Le Patriarche Cyrille a présidé la réunion du présidium du Conseil interreligieux de Russie
Le 21 février 2017, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a présidé la réunion du Présidium du Conseil interreligieux de Russie (CIR). La réunion avait lieu à la résidence patriarcale et synodale du monastère Saint-Daniel.
Prenaient part à la rencontre les autres membres du présidium : le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le mufti Talgat Tadjouddine, président de la Direction centrale des musulmans de Russie, le grand rabbin de Russie Berl Lazar, le grand rabbin A. S. Chaevitch et le prêtre Dimitri Safonov, secrétaire exécutif du Conseil interreligieux de Russie.
Parmi les autres participants figuraient le métropolite Théophane de Kazan et du Tatarstan, V. Legoïda, président du Départements synodal aux relations de l’Église avec la société, représentant l’Église orthodoxe russe, ainsi que le représentant du sangha bouddhiste traditionnel de Russie à Moscou, Gelong Sanjeï-lama, le président de la Fédération des communautés juives de Russie, A. M. Boroda, le premier vice-président de la Direction spirituelle des musulmans de la Fédération de Russie, Damir Moukhetdinov, le directeur de l’Administration de la Direction spirituelle centrale des musulmans de Russie, Muhammad Tadjouddinov, le représentant du Centre de coordination des musulmans du Caucase du Nord, Ch. A. Pchikhatchev.
De nombreuses organisations avaient délégué leurs représentants, parmi lesquelles la Société impériale orthodoxe de Palestine. Des collaborateurs des institutions synodales et des hommes politiques étaient invités à la rencontre.
Le Patriarche Cyrille a prononcé un discours d’accueil, après quoi le métropolite Hilarion de Volokolamsk a présenté un rapport d’activité pour l’année 2016. Selon lui, le CIR a particulièrement travaillé au développement de la formation théologique dans le pays. Le 30 mai dernier, le ministère de l’Instruction et des Sciences a donné son autorisation à la création d’un Conseil de thèse réuni pour la soutenance de thèse de doctorat et d’habilitation avec une spécialisation en théologie. Le Conseil a été créé sur la base de l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode, de l’Université orthodoxe Saint-Tikhon, de l’Université d’état de Moscou et de l’Académie russe présidentielle d’économie populaire et d’administration nationale.
« Malgré de réelles avancées dans le développement de la théologie en tant que science, il n’existe pas encore en Russie de grades de docteur en théologie, bien qu’il y ait dans tout le monde civilisé des docteurs en théologie depuis des siècles, a constaté le métropolite Hilarion. Et bien qu’il existe une discipline scientifique répertoriée sous le terme de « théologie », l’étudiant qui a soutenu une thèse de théologie sera détenteur d’un diplôme de docteur en philosophie, en histoire, en philologie, en droit, en pédagogie ou en sociologie, mais pas en théologie ! » Selon le métropolite le dialogue devra se poursuivre avec le ministère de l’Instruction pour obtenir la création d’un grade de docteur en théologie.
Le développement de l’enseignement de la théologie, grâce auquel les jeunes pourront acquérir de véritables connaissances sur les traditions religieuses doit servir d’instrument efficace dans la lutte contre l’extrémisme pseudo-religieux, a assuré le président du DREE.
L’archipasteur a aussi parlé de la déclaration « De la protection des enfants à naître », adoptée par le CIR le 2 juin 2016, qui expose la position des communautés religieuses du pays sur le problème de l’avortement : « J’estime que la défense des valeurs familiales traditionnelles doit continuer à rester l’une des priorités du Conseil » a souligné le métropolite Hilarion de Volokolamsk.
Mgr Hilarion a aussi précisé que la défense de la paix était l’un des axes de l’activité du CIR. En réponse à la lettre du Conseil des églises et des organisations religieuses d’Ukraine, appelant à libérer les personnes retenues captives en Ukraine, le CIR a publié une déclaration le 6 octobre 2016. « Notre histoire commune et les riches liens spirituels, culturels et familiaux entre nos peuples frères font que nous percevons le conflit en Ukraine comme notre propre douleur ». Le document contient un appel à soutenir le régime de cessez-le-feu, à s’efforcer de résoudre les problèmes par le dialogue, la recherche de solutions pacifiques, justes et admissibles par les deux parties aux désaccords existant.
Le Conseil interreligieux de Russie a présenté son expérience de travail à Vienne lors de l’assemblée de l’OSCE à Varsovie en octobre, et à Vienne en décembre.
Le mufti Talgat Tadjouddine a dit espérer que le CIR continuerait à travailler à la prévention du terrorisme et de l’extrémisme pour laquelle « la coopération des organisations religieuses traditionnelles est nécessaire, avec celle des autorités et des organes de maintien de l’ordre. La prévention du terrorisme doit s’effectuer au quotidien » a-t-il souligné.
De son côté, le grand rabbin Berl Lazar a constaté : « Il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de terrorisme religieux. Lorsque des groupes terroristes utilisent des symboles ou des slogans religieux, c’est une tromperie. Le croyant sait que Dieu a créé les hommes, qu’ils sont tous Ses enfants, qu’ils sont tous frères. La vie est un don de Dieu, et seul Dieu peut la reprendre. » Selon l’intervenant, il faut utiliser toutes les tribunes et les médias possibles pour marteler cette simple vérité : les extrémistes ne font qu’utiliser cyniquement les symboles religieux pour parvenir à des buts politiques. « Ce sont justement les croyants qui souffrent le plus du terrorisme et de l’extrémisme », a rappelé le rabbin Berl Lazar.
« Le premier objectif des extrémistes est l’affirmation de leur spécificité, c’est ce qui attire les jeunes générations pour lesquelles l’affirmation de soi est une priorité… Un autre objectif de l’extrémisme est de mettre en place un nouvel ordre politique » a partagé Sanjeï-lama, représentant du sangha bouddhiste traditionnel de Russie. « Le Conseil interreligieux de Russie effectue un grand travail. Nous sommes tous pour la consolidation, l’unité, la fraternité, la miséricorde et la justice ».
« Depuis la création du CIR, nous avons discuté de quantité de questions, pris de sages décisions sur les problèmes de notre temps, a déclaré le rabbin A. S. Chaevitch. Malheureusement, beaucoup de jeunes gens ne comprennent pas qu’il est important d’observer ses traditions religieuses. Il faut travailler sans cesse avec ces gens-là. Ceux qui font exploser les bus, foncent sur les gens avec un camion, est-ce que ce sont des musulmans ? Nous devons éduquer nos fidèles et ceux qui sont autour de nous. Nous devons trouver un langage accessible, pour pouvoir survivre dans les conditions actuelles. Si nous ne sommes pas ensemble, nous n’avons pas d’avenir. »
A son tour, le représentant plénipotentiaire du Centre de coordination des musulmans du Caucase du Nord à Moscou, Ch. Pchikhatchev, a déclaré : « Nous constatons qu’il n’y a jamais eu de conflit interreligieux en Russie. Mais si nous ne collaborons pas, si nous ne soutenons pas les uns les autres, si nous n’éduquons pas à la morale et à la culture religieuse, nous risquons de nous trouvons dans une situation délicate. » L’intervenant a aussi insisté sur le développement de la théologie en tant que discipline scientifique et la création d’un Conseil de soutenance. « L’information religieuse, l’éducation religieuse sont particulièrement nécessaires à la jeune génération, a continué Ch. Pchikhatchev. Nos leaders musulmans, qui connaissent leur religion, sont à l’avant-garde de l’opposition à l’extrémisme dans le sud de la Russie. Plus de deux cents d’entre eux ont payé de leur vie la prédication des vraies valeurs de l’islam, qui s’exprime dans la philanthropie. Par l’instruction, par l’information, les gens prendront conscience de ce qu’est leur religion et comprendront ce dont ils font partie. »
Le premier vice-président de la Direction spirituel des musulmans de la Fédération de Russie, D. Moukhetdinov, et le président de la Société impériale orthodoxe de Palestine, président du Conseil de tutelle du CIR, S. V. Stépachine, ont aussi pris la parole.
Le métropolite Hilarion a présenté le recueil publié par la chaire des relations ecclésiastiques extérieures de l’Institut des Hautes Études, sous l’égide du CIR. Ce recueil est consacré au dialogue interreligieux et à son rôle dans la lutte contre les persécutions des minorités religieuses au Proche Orient. Mgr Hilarion a précisé que « le recueil ne relate pas seulement des faits de pressions exercées contre les chrétiens dans différents pays du Proche Orient et d’Afrique du Nord, mais analyse aussi les raisons de ce tragique phénomène et les moyens de s’opposer aux persécutions. » Ce recueil est le premier ouvrage scientifique sur le problème des persécutions. « J’espère que le recueil Le Dialogue interreligieux et son rôle dans la défense des chrétiens du Proche Orient et d’Afrique du Nord contre les persécutions apportera une contribution au dialogue interreligieux et à la protection des minorités religieuses » a dit le président du DREE.
Le père Dimitri Safonov, secrétaire exécutif du CIR, a présenté à l’assemblée le projet de nouveau site internet qui remplacera prochainement le site interreligious.ru. « Ce nouveau site n’a pas seulement pour objectif d’informer des activités du Conseil interreligieux de Russie, mais aussi de souligner son importance comme espace de dialogue unique entre religions traditionnelles, entre les peuples et les organes de l’état dans notre pays, ainsi que de refléter l’expérience positive et la spécificité des relations interreligieuses en Russie ».