelles nous avons le plus grand respect », résument les auteurs de la lettre.Patriarche
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