Nos Églises et nos peuples sont passés par de nombreuses épreuves : le catholicos-patriarche Mar Awa III sur l’Église assyrienne de l’Orient et ses liens avec la Russie
Le catholicos-patriarche Mar Awa III, primat de l’Église assyrienne de l’Orient, est depuis seulement deux ans à la tête de ce siège antique, mais s’est déjà rendu deux fois en Russie. En novembre 2023, le président russe, Vladimir Poutine, lui a décerné l’ordre de l’Amitié pour « son importante contribution à la préservation et au développement des traditions spirituelles et culturelles, à la consolidation de la paix et de la concorde entre les peuples ». Dans une interview au Journal du Patriarcat de Moscou (n°3, 2024), il parle des liens étroits entre les Russes et les Assyriens, du dialogue entre l’Église orthodoxe russe et l’Église assyrienne de l’Orient et des objectifs de son ministère.
Les Assyriens en Russie à l’époque de Nicolas II
– Sainteté, les Assyriens sont liés depuis longtemps aux Russes, une réalité particulièrement évidente à la fin du XIXe siècle et pendant la Première Guerre mondiale. Vos ancêtres en sont la meilleure preuve, eux qui ont servi dans l’armée russe. Parlez-nous d’eux !
– Mon arrière-grand-père maternel, Chmouïl-khan, avait la croix de Saint-Georges. Son père, mon arrière-arrière-grand-père, Bedjan, avait aussi reçu la croix de Saint-Georges, selon la légende familiale. Il était originaire du district de Tergavar, dans la province d’Ourmia, où était situé un vice-consulat de Russie à la fin du XIXe siècle, puis, au début du XXe, une représentation militaire russe et une mission. Bedjan a été tué par les Kurdes en 1907.
Chmouïl-khan commandait un détachement d’Assyriens de Tergavar à la frontière entre la Perse et la Turquie. Pendant la Première Guerre mondiale, en septembre 1914, il a défendu l’Ourmia contre les Kurdes. Son détachement se composait de 250 Assyriens et ils étaient accompagnés d’un détachement de 60 cosaques. Le commandant des cosaques a été tué par un tireur d’élite et Chmouïl-khan a pris le commandement des deux détachements réunis (…) Il a été tué le 3 mars 1918 (16 mars suivant le calendrier julien), en même temps que le catholicos assyrien Mar Chimoun XXI. Pendant la Première Guerre mondiale, le catholicos avait eu des échanges avec l’empereur Nicolas II par l’intermédiaire du grand-duc Nicolas (…). Le peuple assyrien vivait alors dans l’Empire ottoman et se battait pour son autonomie. Nicolas II a remercié les Assyriens de leur soutien, disant espérer que le peuple russe pourrait libérer les chrétiens de Turquie de leur joug. Lorsque la guerre civile a éclaté en Russie, les Assyriens continuaient à s’opposer aux Turcs, mais les pays de l’Entente faisaient pression sur le catholicos pour qu’il négocie avec les kurdes. Le catholicos Mar Chimoun est allé rencontrer le chef kurde. Chmouïl-khan l’accompagnait. C’était le samedi précédent le carême. Il a prévenu le catholicos de possibles provocations et avait raison. Presque tous les Assyriens présents à la réception ont été tués, une centaine de personnes, parmi lesquelles le catholicos et mon arrière-grand-père. En 2014, un monument au patriarche Mar Chimoun XXI a été inauguré sur le territoire de l’église de la Vierge-Marie (Mat Mariam) à Moscou.
Le fils de Chmouïl-Khan, Avimalek, a aussi des liens avec la Russie : il y a fait ses études, est devenu officier et a commandé un détachement de 200 cavaliers assyriens luttant aux côtés de la Russie sur le front du Caucase en Perse. Sa nièce Florence est ma mère.
Mes ancêtres ayant vécu en Russie, je suis particulièrement attaché à la culture russe. J’ai beaucoup d’intérêt pour la personnalité de l’empereur Nicolas II qui a eu des contacts avec mon prédécesseur, avec sa famille. Parmi les écrivains russes, je distingue particulièrement Léon Tolstoï. Dans ses romans, il a analysé la spiritualité russe, celle de l’orthodoxe russe de base, et je trouve ça très intéressant.
Les paroisses assyriennes en Russie
– Aujourd’hui, la vie des Assyriens en Russie est concentrée autour des paroisses de l’Église assyrienne, dont la principale est l’église moscovite de la Sainte-Vierge-Marie (Mat Mariam). Vous êtes venu en 2023 célébrer le 25e anniversaire de cette paroisse. Quel rôle joue-t-elle dans la vie des Assyriens à Moscou ?
– La paroisse de l’Église assyrienne à Moscou a commencé à se former dès 1996, lorsque le métropolite Héracle Mar Gewargis (par la suite patriarche-catholicos Mar Gewargis III, actuellement en retraite), a posé la première pierre de la future église. Mais des hiérarques et des prêtres venaient déjà avant, et la communauté existe depuis le début des années 1990.
Officiellement, la paroisse a été fondée en 1998. Mon prédécesseur, le catholicos-patriarche Mar Dinkha IV, a dédicacé cette église à la Mère de Dieu pendant sa visite à Moscou. Depuis, la paroisse s’agrandit, se développe, se perfectionne. D’autres communautés assyriennes ont été fondées ailleurs : la paroisse Saint-Georges à Krasnodar, une paroisse à Rostov-sur-le-Don. La paroisse de Moscou est extrêmement importante : elle sert de représentation de l’Église assyrienne de l’Orient en Russie, unit de nombreux représentants de notre peuple vivant en Fédération de Russie. C’est là que sont régulièrement célébrés les offices et c’est aussi un véritable centre de la communauté assyrienne en Russie.
– En 2024, les Assyriens de Russie célébreront deux dates importantes : le 10e anniversaire de l’église Saint-Georges de Krasnodar et le centenaire de la fondation du village d’Ourmia, dans la région de de Krasnodar. Parlez-nous de ces lieux.
– Ce sont des lieux symboliques pour nous, et nous prévoyons des célébrations. L’église Saint-Georges a été bâtie en 2008 et solennellement consacrée en 2014 par le catholicos Mar Dinkha IV. J’accompagnais Sa Sainteté pendant cette visite et j’ai participé à la cérémonie. Une paroisse assyrienne se développe actuellement autour de cette église.
Le village d’Ourmia, dans le Kouban, est historiquement très important pour nous. Dès la fin du XIXe siècle, des pogroms ont décimé les Assyriens dans l’Empire ottoman. Plus de 100 000 Assyriens ont été tués ou convertis de force à l’islam. Cela s’est poursuivi jusqu’en 1923. Alors, il y a cent ans, beaucoup de nos ancêtres ont quitté l’Ourmia historique et se sont installés en Russie. Certains ont choisi le Kouban. Nos ancêtres ont appelé leur nouveau village Ourmia, en souvenir de leur patrie. Leur village est devenu par la suite un kolkhoze. Il y a toujours une communauté assyrienne là-bas. C’est un lien très important pour nous car nos ancêtres y ont apporté avec eux la mémoire de leurs régions natales en Iran et en Turquie et ont tenté d’y recréer leurs coutumes.
– Pendant votre visite de 2023, vous êtes allé voir pour la première fois la petite communauté présente à Vladimir. Depuis quand existe-t-elle ?
– Nous sommes très reconnaissants au métropolite Tikhon de Vladimir et de Souzdal qui nous a accueillis pendant notre visite à Vladimir. Les communautés assyriennes existent depuis plus d’un siècle en Russie. Les Assyriens se sont installés dans différentes villes et régions de l’Empire russe : à Moscou, Saint-Pétersbourg, Kiev, Tiflis, dans le gouvernement d’Erevan et même dans des régions aussi reculées que Kotlas. La petite communauté et la paroisse de Vladimir existent depuis plus de cent ans et sont apparues après la Première Guerre mondiale. La communauté se compose de 35 personnes, mais, depuis ses débuts, elle garde précieusement les traditions chrétiennes et le patrimoine assyriens, son expérience se transmet de génération en génération.
Les fondements du dialogue inter-chrétien
– Sainteté, l’Église orthodoxe russe et l’Église assyrienne de l’Orient sont officiellement en dialogue. Quels thèmes sont soulevés dans le cadre de ce dialogue ?
– Ce dialogue a commencé officiellement en 2014, sur une décision commune de Sa Sainteté le patriarche Cyrille et de mon prédécesseur, Sa Sainteté le catholicos Mar Dinkha IV. Pendant sept ans, de ses débuts à 2021, j’ai fait partie de la commission de dialogue entre l’Église orthodoxe russe et l’Église assyrienne de l’Orient. Elle est active, travaille à l’interaction entre nos églises. Nous n’avons pas encore approfondi de sujets théologiques, mais j’estime que nous avons besoin de consultations théologiques dans le cadre de notre commission pour soulever les questions qui ont été et constituent encore des obstacles canoniques entre nos deux Églises. Il faut échanger des idées, discuter et analyser les événements historiques, les problèmes canoniques, la vision théologique de chaque partie sur la nature et l’hypostase de Jésus Christ.
– Sur quoi travaille la commission de dialogue ?
– En premier lieu, la commission travaille dans les domaines de l’aide humanitaire, des problèmes sociaux et éthiques auxquels sont confrontées nos Églises. En particulier la morale chrétienne, particulièrement importante pour la société et le monde dans l’ensemble. L’Église orthodoxe russe fait partie de la famille des Églises orientales, nous avons beaucoup en commun, nous avons de quoi discuter et sur quoi nous entendre. A l’ordre du jour figure le problème de la personne, des questions humanitaires, la défense des valeurs traditionnelles, les échanges d’étudiants et la coopération académique, ainsi que la situation des chrétiens persécutés au Proche-Orient et dans d’autres régions.
Par ailleurs, nous avons des programmes communs destinés à la jeunesse. A l’été 2023, à Erbil, en Irak, a eu lieu le premier rassemblement de la jeunesse de l’Église assyrienne de l’Orient. Le forum a rassemblé plus de 300 participants venant d’Irak, de Syrie, du Liban, de Russie, de Géorgie, d’Arménie, du Liban, d’Inde, de Grande-Bretagne et d’autres pays d’Europe, ainsi que des États-Unis, du Canada, d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Nous prévoyons d’organiser des rassemblements semblables tous les trois ans. Chaque diocèse organise son rassemblement régional une fois par an. En 2019, nous avons décidé d’organiser des rassemblements communs et sommes heureux d’avoir pu réaliser ce projet. Ces rassemblements sont utiles pour que les jeunes Assyriens dispersés dans le monde entier, qui ont grandi en Europe, en Russie, en Amérique, en Asie, puisse venir voir leur patrie historique au Proche-Orient, faire connaissance, découvrir les traditions spirituelles et la culture de leurs ancêtres, marcher sur la terre de leurs parents et de leurs grands-parents, visiter les églises et les monastères antiques.
Une délégation de jeunes orthodoxes russes était également présente au rassemblement. Nous avons été heureux d’accueillir nos invités de Russie et ils ont apprécié le temps passé en Irak. Ils ont pu sentir ce qu’est l’antique patrie de l’Église assyrienne.
– A votre avis, quel est le fondement commun aux Églises russe et assyrienne ?
– Il y a beaucoup de fondements à notre dialogue. En premier lieu, la foi des apôtres. En second lieu, certains épisodes communs à l’histoire de nos deux nations qui ont dû défendre leur foi et leur identité contre les ennemis et les persécuteurs. Ce qui nous rapproche est beaucoup plus important que ce qui nous divise. Nos deux peuples et nos deux Églises sont passés ensemble par de nombreuses étapes historiques, souffrant, défendant leur foi et leur droit à confesser leur foi. La différence tient seulement à l’expérience. Notre patrie, qui s’appelait l’Assyrie, n’existe plus. Elle a existé il y a très longtemps. Mais elle est présente dans nos cœurs.
– L’Académie de théologie de Moscou va publier une traduction de votre ouvrage. Quel en est le sujet ?
– Il s’agit d’une introduction à la sacramentologie de l’Église d’Orient. Elle est destinée aux établissements d’enseignement. L’idée de départ était de rédiger un manuel pour les pasteurs. Peu à peu, le manuel s’est transformé en un ouvrage plus théologique. J’y étudie les sept sacrements de l’Église assyrienne, les textes liturgiques anciens, les œuvres des pères de l’Église sur la liturgie. Je me suis particulièrement arrêté à deux sacrements uniques, qui n’existent que dans l’Église assyrienne : le sacrement de consécration du levain et le sacrement du signe de croix. Le Sacrement de consécration du levain renvoie à une tradition selon laquelle, après la Sainte Cène, le Christ donna à l’apôtre Thomas un peu de levain pour la cuisson du pain eucharistique, qui est depuis régulièrement continué grâce au sacrement de la consécration du levain. Le levain consacré est utilisé pour la préparation du pain de l’Eucharistie. Le livre est en cours de traduction en russe. Il est déjà traduit en arménien et est paru en Arménie. Il existe aussi une traduction arabe, faite en Irak.
Sauvegarder la foi et le peuple
– En tant que primat de l’Église assyrienne, quels sont les principaux objectifs de votre ministère ?
– L’une de mes principales aspirations, en tant que primat de l’Église assyrienne – et que j’espère pouvoir réaliser avec l’aide de Dieu – est de trouver des réponses aux défis que la modernité pose à notre Église, notre peuple, notre foi. La majorité des fidèles vit aujourd’hui dans la diaspora. Numériquement parlant, nous sommes très peu nombreux au Proche-Orient, comparés aux autres groupes religions. C’est un défi pour nous : comment sauvegarder notre foi chrétienne, notre identité assyrienne ? Notamment dans la diaspora. Oui, au Proche-Orient nous luttons pour notre existence, les Assyriens ont une longue histoire de lutte pour leur foi et leur tradition. Mais dans la diaspora nous sommes aussi confrontés à des problèmes de sauvegarde de notre identité. Comment préserver notre foi, comment préserver la morale chrétienne face à tout ce qui se passe dans le monde, devant les transformations de la société qui se produisent dans le monde occidental ? Être capable de tenir bon face à ces défis est une grande chose. Je m’efforce toujours de me souvenir sur quoi mon ministère doit se concentrer.
Bien entendu, les relations avec les autres Églises, à différents niveaux et dans différents espaces, sont aussi importantes pour nous. Nous dialoguons officiellement avec l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine, mais nous avons de bons rapports avec d’autres Églises, notamment l’Église orthodoxe syrienne. Les relations entre chrétiens sont très importantes. Quand j’étais évêque, je présidais le Département des relations ecclésiastiques extérieures, donc cela a toujours fait partie de mon travail et de mon ministère.
– Qu’est-ce qui vous aide dans votre ministère de primat de l’Église et de chef spirituel du peuple assyrien ?
– Dieu, auquel je suis infiniment reconnaissant de notre foi, de notre patrimoine patristique, de notre pratique liturgique, de l’histoire de notre peuple, de notre langue araméenne. Tout ceci me donne la force de continuer mon ministère. Lorsque j’étudie notre foi, je me plonge dans l’histoire et la théologie et j’y puise des forces. Je visite nos communautés dans le monde entier, je rencontre des Assyriens dans différents pays, dans différentes situations socio-culturelles. La vie des Assyriens de Russie diffère de la vie des Assyriens aux États-Unis, en Australie ou au Proche-Orient. Cette diversité me donne aussi beaucoup d’expérience et de forces, et j’en suis reconnaissant à Dieu.
Propos recueillis par le diacre Alexandre Tchérépénine
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L’Église assyrienne de l’Orient remonte aux communautés chrétiennes apparues au Ier siècle sur le territoire de l’Empire parthe (Mésopotamie). Selon la légende, elle fut créée par l’apôtre Thomas, l’apôtre Thadée et son disciple l’apôtre Mari. Les Assyriens sont l’un des peuples ayant adopté le christianisme sur le territoire parthe, mais le seul à avoir conservé la foi chrétienne dans la région jusqu’à nos jours. Son siège était situé dans la capitale de la région, Séleucie-Ctésiphon. Quand le zoroastrisme fut adopté comme religion d’État dans l’empire sassanide, les chrétiens furent persécutés. Quelques décennies après le IIIe Concile œcuménique, auquel l’Église assyrienne ne prit pas part étant géographiquement coupée du reste du monde chrétien, elle se retrouva hors de la communion eucharistique avec les Églises de l’Empire romain : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Depuis le Ve siècle, l’Église poursuivit une importante activité missionnaire sur les territoires de l’Inde, de la Chine, de la Mongolie, d’Asie centrale, du Yémen et du Qatar. En 652, elle se retrouva sous domination arabe. Très instruits, les chrétiens devinrent bientôt l’élite culturelle du califat arabe et, par la suite, de l’empire mongol. Les XIIe et XIIIe siècles sont considérés comme l’âge d’or de l’Église assyrienne, grâce à sa large expansion géographique, mais aussi au fait que des hommes politiques influents adoptèrent le christianisme, notamment le fils du khan Bay, khan Sartak. Au XIVe siècle, après une longue série de pogroms massifs, l’Église déclina. Ses frontières se réduisirent au territoire du Kurdistan, de la Syrie et de l’Inde. L’invasion de Tamerlan aggrava considérablement la situation de l’Église assyrienne. A compter du XVIIe siècle, la capitale de l’Église devint le village de Qudshanis (Kochanis), en Turquie, et les chrétiens assyriens formèrent leur propre millet (communauté religieuse auto-administrée officiellement reconnue) dans l’Empire ottoman. A la fin du XIXe siècle, les Assyriens se prirent à rêver de fonder un gouvernement autonome ou leur propre État. Pendant la Première Guerre mondiale, les Assyriens furent réprimés par les autorités turques, des milliers d’entre eux furent tués ou périrent dans des déplacements forcés. Une grande partie des Assyriens quitta la patrie historique pour se disperser dans le monde. En 1954, le patriarche fut envoyé en exil et son siège resta longtemps situé aux États-Unis.
Aujourd’hui, l’Église se compose des diocèses d’Irak, d’Iran et de Russie ; d’Inde et des Émirats arabes unis ; de Syrie ; d’Australie, de Nouvelle-Zélande et du Liban ; d’Europe ; de l’Est des États-Unis ; de l’Ouest des États-Unis ; de Californie ; du Canada. Depuis 2021, son primat est le catholicos-patriarche Mar Awa III. Depuis 2015, la résidence du catholicos est à Erbil, en Irak. L’Église compte 400 000 fidèles.
L’Église assyrienne de l’Orient confesse le Symbole de foi de Nicée et reconnaît les deux premiers conciles œcuméniques. Sa doctrine est fondée sur la tradition de l’école théologique d’Antioche. Elle vénère particulièrement les théologiens Diodore de Tarse, Théodore de Mopsueste et Nestor de Constantinople. La vénération de ce dernier lui a valu dans l’historiographie la réputation d’être nestorienne. Cependant, l’Église assyrienne le nie, se référant au Livre d’Héraclide, la dernière œuvre de Nestor dans laquelle il énonce une doctrine considérablement différente du nestorianisme condamné au IIIe Concile œcuménique. A l’heure actuelle, il est difficile de parler d’une dogmatique systématique de l’Église assyrienne de l’Orient, son patrimoine théologique est dispersé. Deux grandes écoles de théologie se sont distinguées : celle d’Édesse et celle de Nisibe (Nousseïbine). Ephrem le Syrien, saint Jacques de Nisibe, Aphraate de Perse, Narsaï de Nisibe, Babaï le Grand font partie de ses grands théologiens. La formule christologique traditionnelle a été fixée par Babaï le Grand au VIIe siècle : « Deux natures, deux qnomé en une personne et en une seule volonté du Christ. »
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Le catholicos-patriarche Mar Awa III (né en 1975) est primat de l’Église assyrienne de l’Orient depuis le 13 septembre 2021. Né à Chicago, il a fait ses études à l’université Ignace Loyola de Chicago (1997), à l’université Sainte-Marie du Lac (Saint Mary of the Lake, Illinois, États-Unis, 1999), à l’Institut pontifical oriental (Rome, Italie, 2001) et a soutenu une thèse en 2007.
En 1991, à l’âge de 16 ans, il a été consacré sous-diacre. En 1992, Sa Sainteté mar Dinkha IV l’ordonne diacre. En 2006, il est ordonné chorévêque, puis élevé au rang de protopresbytre deux ans plus tard.
En 2008, il est consacré évêque et devient ainsi le premier hiérarque de l’Église assyrienne de l’Orient d’origine américaine. A partir de 2015, il est secrétaire du Saint-Synode de l’Église assyrienne. En 2016, il devient co-président de la Commission de dialogue entre l’Église orthodoxe russe et l’Église assyrienne de l’Orient.
Le 8 septembre 2021, il est élu primat de l’Église assyrienne de l’Orient pendant la réunion du Saint-Synode d’Erbil. L’intronisation a eu lieu le 13 septembre 2021 à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste d’Ankawa.