Discours de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille à la réception solennelle de l’église du Christ Sauveur
Une réception solennelle était donnée le 21 novembre 2016 à la Salle des conciles de l’église du Christ Sauveur en l’honneur du 70e anniversaire de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. Le Primat de l’Eglise orthodoxe russe a prononcé le discours suivant.
Saintetés, Béatitudes, bien-aimés dans le Christ confrères archipasteurs, vénérables pères, chers frères et sœurs,
Je remercie cordialement tous ceux qui m’ont fait l’honneur de participer aux célébrations de mon 70e anniversaire.
J’aimerais exprimer plus particulièrement ma gratitude aux dignes Primats des Églises orthodoxes locales. Je suis touché de vos bonnes paroles et des attentions dont vous m’entourez, vous qui êtes venus spécialement pour me congratuler malgré vos nombreuses occupations et les difficultés occasionnées par la résolution des problèmes auxquels vous êtes confrontés au jour le jour dans votre ministère primatial. Je suis sincèrement reconnaissant aux chefs des délégations des Églises orthodoxes locales présents ici, ainsi qu’à leurs compagnons de voyage. Je suis heureux de voir le plérôme de l’Église universelle représenté ici en ce jour.
Je remercie cordialement Sa Béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine de son affection et de son soutien, ainsi que les membres permanents du Saint Synode de notre Église, les hiérarques et représentants du clergé de la ville de Moscou.
Toute rencontre avec les chefs des Églises orthodoxes locales est pour moi une bénédiction. Elle nous permet de contribuer à resserrer l’unité de l’Église orthodoxe universelle. Jetant un regard sur les années écoulées, je peux dire que pour moi l’essentiel, dans le service de l’Église, a été de préserver et de défendre cette unité et la foi que nous ont léguées les pères, et d’œuvrer à la bonne organisation de la vie de l’Eglise.
Par la grâce de Dieu, j’ai passé mon enfance et ma jeunesse au milieu de gens profondément chrétiens, qui ont eu une influence décisive sur la formation de ma vision du monde. Mon grand-père était un vrai confesseur de la foi : à l’époque des persécutions, il a passé par plusieurs prisons, connu différentes déportations ; par la suite, en liberté, il n’avait pas le droit de résider dans les grandes villes. Mon père a aussi été victime de répressions, il a connu les camps de la Kolyma, avant de choisir la voie du sacerdoce, ce qui a été déterminant dans mon propre choix de vie. Le sang des martyrs et les exploits des confesseurs de la foi de ces années nous donnaient le désir, à nous, leurs descendants, de servir le Christ avec abnégation.
Dieu m’a donné un remarquable maître en la personne du métropolite Nicodème de Leningrad et de Novgorod. Comme les confesseurs du XX siècles, Mgr Nicodème, de bienheureuse mémoire, a poursuivi son ministère, luttant fermement contre l’athéisme. Il a œuvré au nom de l’unité de l’Église, s’efforçant, selon le mot de l’apôtre Paul, de se faire tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques-uns (I Cor 9, 22).
Les dix années que j’ai passé au poste de recteur de l’Académie de théologie de Leningrad ont peut-être été les plus heureuses de ma vie. L’Église orthodoxe russe était encore à l’époque victime de pressions de la part du pouvoir athée, soumises à de dures restrictions dans l’organisation de son quotidien, ce qui, en plus d’empêcher le développement de l’enseignement, en menaçait jusqu’à l’existence.
L’année 1988, année du millénaire du baptême de la Russie, a marqué un tournant. On nous avait d’abord obligés à célébrer cette date de façon tout à fait formelle, sans envergure particulière. Je me suis alors prononcé pour l’organisation d’une célébration de grande ampleur, telle qu’elle est entrée dans l’histoire, ce qui a déterminé les changements qui se sont produits par la suite dans la vie religieuse.
J’ai bientôt été éloigné de ma chère académie de Leningrad, et envoyé au diocèse de Smolensk. Je ne le regrette pas, car j’y vois la main de la Providence divine. Mon ministère au diocèse de Smolensk et de Kaliningrad m’a enrichi d’une expérience nouvelle et très précieuse, qui m’aide beaucoup aujourd’hui.
Les années de ma présidence au Département des relations ecclésiastiques extérieures ont coïncidé avec la renaissance active de la vie ecclésiale sur le territoire confié à la responsabilité pastorale du Patriarcat de Moscou. Mon prédécesseur, le Patriarche Alexis II, a incontestablement joué un rôle important dans ce processus. Des milliers d’églises ont été construites, des milliers de monastères ont rouvert leurs portes, des séminaires ont été créés, le nombre de clercs s’est multiplié. Les générations à venir auront à évaluer l’ampleur de ces bouleversements grandioses.
La chute du régime soviétique n’a pas seulement entraîné la destruction des frontières géographiques dans lesquelles l’Église orthodoxe russe existait depuis sept décennies. Le regain d’activité des mouvements politiques et nationalistes dans l’ex-espace soviétique a provoqué différents conflits qui se sont ressentis jusque dans l’Église.
Dans plusieurs régions, la vie des paroisses et des diocèses s’est trouvée menacée, l’organisation canonique de l’Église orthodoxe russe étant elle-même touchée. C’est ainsi qu’est apparu le tristement célèbre schisme en Ukraine, soutenu par les autorités civiles d’alors dans ce pays.
Dans des conditions extrêmement compliquées, nous avons fait notre possible pour défendre les intérêts de l’Église, pour conserver son patrimoine historique et lui rendre le rôle qui lui revient dans la vie de la société. Nous avons toujours aspiré à expliquer notre point de vue avec patience et charité, cherchant compréhension et soutien auprès des Églises orthodoxes locales, car la préservation de l’unité de l’Église orthodoxe universelle était et reste pour nous une priorité capitale.
En montant sur le siège patriarcal, j’ai poursuivi l’œuvre commencée par mon prédécesseur de bienheureuse mémoire. L’une de mes premières tâches et, sans doute, l’une des plus importantes, a été d’augmenter le nombre de diocèses, en particulier sur le territoire de la Russie. Il s’agit d’une décision mûrie depuis longtemps, d’une mesure absolument nécessaire dans le contexte actuel. Au début, il s’est trouvé des gens pour dire qu’il n’y avait pas besoin d’ordonner de nouveaux évêques, qu’il suffisait de créer des doyennés au sein de grandes éparchies, et de donner aux doyens des pouvoirs supplémentaires. Mais j’étais convaincu qu’il fallait qu’un évêque soit personnellement présent dans les régions les plus reculées. Il ne s’agit pas seulement de commodité pratique, mais du sens même du ministère épiscopal.
A notre époque, le ministère épiscopal s’exerce dans des domaines très divers : les célébrations à l’autel, la pastorale, l’administration ; l’évêque doit répondre aux défis auxquels l’Église est confrontée dans le contexte d’un monde évoluant rapidement. Je rappelle toujours aux nouveaux évêques qu’ils doivent être proches du clergé et du peuple, s’intéresser aux besoins des gens, à leurs attentes et à leurs problèmes, les aider dans leur quotidien.
Depuis les temps apostoliques, la fonction de l’évêque est restée inchangée : il s’agit de la construction du Corps du Christ (Eph 4, 12). Construire le Corps du Christ signifie rassembler les gens dans l’unique Église du Christ pour qu’ils deviennent le peuple de Dieu.
La préservation et l’affermissement de l’unité ecclésiale est une obligation avant tout pour ceux qui sont appelés à l’épiscopat, et, plus particulièrement, au primatiat. L’ennemi du genre humain cherche à détruire l’unité de l’Église, soufflant la discorde, semant la méfiance, la suspicion et même les accusations mutuelles entre Églises.
J’ai parfois entendu dire que l’Église russe, qui prend activement sa part des rapports interorthodoxes, ne se soucierait guère du bien commun de toute l’Église orthodoxe, mais servirait des intérêts étroitement nationaux ou politiques. On accuse même parfois notre Église d’ethno-phylétisme.
L’ethno-phylétisme est effectivement une idéologie dangereuse, étrangère au christianisme, dans laquelle l’unité à l’intérieur de l’ethnos, les intérêts ethniques propres sont la valeur principale, placés plus haut que l’unité en Christ et avec le Christ. Malheureusement, on qualifie parfois d’ethno-phylétisme des phénomènes qui n’ont rien à voir avec. L’ethno-phylétisme ne se confond pas avec le patriotisme, cet amour naturel de l’homme pour sa patrie, sa langue, son histoire, sa culture, ses traditions, ses coutumes.
En ce qui concerne l’Église russe, elle n’est pas seulement l’Église de la Russie. C’est une Église qui réunit des millions d’orthodoxes vivant dans différents états indépendants : Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Moldaves, représentants de tant d’autres peuples. Quand nous décidons d’ordonner au sacerdoce ou de consacrer à l’épiscopat, nous ne posons pas de questions sur la nationalité du candidat. Notre épiscopat se compose de représentants de peuples très différents. Pour l’Église russe, la diversité nationale, culturelle, linguistique est naturelle, de même que la conscience du fait qu’il est impossible de préserver la paix et l’unité d’une Église multinationale sans avoir un respect égal pour les peuples qui la composent, même les moins nombreux.
La compréhension de l’importance du respect de la voix de chaque membre de l’Église a trouvé un reflet dans notre approche de la perspective de convocation du Saint et Grand Concile. Ayant participé à toutes les manifestations préconciliaires, l’Eglise a participé à la préparation du Concile pendant plus de cinquante ans avec les Églises autocéphales. Le Concile est appelé à être l’expression visible de l’unité de l’Église orthodoxe universelle. Un temps de préparation aussi long ne fait que confirmer le fait que pour parvenir à l’unanimité sur certains points, des efforts sont nécessaires, ainsi que le respect inconditionnel et égal de tous les membres de notre famille orthodoxe.
Lorsqu’il est apparu que certaines Églises autocéphales ne participeraient pas au Concile, nous avons été forcés de changer nos plans et ne sommes pas venus au Concile, soutenant l’appel à son report à une date ultérieure. Je dois dire que cette décision n’a pas été prise à la légère, mais est profondément justifiée, car nous avions clairement conscience que le Concile, en l’absence ne serait-ce que d’une seule Église locale ne pourrait atteindre son objectif principal : manifester au monde de façon visible l’unité de l’Église orthodoxe universelle.
Le Concile de Crète a eu lieu, malgré l’absence de plusieurs Églises. Et certes, nous ne pouvons pas ne pas regretter sincèrement le fait que la participation de toutes les Églises locales se soit avérée impossible. Cependant, je suis convaincu que tous ont agi en conscience, ceux qui sont allés au Concile, et ceux qui se sont abstenus d’y participer. De même, lors de la signature des documents, chaque hiérarque a agi selon sa conscience. Certains les ont signés, d’autres n’ont pas signé.
L’histoire continue, et nous devons avancer, renforçant notre unité et notre intelligence. Grâce au Dieu très-miséricordieux, l’Église orthodoxe, malgré les divergences qui apparaissent parfois, reste unie. Le fait que mes bien-aimés confrères Primats et des délégations de toutes les Églises orthodoxes locales soient présents ici aujourd’hui, le fait que nous communions tous au même Calice (Rom 12, 5) est l’éclatante confirmation de cette unité.
Nous avons tant besoin de l’unité, nous avons tant besoin de la solidarité ! Le Christ a dit : « Je bâtirai mon Église et les portes de l’Hades ne tiendront pas contre elle » (Mt 16, 18). Mais il y a aussi ces paroles menaçantes de l’Apocalypse : « A l’ange de l’Église de Sardes, écris : … je connais ta conduite, tu passes pour vivant, mais tu es mort. Réveille-toi, ranime ce qui te reste de vie défaillante » (Ap 3, 1-2). Nous croyons tous que l’Église de Dieu est indivise. Mais chacun de nous, et nous tous, portons ensemble la responsabilité de la vie et des destinées de nos Églises orthodoxes.
Nous voyons le monde changer rapidement, nous voyons à quelles pénibles persécutions sont soumis les chrétiens dans différentes régions. « Que pourrions-nous entreprendre pour épargner à l’Église de nouvelles blessures ? » Voilà l’une des questions primordiales qui se posent à nous aujourd’hui.
Les guerres et les bouleversements au Proche Orient ont touché quantité de gens. Les chrétiens de cette partie du monde non seulement partagent ces malheurs avec leurs peuples, mais sont soumis à des persécutions volontairement orchestrées par les terroristes. Le sang des martyrs continue à couler en Syrie et en Irak ; des monstres s’abritant derrière des slogans religieux profanent les sanctuaires chrétiens, détruisent les églises, pillent les monastères, tuent les populations civiles et les chassent de leurs habitations. Une catastrophe humanitaire sans précédent se déroule sous les yeux du monde entier. Dans la région d’où la Bonne Nouvelle s’est répandue dans le monde, le christianisme risque d’être réduit à néant.
Aujourd’hui, l’Église orthodoxe ne doit pas faire taire sa voix. Tous ensemble, nous devons faire connaître les souffrances et la douleur de nos confrères du Proche Orient à l’ensemble de la communauté internationale, afin que revienne la paix, grâce aux efforts communs, sur la terre de Syrie, qui a tant souffert, sur la terre d’Irak, sur la terre de Lybie.
J’ai été très touché et ému des mots prononcés aujourd’hui par le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine, Primat de l’Église orthodoxe ukrainienne. Dans les églises russes, nous élevons à chaque Liturgie des prières pour qu’augmente l’amour et règne la paix en terre d’Ukraine. L’Église orthodoxe ukrainienne traverse des temps difficiles, et la pensée de nos frères et sœurs ukrainiens, de leurs difficultés, de leur exploit quotidien, ne me quitte pas non plus aujourd’hui, en ce jour de fête.
On tente aujourd’hui d’entraîner l’Église ukrainienne dans un conflit qui diviserait la société et dont elle serait l’otage. Des églises lui sont arrachées par la force, les décisions des tribunaux ne sont pas respectées, une campagne d’information calomnieuse est organisée contre l’Église. Au Parlement ukrainien, on propose des projets de lois dont l’objectif est de discriminer et de placer dans une situation intenable la plus grande organisation religieuse du pays. Les politiciens, qui n’ont aucune idée de l’organisation interne de la vie ecclésiale, tentent de s’immiscer dans son fonctionnement et de le réguler.
En général, les projets de lois discriminatoires contre l’Église canonique en Ukraine sont proposés par des députés qui soutiennent le schisme, sont gréco-catholiques de confession ou s’en tiennent à des convictions athées. Même parmi les auteurs de l’adresse à la Rada et au Patriarche de Constantinople, demandant l’octroi de l’autocéphalie à l’Église ukrainienne, la majorité des signataires sont des uniates ou des schismatiques.
L’Église gréco-catholique ukrainienne poursuit ses attaques agressives et offensantes contre notre Église et contre l’Orthodoxie canonique en Ukraine. La dernière attaque la plus violente date du mois de juillet, lorsque les uniates ont activement critiqué dans l’espace public l’initiative de la Marche nationale et, avec les forces nationalistes radicales, ont gêné son déroulement. En même temps, l’activité prosélyte des uniates s’est intensifiée sur les territoires historiquement orthodoxes de l’Est de l’Ukraine. Tout ceci témoigne que le problème de l’uniatisme, engendré par les faux conciles de Ferrare-Florence et de Brest, demeure une plaie non cicatrisée sur le corps du monde chrétien.
La déclaration commune signée à l’issue de ma rencontre à La Havane avec le Pape François de Rome, en février dernier, reprend une fois encore l’idée exprimée en 1993 dans le document de la Commission spéciale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique-romaine et l’Église orthodoxe. Je cite : « La méthode de l’« uniatisme » du passé, comprise comme la réunion d’une communauté à une autre, en la détachant de son Eglise, n’est pas un moyen pour recouvrer l’unité. »
Les intérêts des uniates et des schismatiques ukrainiens coïncident, dans leur lutte contre l’Orthodoxie canonique en Ukraine, dans la mesure où ils partagent une même idéologie nationaliste radicale et visent la politisation de la sphère religieuse. Cette union politique peut avoir d’autres conséquences, dangereuses pour l’Orthodoxie, dans l’avenir. Ce n’est pas un hasard si les gréco-catholiques construisent des églises et intensifient leur activité missionnaire là où ils n’ont jamais eu, historiquement parlant, de fidèles.
Malgré un climat difficile, les fidèles de l’Église orthodoxe canonique se multiplient, ouvrent de nouvelles églises, des monastères. Ayant conservé son unité canonique, l’Église orthodoxe ukrainienne conserve aussi son puissant potentiel pacificateur, qui ne s’appuie pas sur des slogans politiques, ne suit pas la conjoncture du moment. Elle s’appuie sur la force de l’esprit évangélique, de l’humilité et de la charité chrétienne.
Les orthodoxes d’Ukraine souffrent à cause de leur fidélité aux principes canoniques fondamentaux de l’organisation ecclésiale. Ils souffrent parce qu’ils ne veulent pas renoncer à leur liberté spirituelle et à leur indépendance ecclésiastique interne au nom d’intérêts terrestres passagers. Ils souffrent parce qu’ils ne veulent pas échanger l’unité spirituelle de l’Église en Christ, dans laquelle il n’y a plus de Grec ou de Juif, d’esclave ou d’homme libre (Col 3, 11), contre la fausse unité proposée par l’idéologie nationaliste qui est, en soi, bien plus agressive et périlleuse que l’ethno-phylétisme condamné par les Conciles de l’Église.
Je profite de l’occasion, en présence des chefs et des représentants de toutes les Églises locales, pour remercier Mgr Onuphre de son courage et de sa fermeté dans la défense de la Sainte Orthodoxie et de l’unité canonique de l’Église.
Notre Église n’abandonnera jamais ses frères dans le malheur en Ukraine, elle ne se détournera pas d’eux. Nous n’accepterons jamais de changer les frontières canoniques sacrées de notre Église. Car Kiev est le berceau spirituel de la Sainte Russie, comme Mtskheta l’est pour la Géorgie ou le Kosovo pour la Serbie.
Le péché du schisme ne se guérit pas par l’emploi de la violence et de la ruse, mais par le repentir et la charité chrétienne. L’ensemble du corps ecclésial souffre de la douloureuse plaie que lui inflige le schisme ukrainien ; cette douleur ne se ressent pas seulement en Ukraine, mais dans la diaspora et sur les territoires canoniques d’autres Églises locales. Chacun d’entre nous comprend le danger de la division dans l’Église. C’est pourquoi l’anathème prononcé par l’Église russe contre l’ex-moine Philarète (Denissenko) a été soutenu par toutes les Églises orthodoxes locales.
J’aimerais exprimer ma sincère gratitude à ceux des Primats et des représentants des Églises locales qui soutiennent ouvertement l’Orthodoxie canonique en Ukraine.
Dans un contexte de divisions généralisées et de montée des conflits, la Sainte Église orthodoxe doit non seulement garder précieusement son unité, mais la manifester au monde. Car ensemble, et non seulement ensemble, mais avec le Christ, nous devenons forts, devenons invulnérables face au monde qui gît dans le mal, au monde dont les éléments se déchaînent hors de l’enclos ecclésial, afin de l’envahir.
J’aimerais aussi exprimer une reconnaissance particulière à Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée de Constantinople de ses efforts pour la préservation de l’unité de l’Orthodoxie mondiale. Je regrette sincèrement qu’il n’ait pu venir aujourd’hui à Moscou. Je prie le digne représentant de l’Église de Constantinople, le métropolite Emmanuel, de transmettre à Sa Sainteté nos sentiments et nos vœux et les plus chaleureux.
Je tiens à remercier une fois encore tous ceux qui sont assemblés ici. Votre présence et votre prière avec nous, chers frères, sont le meilleur cadeau que vous puissiez me faire et faire à l’église russe. Ce n’est pas seulement l’Église russe qui se réjouit aujourd’hui d’avoir été visitée par un cortège de Primats, d’archipasteurs et de pasteurs du monde entier. L’Église de Dieu toute entière exulte en participant à notre prière commune et à notre unité spirituelle, car nous tenons ferme dans un même esprit, luttant de concert et d’un cœur unanime pour la foi de l’Évangile (Ph 1, 27). Et je prie de tout cœur qu’il en soit toujours ainsi.