Sa Sainteté le Patriarche Cyrille a présidé la célébration de la Divine liturgie sur l’esplanade de la cathédrale de Kichinev
Le 8 septembre 2013, jour de la Rencontre de l’icône de la Vierge de Vladimir, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a présidé la célébration de la Divine liturgie devant l’esplanade de la cathédrale de la Nativité du Christ de Kichinev (Chisenau).
Sa Sainteté concélébrait avec le métropolite Vladimir de Kichinev et de toute la Moldavie, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Onuphre de Tchernovitz et de Bukovine : le métropolite Antoine de Borispol, chancelier de l’Église orthodoxe ukrainienne ; l’archevêque Sabbas de Tiraspol et de Dubăsari, ainsi que de nombreux autres hiérarques et clercs des Églises orthodoxes russe, ukrainienne et moldave, parmi lesquels les membres de la délégation officielle du Patriarcat de Moscou : l’archiprêtre Vsevolod Tchapline, président du Département des relations entre l’Église et la société, l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du DREE, l’archiprêtre Igor Iakimtchouk, secrétaire du DREE aux relations interorthodoxes, l’archidiacre Vladimir Nazarkine, assistant du président du DREE.
Le président de la République de Moldavie, Nicolae Timofti, le premier-ministre Iurie Leancă, le président du Parlement moldave I. Korman, l’ambassadeur de Russie en Moldavie F. Moukhametchine, les leaders de différents partis politiques moldaves assistaient à la célébration.
Une dizaine de milliers de fidèles étaient assemblés sur l’esplanade. La liturgie était retransmise en direct à la télévision.
Après la liturgie, le métropolite Vladimir de Kichinev et de toute la Moldavie a salué le Primat de l’Église orthodoxe russe lui disant notamment : « C’est une grande fête aujourd’hui chez nous : nous célébrons le bicentenaire de la création du diocèse de Kichinev qui, fidèle à ses racines tout au long de son histoire, est devenue aujourd’hui la métropole de Kichinev et de Moldavie, dite aussi Église orthodoxe en Moldavie.
Le métropolite Vladimir s’est plus particulièrement arrêté à la vie du premier évêque du diocèse de Kichinev, le métropolite Gabriel (Bănulescu-Bodoni), dont le Patriarche Cyrille a visité la tombe. « Nous savons que le métropolite Gabriel était un grand patriote, a poursuivi le métropolite Vladimir. Il était un grand homme de notre sainte Église orthodoxe. Nous savons à quelle époque difficile il a vécu. Arrêté par les autorités turques qui le forcèrent à sortir de la juridiction de l’Église russe, il a dit : « Je suis un moine. Personne ne me pleurera. J’ai prêté serment et j’estime que ce serait pécher que de trahir l’Église au nom de quelques années de vie supplémenaire ». Nous sommes fidèles à l’idéal qui s’incarne dans ces mots prononcés par notre premier métropolite ».
Remarquant l’immense intérêt porté par Sa Sainteté le Patriarche à la vie de l’Église en Moldavie, le métropolite Vladimir a dit : « Vous vous êtes intéressé à la vie de nos chrétiens orthodoxes, à la vie de nos monastères. C’est tout naturel, parce que vous êtes notre Patriarche commun, aussi bien des moldaves, que des gagaouzes, des bulgares et des roumains, des ukrainiens, des biélorusses et des autres nations entrant dans la juridiction de l’Église orthodoxe russe. »
« Sainteté ! Regardez tous ces gens qui sont venus aujourd’hui sur cette place pour vous rencontrer, pour recevoir votre bénédiction, pour se réjouir avec vous. C’est le pieux peuple de Moldavie qui reste fidèle à sa hiérarchie et à notre sainte Église orthodoxe.
En mémoire de cette visite du Patriarche Cyrille en Moldavie, le métropolite Vladimir lui a remis une image du saint voïvode Stéphane le Grand.
Le Patriarche Cyrille a ensuite prononcé une homélie.
« Mon cœur s’emplit de joie, lorsque je vous vois tous, rassemblés ici en si grand nombre, sur la place centrale, devant la cathédrale de cité de Kichinev. Nous ne sommes pas aujourd’hui rassemblés pour proclamer des idées politiques, ni pour défendre je ne sais quels droits, ni pour nous opposer les uns aux autres. Nous ne sommes pas là non plus pour que les uns remportent une victoire sur les autres. Nous sommes rassemblés comme un seul peuple. Ceux de droite et ceux de gauche, les centristes de conviction et les gens les plus éloignés de toute politique, jeunes et vieux, clercs et laïcs, gens instruits et hommes simples. Nous sommes le peuple. Et nous sommes rassemblés aujourd’hui non par curiosité, ni pour nous amuser, mais pour entourer l’autel divin sur lequel vient d’être célébrée la Divine liturgie, ce trésor et cette force spirituelle véritable donnée aux hommes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’homme fort ne fait jamais démonstration de sa force. Les grands sportifs, qui possèdent une grande force, ne se battent jamais contre des gens simples, ils ne cherchent pas à prouver quoi que ce soit par la force, car telle est la particularité de l’homme fort. Ceux qui font démonstration de leur force sont ceux qui ont quelque chose à prouver. Nous témoignons aujourd’hui de ce que la véritable force spirituelle du peuple moldave, c’est la foi orthodoxe qui unit les gens, qui détermine leur morale, qui dessine le système de valeurs dont chacun vit. C’est pourquoi ce système de valeurs ne nous est pas venu d’intérêts passagers, ni d’une mode passagère, ce système s’est transmis de génération en génération. Il ne prend pas sa source en l’homme, mais en Dieu. Nous savons, les plus anciens d’entre vous ainsi que les gens d’âge mûr s’en souviennent, que cette église avait été fermée. Ces mêmes générations se souviennent du temps où le clocher avait été démoli. Du temps où se dire orthodoxe était impossible. Où la confession publique de la foi exigeait du courage. A l’époque, l’énorme machine de l’état travaillait pour démonter ce système de valeurs morales et spirituelles et cette philosophie, mais rien n’y a fait. Qu’est-ce que pourrait mieux démontrer que l’œuvre de Dieu est plus forte que toute œuvre humaine ? La parole de Dieu et la loi de Dieu sont plus fortes que toute parole humaine. Il n’y a pas si longtemps encore, les lois humaines correspondaient à la parole divine, qui s’introduit dans la vie humaine par le principe morale. La moralité et la loi ont toujours été liées, c’est pourquoi les lois étaient facile à observer car la loi divine morale était ainsi formulée dans une langue humaine, en langage politique.
Nous savons qu’il y a eu dans l’histoire des situations où les lois contredisaient la moralité. Et les gens ne les observaient plus. La conscience rejetait les lois du fascisme, rejetait les lois de l’apartheid en Afrique du Sud, bien que le pouvoir travailler à les affermir. Pourquoi ? Parce qu’elles ne correspondaient pas à la justice divine et au principe moral. Je souhaite que la puissante base spirituelle contenue dans la foi profonde du peuple moldave, trouve son incarnation et son expression dans les lois et dans la pratique politique. Pour qu’il n’y ait jamais de conflit entre le pouvoir et le peuple parce que certains s’écartent de la voie de Dieu. Les fondations divines sont inébranlables et quelles que soient les forces qui lui lancent un défi, elles sont temporaires, passagères, elles seront toujours vaincues par la force divine. Et pour que la vie soit belle, paisible, pour que les relations entre le pouvoir et le peuple soient harmonieuses, il est très important que ce grand potentiel qu’est la foi présente dans la vie du peuple moldave se développe pleinement et affermisse la vie des gens.
Aujourd’hui, nous avons prié tous ensemble pour la même chose, nous qui avons des opinoins et des convictions politiques différentes : la prospérité de la Moldavie. Je demande au Seigneur d’étendre sa miséricorde à cette terre, au peuple de Moldavie, pour que cessent les conflits, les confrontations, pour que les gens trouvent en eux la force de construire leur avenir ensemble en partant du fondement spirituel commun parce qu’il n’y a rien hors de ce fondement qui puisse unir le peuple de Moldavie. Tout le reste est particulier, temporaire, passager, tandis que la foi est éternelle parce que le fondement de la foi, c’est le Seigneur. Et je crois que le Seigneur fera miséricorde et que les difficultés économiques actuelles qui obligent souvent les gens à se lever et à quitter leurs maisons, à partir pour des pays lointains, abandonnant leurs enfants, tout cela passera. La Moldavie est un petit pays, mais elle a assez de forces pour bâtir une vie paisible, prospère et calme. Dieu fasse qu’il en soit ainsi.
Souvenons-nous également de ce que les problèmes extérieurs, dont les problèmes économiques, sont passagers. Il nous semble parfois que les difficultés du jour sont si terribles qu’elles nous brouillent la vue, nous ne voyons plus qu’elles. Les années passent et les gens oublient. Mais les dommages portés à la vie d’un peuple ont des conséquences pénibles. Et nous avons l’exemple du pays dans lequel nous avons tous vécu, une superpuissance aux ressources immenses, tant humaines que naturelles. Les efforts étaient tous centrés sur un même but, tous travaillaient à l’atteindre, mais on a tenté en même temps de détruire la foi, de briser la vie spirituelle du peuple. Et rien n’a marché, tout s’est effronté, tous ces efforts appartiennent au passé et sont déjà oubliés. Cet exemple frappant montre que sans Dieu on ne saurait construire des relations humaines. Nous savons que d’autres modes dominent aujourd’hui, que la religion est réduite à la sphère privée, beaucoup estiment qu’elle n’a pas sa place dans la sphère publique. Mais ces peuples deviennent faibles, incapables d’exploits. Et nous savons que lorsque ces peuples sont confrontés à d’autres, ce n’est pas le plus fort qui gagne, mais celui qui est spirituellement le plus fort. La Moldavie doit rester spirituellement forte. Le peuple doit conserver sa capacité à accomplir des exploits, non pas au nom de l’argent, ni pour faire carrière, parce qu’on ne fait pas d’exploit pour l’argent ou au nom de sa carrière, mais au nom des intérêts commun du peuple, au nom de la patrie, de la foi. Et nous savons que pour atteindre ces buts, l’homme est capable de donner sa vie, et c’est en cela que consiste l’exploit.
Que le Seigneur vous donne la force, chers amis. J’aimerais vous dire aussi que je suis heureux de prier avec vous aujourd’hui (...) »
Le Patriarche a parlé ensuite du 1025e anniversaire du baptême de la Russie, du bicentenaire du diocèse de Kichinev, des progrès accomplis durant les 25 dernières années, avant de remercier le métropolite Vladimir de ses efforts, ainsi que tous les clercs.
Le Primat a ensuite offert une icône de la Mère de Dieu « Hodiguitria » pour l’église de la Nativité, ramenée du Mont Athos.