Le Patriarche Cyrille a reçu l’ambassadeur britannique, L. Bristow
Le 5 avril 2016, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a reçu au monastère Saint-Daniel l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Grande-Bretagne en Fédération de Russie, Laurie Bristow.
L’ambassadeur était accompagné de Martin Harris, ministre et adjoint au chef de la mission diplomatique britannique en Russie, et de Jonathan Evans, premier secrétaire de l’ambassade. L’archimandrite Philarète (Boulekov), vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et l’archiprêtre Serguiy Zvonariov, secrétaire du DREE aux affaires de l’étranger lointain, représentaient également la partie russe.
Le Primat de l’Église orthodoxe russe a félicité L. Bristow de son accession au poste de chef de la mission britannique à Moscou.
La tradition de bonnes relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église d’Angleterre, remontant au XVI siècle, est un facteur déterminant dans les relations de l’Église avec la Grande-Bretagne et le peuple britannique, a constaté le Patriarche Cyrille. Les contacts ont été particulièrement intensifs à la fin du XIX siècle et au début du XX. L’époque soviétique et ses difficultés n’ont pas interrompu ces bonnes relations. Ainsi, pendant la Seconde guerre mondiale, en 1943, l’archevêque d’York Cyril Garbett est venu à Moscou ; le Patriarche Alexis I s’est rendu à son tour en Grande-Bretagne après la guerre.
« Depuis, les relations bilatérales restent assez intensives, et se développent actuellement » a constaté le Patriarche, soulignant que l’Église orthodoxe russe approuvait la position de l’Église anglicane sur la conception chrétienne du mariage. « En janvier dernier, l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, a organisé une rencontre des primats de l’Église anglicane, qui a permis à la Communauté anglicane de déclarer clairement sa position sur ce thème, et cette position est proche de celle de l’Église orthodoxe russe, a déclaré le Patriarche Cyrille. Ce fait crée de bonnes conditions pour la poursuite de notre coopération. J’espère qu’elle se développera, ce dont profiteront notamment les rapports russo-britanniques. »
Sa Sainteté a aussi mentionné les problèmes concrets que les chrétiens doivent aujourd’hui résoudre ensemble, à commencer par la question de la défense des communautés chrétiennes soumises à des persécutions. « Ce qui se passe au Proche Orient, en Afrique du Nord, au Pakistan, au Nigéria et dans d’autres pays, témoigne des terribles pressions dont font l’objet les chrétiens, plus effrayantes que sous l’Empire romain, plus effrayantes qu’en Union soviétique. Selon l’OSCE, un chrétien est tué toutes les cinq minutes, a souligné le Primat de l’Église orthodoxe russe. J’ai été stupéfait en apprenant le crime monstrueux commis récemment au Pakistan, lorsqu’un prêtre a été crucifié le jour de Pâques. Nous savons aussi que des villages entiers de chrétiens sont exterminés. »
En 2002, la communauté chrétienne d’Irak, où s’était rendu alors Sa Sainteté, comptait un million et demi de personnes. Il n’en reste aujourd’hui que 150 000. En 2011, lorsque les opérations militaires ont débuté en Syrie, le Patriarche de Moscou et de toute la Russie s’est rendu dans ce pays dont il avait rencontré les leaders chrétiens. Un million et demi de chrétiens vivaient alors en Syrie. Ils sont aujourd’hui 500 000 ; par ailleurs, un grand nombre d’églises ont été détruites par les extrémistes. Quant à la Libye, on peut dire que la communauté chrétienne y a été éradiquée.
Afin de sauver les chrétiens persécutés et menacés d’extermination physique, les leaders religieux et les hommes politiques doivent agir ensemble, a assuré le Patriarche Cyrille. Le Primat de l’Église orthodoxe russe a remarqué que la question des chrétiens persécutés avait été le thème principal de sa rencontre avec le Pape François de Rome en février dernier.
Le Patriarche Cyrille a aussi constaté que des pressions contre les chrétiens s’exerçaient aussi dans les pays développés. « Au nom de la tolérance, on affirme qu’il ne doit pas y avoir de signes visibles d’appartenance à l’Église chrétienne, a constaté Sa Sainteté. Nous estimons que les chrétiens ont les mêmes droits que les représentants de toute autre religion, particulièrement en Europe qui s’est développée sur des bases chrétiennes, de quelque façon qu’elle se considère aujourd’hui. Il s’agit d’une civilisation chrétienne qui, par la suite, en particulier ces derniers temps, a cessé de croire possible de dénommer chrétienne. Mais je suis profondément convaincu qu’elle le reste. C’est pourquoi, toute pression exercée sur les chrétiens à cause de l’expression extérieure de leur appartenance au christianisme ne peut, naturellement, que nous attrister. Nous estimons que les chrétiens ont les mêmes droits que les autres, et ne doivent en aucune façon être discriminés pour plaire à d’autres communautés religieuses. »
S’entretenant avec l’ambassadeur de Grande-Bretagne, le Patriarche Cyrille a rappelé qu’il existait depuis 1962 dans ce pays un diocèse un diocèse de Souroge, dépendant de l’Église orthodoxe russe. Par le nombre de paroisses et de fidèles, il occupe la deuxième place parmi les diocèses des différentes juridictions orthodoxes, après l’éparchie du Patriarcat de Constantinople.
« Plus largement, l’Orthodoxie russe est présente sur le sol britannique depuis 300 ans, a poursuivi le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. La première église a été ouverte en 1716, sur l’ordre de l’empereur Pierre I. Ses premiers paroissiens étaient des étudiants russes envoyés par Pierre I en Grande-Bretagne pour y parfaire leur formation. Des Grecs se sont bientôt joints à eux, ainsi que des représentants de différentes nationalités. Nous comptons les années de la présence de l’Orthodoxie russe dans votre pays à partir de cette date. »
« Sainteté, grand merci d’avoir trouvé le temps de me recevoir aujourd’hui », a dit à son tour Laurie Bristow, soulignant que la date du 300e anniversaire de l’Église orthodoxe russe sur le sol britannique était aussi une preuve très importante de la longue et riche histoire des relations russo-britanniques. « En fait, cette histoire a beaucoup plus de 300 ans, car le premier ambassadeur de Grande-Bretagne en Russie a été nommé il y a 450 ans » a-t-il ajouté, remarquant que la communauté russe en Grande-Bretagne et les Britanniques vivant en Fédération de Russie avaient une grande importance pour le développement des relations entre les deux peuples.
L’ambassadeur a constaté l’importance historique de la rencontre du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie avec le Pape François à Cuba. Il a également insisté sur les bonnes relations entre l’Église anglicane et l’Église orthodoxe russe.
Parlant du triste sort des communautés chrétiennes dans les pays où elles sont soumises à des persécutions, Laurie Bristow a souligné l’importance du dialogue interconfessionnel pour apporter une aide aux chrétiens persécutés.
Quant à la situation dans les pays européens, l’ambassadeur s’est dit certain qu’il était nécessaire que les gens de différentes opinions religieuses puissent confesser leur foi paisiblement en conformité avec les lois en vigueur dans chaque état.
A la fin de la rencontre, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a remis des cadeaux en souvenir à l’ambassadeur de Grande-Bretagne en Fédération de Russie Laurie Bristow et aux diplomates l’accompagnant.