Les représentants des Églises orthodoxes locales: les schismatiques ne peuvent revenir dans l’Église qu’après repentir
A la fin du mois de juillet, la capitale ukrainienne, qui fêtait le 20e anniversaire du ministère de Sa Béatitude le métropolite Vladimir à la chaire de Kiev, a accueilli des délégations des Églises orthodoxes locales de Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem, des Églises géorgienne, serbe, bulgare, chypriote, grecque et polonaise, de l’Église des terres tchèques et de Slovaquie, de l’Église orthodoxe en Amérique. Le jour de la fête de saint Vladimir, les membres de ces délégations ainsi que le métropolite Vladimir de Kiev et de toute l’Ukraine, les membres du Saint Synode de l’Église orthodoxe russe et d’autres hiérarques ont concélébré avec le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie une Divine liturgie sur l’esplanade de la Laure de la Dormition des Grottes de Kiev.
Pendant leur séjour à Kiev, différents représentants des Églises locales se sont exprimés dans une interview au portail « Orthodoxie en Ukraine » sur le problème du schisme ukrainien.
Le chef de la délégation du Patriarcat de Constantinople, le métropolite Emmanuel de France, a exprimé sa certitude qu’il n’existe « qu’une seule voie, qu’une seule méthode : le retour des schismatiques au sein de l’Eglise orthodoxe dont le métropolite Vladimir est le primat. » « Nous estimons que la personnalité et l’action du métropolite Vladimir pendant ces vingt dernières années ont été et restent le facteur essentiel de la stabilité de la vie ecclésiale en Ukraine. »
Le métropolite Emmanuel a également rappelé que « le patriarcat de Constantinople n’a aucun lien avec les schismatiques. Le patriarcat de Constantinople n’a pas reconnu et ne reconnaîtra pas le prétendu patriarcat de Kiev. Il ne saurait être question d’une reconnaissance unilatérale des schismatiques. L’affirmation récurrente d’une prétendue reconnaissance ne correspond en aucun cas à la réalité. Le métropolite a comparé ces affirmations à une célèbre pièce de Shakespeare : « Comme Shakespeare, le métropolite Philarète essaye d’écrire son propre Songe d’une nuit d’été ».
S’entretenant avec le correspondant, Mgr Emmanuel a également abordé le thème des relations entre Constantinople et l’Église orthodoxe russe : « Les relations entre Constantinople et Moscou se sont aujourd’hui considérablement améliorées. Ces relations nous sont précieuses comme la prunelle de nos yeux. Il a fallu de longues années d’efforts pour aboutir à ce résultat » a dit le métropolite, se disant certain que le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie était disposé à résoudre les questions à l’ordre du jour.
Le représentant de l’Église orthodoxe d’Antioche, le métropolite Pierre d’Aksoum, s’est également exprimé sans équivoque sur une possible reconnaissance des schismatiques par d’autres Églises locales. Selon lui, les manifestations jubilaires qui se sont déroulées à Kiev témoignent de la stabilité qui existe aujourd’hui dans l’Église ukrainienne. « Rien ne peut détruire ni ébranler le calme de l’Église » est-il certain.
Le métropolite Gabriel de Lovech, chef de l’Église orthodoxe bulgare a raconté comment été apparu et avait été surmonté un schisme en Bulgarie, remarquant que « l’état avait à l’époque, en 1992, favorisé l’apparition d’un schisme. Puis une loi sur les confessions religieuses avait été adoptée qui annulait le schisme dans les faits. Le gouvernement a mieux compris la situation en constatant qu’aucune Église orthodoxe ne reconnaissait les schismatiques, que toutes ne reconnaissaient que l’Église canonique. Les gens du gouvernement sont des laïcs, ils ne sont pas toujours à même de comprendre ces choses, mais ils ont bien vu que l’Église orthodoxe restait unie et ne reconnaissait pas les schismatiques. »
Le prélat bulgare a mis en exergue le rôle du Concile panorthodoxe qui s’est déroulé à Sofia en 1998. « Il a invité les schismatiques en tant que schismatiques, et non comme membres d’une Église canonique, exigeant d’eux qu’ils se repentent » a constaté Mgr Gabriel. « Et tous ont écrit qu’ils se repentaient, qu’ils comprenaient qu’ils avaient péché ».
Si l’Église orthodoxe ukrainienne reçoit ceux qui sont actuellement dans le schisme, les Églises locales les reconnaîtront. Les schismatiques en tant que tels ne seront jamais reconnus, a martelé le métropolite de Lovech.
Le métropolite Nicolas de Mesogaia et Lavreotiki, de l’Église orthodoxe de Grèce, a déclaré à son tour qu’il ne pouvait être question de reconnaissance du “Patriarcat de Kiev”, dans la mesure où les Églises orthodoxes locales ne reconnaissaient que l’Église orthodoxe canonique. “Guérir le schisme, c’est l’affaire intérieure de l’Église orthodoxe ukrainienne et elle doit le faire comme elle l’entend, sans pression de la part des autres Églises orthodoxes locales” a-t-il précisé.
Le métropolite Nicolas a donné son opinion sur l’impossibilité de la reconnaissance des “sacrements” célébrés par les schismatiques, racontant comment l’Église s’était comportée en Grèce dans une situation similaire: le Saint Synode de l’Église grecque avait décidé de ne pas reconnaître le baptême conféré par les vieux-calendaristes qui rejetaient l’Église canonique, les recevant en son sein uniquement par le rebaptême.
L’archevêque Abel de Lublin, représentant aux festivités l’Église orthodoxe de Pologne souligne: “Le schisme est un péché et tout péché ne peut être effacé que par le repentir. L’Église possède une structure qui lui est propre, une discipline et un droit canon. On n’a pas le droit de manipuler l’Église. Il existe dans l’Église une voie simple et bien définie.”
Il a également déclaré l’impossibilité de reconnaître les “sacrements” des schismatiques. Poursuivant sur ce thème, le hiérarque a raconté: “En Pologne, nous vivons dans des conditions délicates car les orthodoxes sont très peu nombreux. Nous sommes parvenus à signer avec l’Église catholique-romaine une déclaration sur la reconnaissance mutuelle du sacrement du Baptême, dans la mesure où les mariages mixtes sont nombreux en Pologne et où cette question revient de toutes façons. Mais le problème n’est pas le même avec l’Église catholique romaine, car la succession apostolique a été conservée dans les deux Églises... Les schismatiques peuvent nous juger, dire que nous recevons les catholiques et les rejetons eux qui sont orthodoxes. Mais il faut voir en profondeur, car le problème vient avant tout du chef”. Le hiérarque a rappelé que le chef du “Patriarcat de Kiev” faisait l’objet d’un anathème et que la structure qu’il présidait n’avait pas place parmi les Églises canoniques.
Le membre de la délégation de l’Église orthodoxe des terres tchèques et de Slovaquie, l’archimandrite Séraphim (Chemiatovski) a redit que la pratique de conférer le sacrement du baptême à ceux qui avaient été baptisés dans le schisme était ordinaire dans d’autres Églises. “Il arrive que nous rebaptisions même ceux qui viennent de l’Église gréco-catholique. S’il s’agit d’un prêtre, on le rebaptise, puis on l’ordonne à nouveau” a-t-il raconté.