Le métropolite Hilarion de Volokolamsk participe à la clôture du IV Festival de Noël de musique sacrée
Le 22 janvier 2014 se déroulait le concert de clôture du IV Festival de Noël de musique sacrée. Des ensembles russes et étrangers participaient à ce forum musical, qui avait lieu avec la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille. Parmi les collectifs présents, on comptait le Chœur patriarcal de la cathédrale de la Sainte-Trinité de Tbilissi, la chorale d’enfants et l’ensemble vocal de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, la manécanterie et le chœur d’hommes du monastère Saint-Florian (Autriche), le Chœur synodale de Moscou, les chœurs de la Laure de la Trinité-Saint-Serge et de la Laure Saint-Alexandre-Nevski, les chœurs d’hommes des monastères de la Sainte Rencontre et de Saint-Daniel, l’ensemble de chant sacré russe ancien « Sirine ».
Vladimir Spivakov, président de la Maison internationale de la musique de Moscou, et le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, étaient les directeurs artistiques du Festival.
Suivant la tradition, le Festival de Noël s’est achevé par un concert du Grand Chœur académique « Maîtres du chant choral » et de l’Orchestre national symphonique russe sous la direction de Vladimir Spivakov. Le concert avait lieu à la Maison internationale de la musique de Moscou. Le métropolite Hilarion a prononcé un discours d’ouverture, dans lequel il soulignait l’importance du festival comme évènement culturel et spirituel dans la vie du pays et de la capitale. « Pourquoi la musique sacrée est-elle importante pour nous ? Parce que c’est la langue dans laquelle nous parlons à Dieu, grâce à laquelle l’Église loue le Seigneur depuis déjà vingt siècles. Cette musique diffère selon les pays, mais elle a partout le même élan spirituel et est toujours le reflet de l’aspiration de l’homme vers Dieu, cette aspiration qui est inscrite dans l’âme humaine par le Créateur Lui-même. C’est pourquoi nous avons entendu des musiques très différentes : orthodoxe, catholique, russe, œuvres de compositeurs étrangers et pièces dont l’auteur est inconnu car nombre d’œuvres sacrées sont le fruit d’un auteur collectif, l’esprit conciliaire de l’Église qui se reflète dans les chants et dans les signes qui transcrivent cette musique.
Ces derniers mois, j’ai eu l’honneur de retravailler les œuvres musicales sacrées de Tchaïkovski, en vue de la prochaine édition complète de son œuvre. Retravailler, c’est beaucoup dire, aucune modification ne sera apportée à la partition originale. Ce travail a été pour moi l’occasion de toucher de près à l’art d’un grand compositeur que la majorité absolue des auditeurs ne connaissent pas pour sa musique sacrée, mais pour ses ballets, ses opéras, ses symphonies. Je pense que je ne me trompe pas en disant que Tchaïkovski est aujourd’hui le compositeur le plus interprété dans le monde, mais bien peu de ses admirateurs, même parmi les plus ardents, savent qu’il a écrit de la musique sacrée. Pourtant, Tchaïkovski était profondément croyant et l’Église n’était pas seulement pour lui le signe d’une appartenance culturelle à une communauté traditionnelle : il prenait la foi avec beaucoup de sérieux. Il assistait assez régulièrement aux offices et de nombreuses pages de son journal intime et de ses lettres décrivent ses impressions après la visite d’une église.
Tchaïkovski envisageait la liturgie à la fois en tant que chrétien et en tant qu’artiste. C’est pourquoi l’aspect esthétique de l’office était loin d’occuper pour lui la dernière place. Dans sa musique sacrée, il exprime la recherche de l’harmonie intérieure qu’il a poursuivie tout au long de sa vie. Dans ses lettres à la baronne Van Meck, avec laquelle il entretenait une correspondance presque journalière, Tchaïkovski décrit en détail la genèse de ses « Vigiles » et de sa « Divine liturgie ». Il eut aussi à retravailler les œuvres du grand compositeur Bortnianski, envers lequel il était d’ailleurs passablement critique. Tchaïkovski avait étudié les mélodies anciennes et cet intérêt se retrouve dans ses «Vigiles ».
Au XX siècle, Rakhmaninov a poursuivi sur cette voie, en écrivant à son tour des « Vigiles » et une « Divine Liturgie » immortelles.
Nous entendrons aujourd’hui des œuvres de ces deux auteurs et nous sentirons ce qu’ils ont voulu exprimer, à la fois leur maîtrise en tant que compositeur et leur amour pour Dieu qui se fait sentir dans ces pièces étonnantes.
Le chant choral renaît peu à peu dans notre pays. Il faut constater que les années 90 et 2000 ont été une période de déclin du chant choral laïc, tandis qu’au contraire, en même temps qu’on reconstruisait les églises et qu’on ouvrait des monastères, une quantité incroyable de chorales d’églises ont été fondées. Il suffit de dire que l’Église orthodoxe russe possède 33000 églises et plus de 800 monastères. Ce qui veut dire que nous avons au moins 34000 chorales. La qualité de ces chœurs est très variée, naturellement, de même que le nombre des choristes, mais parmi ces ensembles, il y en a de remarquables, capables de rivaliser avec les meilleurs chorales laïques.
J’ajouterai que la musique chorale laïque commence à renaître. La société chorale russe, créée récemment et placée sous le patronage du Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine y a pour beaucoup contribué. Elle fait beaucoup pour intéresser les jeunes et les enfants au chant choral. Nous avons appris récemment qu’un chœur de mille enfants choisis sur tout le territoire russe chantera lors de la clôture des Jeux Olympique de Sotchi. C’est un début (…) »
Le métropolite Hilarion a remis à P. Pojigaïlo, président de la Commission de la Chambre publique russe à la culture et à la conservation du patrimoine historique et culturel, à l’origine de la création de la Société chorale russe l’ordre de Saint-Daniel de Moscou. « J’aimerais que la renaissance du chant choral dans notre patrie se développe, avec le soutien de l’état. Merci de vos efforts dans ce domaine ».
Le Président du DREE a également remercié V. Spivakov pour l’organisation du Festival et sa participation personnelle.