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Le président du DREE a reçu un groupe de prêtres et de séminaristes catholiques de Cologne

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a reçu le 11 octobre 2016 un groupe de prêtres et de séminaristes catholiques de Cologne. La rencontre avait lieu à la grande salle du DREE.

Le prêtre Alexis Dikarev, du Secrétariat du DREE aux relations interchrétiennes, participait à la rencontre.

Le métropolite Hilarion a chaleureusement accueilli ses hôtes : « Je suis déjà allé à Cologne, je me souviens très bien de la majestueuse cathédrale de Cologne, et je suis très content que vous puissiez voir nos églises et la beauté de notre ville. »

L’hiérarque a relaté l’histoire de l’Église russe, parlé de l’importance de la foi orthodoxe pour les peuples de la Rus’ historique, soulignant que la foi chrétienne était implantée sur ces terres depuis plus d’un millénaire.

L’histoire du christianisme en Russie, rappelle Mgr Hilarion, remonte à 988, date à laquelle le prince Vladimir de Kiev reçut le baptême, puis fit ensuite baptiser son peuple. « Il n’y avait pas encore trois peuples, comme aujourd’hui, russe, ukrainien et biélorusse, mais un seul, et un seul état qu’on appelle habituellement Rus’ de Kiev. Grâce à saint Vladimir, cet état a adopté le christianisme sous sa forme orientale byzantine. Ce fut le début de l’histoire de l’Église russe, qui se poursuit jusqu’à nos jours. »

L’Église orthodoxe russe a traversé des époques très différentes : il y a eu des périodes de prospérité, et des périodes de persécutions, a constaté le président du DREE. L’Église russe est célèbre pour ses saints, qui appartenaient à différentes couches de l’édifice ecclésial : évêques, prêtres, moines, laïcs, et parmi ces derniers ceux que le calendrier appelle « pieux princes ». Le métropolite Hilarion de Volokolamsk a poursuivi : « Nous qualifions parfois notre pays de Sainte Russie, non pas parce que tous ceux qui y vivaient étaient des saints, mais parce que les gens s’efforçaient de suivre l’idéal de sainteté chrétienne. »

Cet idéal se reflète pleinement dans la culture russe. Selon Mgr Hilarion, durant des siècles, il n’y a pas eu d’autre culture que la culture religieuse en Russie. « La littérature russe ancienne est une littérature religieuse, notre peinture, durant des siècles, s’est résumée à l’iconographie. Les icônes russes sont aujourd’hui connues bien au-delà des frontières de la Rus’ historique, notamment la célèbre icône de la Sainte Trinité d’André Roublev. »

A partir de la fin du XVII siècle, une culture profane apparaît, qui conserva d’ailleurs longtemps ses racines chrétiennes. Les œuvres de la culture russe du XIX siècle, qui sont aujourd’hui connues dans le monde entier, sont pénétrées d’idées chrétiennes. Ce sont, notamment, les livres du grand écrivain russe, F. Dostoïevski. « Si vous voulez vraiment connaître le peuple russe, lisez Dostoïevski, a conseillé Mgr Hilarion à ses auditeurs. Ses romans appartiennent au genre littéraire philosophique. Dostoïevski montre que l’âme humaine peut contenir des principes contraires, que deux puissances opposées luttent dans le cœur, Dieu et le diable. Selon l’écrivain, l’homme est déchiré par des passions démoniaques, tout en aspirant fortement à Dieu.

L’histoire russe montre que chaque fois que le peuple s’est tourné vers Dieu, il a été entendu et comblé de bienfaits. Lorsqu’il se détournait de Dieu, au contraire, des temps difficiles commençaient. « L’an prochain, nous célébrerons le centenaire de la date la plus triste et la plus tragique de l’histoire russe : la révolution d’octobre 1917. Elle a amené au pouvoir des gens dont l’un des principes était de lutter contre Dieu, a poursuivi le métropolite Hilarion de Volokolamsk. A cette époque, l’église orthodoxe russe était une immense organisation religieuse, présente dans tous les coins de l’Empire russe et au-delà. Des dizaines de milliers d’églises, des centaines de monastères, tout un cortège de prêtres, une multitude d’évêques composait l’énorme infrastructure de l’Église au moment où les bolcheviks sont arrivés au pouvoir et ont mis en œuvre une politique de destruction systématique. Ils ont commencé par l’élimination physique du clergé : les prêtres étaient emprisonnés, déportés, fusillés. Presque tout le clergé y est passé. Quantité d’églises orthodoxes ont été dynamitées, de façon à ce que leur souvenir même soit perdu. L’église du Christ Sauveur, à Moscou (vous pourrez la voir, elle a été rebâtie) a été dynamitée en 1931, en même temps que des centaines d’autres églises. Celles qui restaient étaient transformées et utilisées à d’autres fins.

Dans les années 30, constate l’hiérarque, de l’immense infrastructure de l’Église orthodoxe russe, il restait une centaine d’églises en activité sur tout le territoire de l’Union soviétique.

« La situation a évoluée pendant la guerre, on a recommencé à ouvrir quelques églises ça et là. Mais la politique de répression s’est poursuivie jusqu’en 1988. Après la guerre, on a renoncé aux exécutions massives des ecclésiastiques, mais l’état est resté officiellement attaché à sa politique d’athéisme militant. L’athéisme faisait partie de l’éducation. La Bible était interdite, on ne pouvait l’acheter ni dans les librairies, ni même dans les boutiques dépendant des églises. D’une façon générale, on ne pouvait connaître le christianisme qu’en lisant de la littérature athéiste, a partagé le métropolite.

L’année 1988 a marqué un tournant. L’Église fêtait alors le millénaire du baptême de la Russie. Les autorités pensaient que cette célébration ne concernerait que l’Église, mais les choses ont tourné autrement. Le président du DREE a cité l’exemple de la ville de Viazma, au diocèse de Smolensk et de Viazma, dont l’évêque était alors Mgr Cyrille, aujourd’hui Patriarche de Moscou et de toute la Russie. « Le futur Patriarche a décidé d’organiser des cérémonies en l’honneur du millénaire du Baptême de la Russie, il a demandé aux autorités municipales de prêtre le stade de la ville pour la célébration de la Liturgie. Le maire a répondu : « Pourquoi le stade ? Vous n’aurez même pas mille personnes. » Finalement, 40 000 personnes sur les 60 000 que compte Viazma sont venues à la fête. Des scènes semblables ont eu lieu dans de nombreuses autres villes. »

L’Union soviétique était alors en pleine perestroïka : l’état était athée, mais les persécutions étaient, de fait, terminées. Il est alors apparu que l’Église avait toujours une grande autorité.

« Depuis, nous vivons ce qu’il est convenu d’appeler le second Baptême de la Russie », a dit Mgr Hilarion. Il a produit des statistiques, selon lesquels il n’y avait que 6000 paroisses sur l’ensemble du territoire de l’Union soviétique en 1988. Elles sont aujourd’hui 35 000. Cela veut dire qu’en 28 ans, nous avons construit ou restauré 29 000 églises, soit 1000 églises par an, ou trois églises par jour. Aujourd’hui, nous continuons à ouvrir des paroisses à la même vitesse » a affirmé l’hiérarque. Il a aussi constaté que le nombre de monastères était passé de 21 pour toute l’Église orthodoxe russe en 1988, à 860 communautés à ce jour. « Et il ne s’agit pas seulement de bâtiments restaurés : ces monastères sont pleins de moines et de moniales » a souligné le président du DREE.

La renaissance religieuse a touché des milliers de personnes. Au début des années 1990, un prêtre moscovite pouvait baptiser jusqu’à 300 personnes par jour.

« Cette renaissance sans précédent ne peut être comparée qu’au IV siècle, lorsque l’empereur Constantin déclara la liberté de religion, et que l’empire se couvrit d’églises et de monastères. Sauf que nous n’avons pas de statistiques sur le IV siècle, tandis que la situation que je décris est quantifiée exactement. Tout cela s’est déroulé sous nos yeux. C’est pourquoi, lorsque nous venons en Europe et qu’on nous dit parfois que l’humanité est en pleine époque post-chrétienne, que l’intérêt pour l’Église a décliné, que le nombre de fidèles diminue, que les vocations religieuses sont toujours plus rares, nous disons : « Venez nous voir, regardez vivre notre peuple. Vous verrez que nous vivons une époque d’essor du christianisme. » Des milliers et des millions de gens viennent au Christ et à l’Église. On peut avancer, naturellement, des explications, dire que le retour de la liberté de religion en est la cause. Mais je pense malgré tout que ce phénomène s’explique surtout par la force intérieure du christianisme. »

« Les écrits sur l’Église primitive, l’apôtre Paul, les persécutions contre les chrétiens des trois premiers siècles du christianisme, forcent à s’interroger : « Comment, dans des conditions semblables, cette religion a-t-elle pu non seulement survivre, mais se répandre ? » Il n’y a qu’une seule réponse possible : comme l’a dit le Christ, « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu, tout est possible » (Mt 19,26). L’explosion de foi chrétienne, qui a suivi 70 années d’Union soviétique, de politique de destruction systématique de l’Église, d’éradication de la foi, d’idéologie, n’est pas autre chose qu’un miracle, qui s’est accompli sous nos yeux. C’est la joie de ce miracle continuel que je voulais vous faire partager aujourd’hui. »

La renaissance religieuse n’a pas touché seulement l’Église orthodoxe russe, a constaté l’hiérarque. « L’Église catholique, les communautés protestantes ont aussi connu leur renaissance, elles croissent. De même que les autres confessions traditionnelles de notre pays. Je pense que c’est là l’œuvre de la Providence divine, une manifestation de la puissance de Dieu. » L’archipasteur a comparé la foi chrétienne à un ressort : lorsqu’on appuie dessus, il se resserre, lorsque la pression diminue, il se détend.

« Je souhaite à tous que nous ne croyions jamais vivre une époque post-chrétienne, a conclu le métropolite Hilarion de Volokolamsk. Différentes forces s’attaquent à l’Église chrétienne à diverses époques, et l’Église vainc parce que le Christ est présent en elle et la dirige ; elle durera toujours, et des générations toujours nouvelles viendront au Christ. »

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