Début des troisièmes cours de formation continue pour les nouveaux hiérarques de l’Église orthodoxe russe
Le 21 octobre 2013, avec la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, des cours de formation continue de deux semaines pour les nouveaux hiérarques de l’Église orthodoxe ont débuté à l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode. Semblables cours de formation continue sont organisés pour la troisième fois.
Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, recteur de l’Institut, a prononcé une conférence d’ouverture. Elle était consacrée aux relations ecclésiastiques extérieures de l’Église orthodoxe russe.
Mgr Hilarion a brièvement rappelé l’histoire de l’une des plus anciennes institutions synodales, parlant de ceux qui, à différentes époques, ont présidé le DREE, soulignant en particulier que le président du département avait été pendant deux décennies le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad, aujourd’hui Patriarche de Moscou et de toute la Russie. Il a occupé ce poste à une période de transition dans l’histoire nationale. « C’était l’époque où l’Union soviétique se désagrégeait, alors que l’idéologie athéiste faiblissait, que le pouvoir de l’état était également très affaibli. Des conflits entre nations se sont enflammés sur pratiquement tout le territoire de l’Union soviétique. L’Église devait réagir le plus rapidement possible face à une situation qui changeait » a rappelé Mgr Hilarion, insistant sur le rôle pacifique de l’Église orthodoxe aussi bien dans les situations de conflits internationaux, que dans le contexte de guerres civiles.
Le Département des relations ecclésiastiques extérieures poursuit aujourd’hui ses travaux dans plusieurs domaines : dialogue interorthodoxe, dialogue interchrétien, étranger lointain, expatriés, dialogue interreligieux en dehors de la Russie.
Le président du DREE a constaté que la vie de l’Église orthodoxe russe s’était définie ces 25 dernières années par une renaissance de grande ampleur. Dans cette période, grâce aux paroissiens aidés par des fondations caritatives, et avec le soutien de l’état, 25 000 églises ont été ouvertes, ainsi que 800 monastères. Ce fait prend encore plus d’importance face à la sécularisation rapide de la société européenne.
« Les conditions particulières dans lesquelles évolue notre Église l’obligent et la forcent à intensifier son activité à l’étranger » a poursuivi le métropolite Hilarion.
Le président du DREE a parlé de la collaboration des Églises orthodoxes locales, de la préparation du Concile panorthodoxe qui se poursuit depuis plus de 50 ans. En 1961 s’était déroulée une conférence panorthodoxe au cours de laquelle plus de 100 thèmes s’étaient dégagés. Lors des rencontres suivantes, le catalogue des thèmes avait été réduit et les Églises orthodoxes avaient pris la décision de limiter la discussion à dix thèmes essentiels formulés lors de la première assemblée préconciliaire panorthodoxe de Chambésy en 1976. Parmi ces thèmes, la diaspora orthodoxe, l’autocéphalie et le mode de sa proclamation, l’autonomie et les modes de sa proclamation, les dyptiques, la question du calendrier, les empêchements au mariage, le jeûne, les relations des Églises orthodoxes avec le reste du monde chrétien, l’Orthodoxie et le mouvement œcuménique, la contribution des Églises orthodoxes locales au triomphe des idées chrétiennes de paix, de fraternité et d’amour entre les peuples et l’élimination de la discrimination raciale.
Ces thèmes sont toujours discutés au niveau interorthodoxe. Ces dernières années, un accord a été trouvé sur huit des dix questions débattues. Le métropolite Hilarion a également affirmé que certains documents, élaborés auparavant, par exemple sur la question de l’œcuménisme et sur l’application des idées chrétiennes de paix, de liberté, de fraternité et d’amour entre les peuples devaient être réécrits en tenant compte de la problématique actuelle, en particulier des persécutions contre les chrétiens en Afrique du Nord et en Asie du Sud-Est.
La nécessité d’une préparation minutieuse du Concile non seulement du point de vue du contenu, mais également de la procédure, afin que la position de chaque Église locale soit entendue, a été soulignée. A cet effet, le principe de consensus doit être strictement observé.
Abordant le thème des relations interchrétiennes, le métropolite Hilarion a rappelé que dans les relations avec les catholiques, en dehors du dialogue théologique, il importait de collaborer dans le domaine du ministère social et celui de la défense des valeurs morales. « Nous avons ici un large champ d’action, car dans le monde contemporain, les orthodoxes et les catholiques sont confrontés aux mêmes défis » a-t-il constaté. « Ce sont principalement les défis de l’idéologie laïque, qui ne reconnaît absolument aucune valeur morale absolue, d’où la propagande de l’homosexualité en Occident, avec la légalisation des unions homosexuelles, l’octroi aux couples homosexuels du droit à l’adoption, etc. Sur ces questions, notre approche est pratiquement identique à celle des catholiques. Et nous pouvons aujourd’hui, sans être d’accord avec l’Église catholique sur plusieurs questions théologiques et ecclésiologiques, travailler ensemble à la défense des valeurs morales traditionnelles. Nous développons activement cette direction ».
Évoquant les dénominations protestantes, le président du DREE a expliqué qu’aujourd’hui, à la veille du 500e anniversaire de la Réforme, le monde protestant se présentait comme un conglomérat disparate de communautés chrétiennes, dont certaines étaient relativement proches du catholicisme, tandis que d’autres s’en étaient totalement écartées. Certaines communautés protestantes sont attachées aux valeurs morales traditionnelles (les baptistes russes, par exemple), tandis que l’esprit libéral a prévalu dans d’autres. « Dans les années 70-80, sous l’influence du mouvement féministe, le libéralisme a incité des communautés protestantes à introduire le sacerdoce féminin ; on introduit aujourd’hui un épiscopat féminin. Quant à la doctrine morale, elle est modifiée dans plusieurs communautés et s’aligne sur les normes laïques contemporaines. Certaines ont déjà introduit un rite de bénédiction des unions homosexuelles. Nous cessons toute espèce de contacts avec ces communautés, parce que nous estimons qu’il y a une ligne à ne pas franchir ».
Le chef du DREE a formulé les principes sur lesquelles se basent les relations avec les communautés protestantes dans la situation actuelle : « Nous refusons de fait le dialogue théologique, bien que nous poursuivions un dialogue avec certaines d’entre elles afin de les prévenir de certaines avancées fatales, mais nous collaborons sur la problématique internationale et sociale. Ces dernières années, le problème des persécutions contre les chrétiens au Moyen Orient et en Afrique du Nord se pose à l’ensemble du monde chrétien. A mon avis, c’est aujourd’hui le problème numéro un. Il s’agit de maintenir le christianisme dans la région où il est né et où il a existé pendant deux millénaires. »
Mgr Hilarion a rappelé que sous Saddam Hussein un million et demi de chrétiens vivaient en Irak. Il n’en reste que 250 ou 150 mille, soit un dixième. « Nous voyons ce qui se passe en Égypte, où les musulmans attaquent les églises coptes, où la population chrétienne est forcée à un exode massif. Il n’y a presque plus de chrétiens en Lybie, en Afghanistan, au Pakistan. L’existence du christianisme est menacée en Syrie, car si ceux qui coupent les têtes des chrétiens, pillent les églises chrétiennes et profanent les sanctuaires arrivent au pouvoir, ils ne permettront pas aux chrétiens d’exister dans cette antique terre. Il s’agit en fait du sort de toute une Église locale, l’Église d’Antioche. C’est une question très sérieuse, qui exige des efforts solidaires, y compris les efforts des Églises chrétiennes. Et je dois dire que notre dialogue porte certains fruits. »
Il a été remarqué ensuite que le dialogue avec les communautés protestantes était mené aussi bien au niveau bilatéral que dans le cadre d’organisations chrétiennes internationales.
25 évêques récemment nommés assistaient à cette première conférence.
Dans le cadre de la formation continue seront étudiés les thèmes des relations entre l’Église et l’état, de l’organisation de l’Église, des questions d’actualité sur la société et la théologie académique. Les auditeurs de la formation concélébreront avec le Patriarche Cyrille. Ils s’entretiendront avec le Primat de l’Église.
Par ailleurs, les nouveaux évêques prendront part à l’ouverture de la conférence internationale « Réflexion scientifique et théologique sur le martyre, la confession de foi et les répressions » qui aura lieu du 24 au 26 octobre 2013.
Le second cours sera donné par le vice-recteur de l’Institut des Hautes Études du Patriarcat de Moscou, l’archiprêtre Vladimir Chmaly, qui consacrera sa conférence à la science théologique.