Le métropolite Hilarion anime un panel sur le rôle de la théologie dans l’instruction et l’éducation de l’homme contemporain
Le 14 juin 2017, dans le cadre de la Première conférence scientifique nationale « La théologie dans l’espace de l’enseignement des sciences humaines » à l’Université nationale de recherche nucléaire (« MIFI »), le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, recteur de l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode et directeur de la chaire de théologie du MIFI, a animé une panel discussion sur « la théologie dans l’instruction et l’éducation de l’homme moderne ».
Sont intervenus : le métropolite Théophane de Kazan et du Tatarstan, recteur du séminaire de Kazan ; E. I. Pivovar, président de l’Université des sciences humaines russe d’état, président du Conseil d’expert de la Haute commission d’attestation pour la théologie ; S. L. Kravets, directeur du Centre de recherches ecclésiastique « Encyclopédie orthodoxe » ; Ch. R. Kachaf, directeur du Département de l’enseignement, des sciences et de la culture de la Direction spirituelle des musulmans de la Fédération de Russie ; A. A. Levitskaïa, recteur de l’Université fédérale du Caucase du Nord ; l’archiprêtre Vladimir Vorobiov, recteur de l’Université orthodoxe Saint-Tikhon ; L. F. Katsis, professeur du Centre d’études russo-américain d’études bibliques et judaïques de l’Université des sciences humaines russe d’état ; l’archiprêtre Dimitri Leskine, recteur de l’Institut orthodoxe Saint-Alexis de la région de la Volga-inférieure; L. E. Chapochnikov, président de l’Université pédagogique d’état de Nijni-Novgorod.
Plusieurs hiérarques et des représentants des établissements d’enseignement de l’Église orthodoxe russe assistaient à la manifestation.
A la fin de la table ronde, le métropolite Hilarion a esquissé un bilan de la discussion :
« Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que les changements qui se sont produits littéralement ces derniers mois, y compris l’ordre qui vient d’être signé et dont a parlé aujourd’hui le ministre de l’Instruction, O. Y. Vassilieva, témoignent de l’achèvement d’une étape très importante. La théologie n’a pas seulement obtenu sa reconnaissance officielle, elle n’a plus besoin, désormais, de revêtir l’habit d’une autre science, comme devaient le faire les héros de la science ecclésiastique à l’époque soviétique, qui devaient cacher leurs recherches sous les termes de « poétique », ou « d’esthétique ». Il suffit de penser à Averintsev, à Bytchkov, à Likhatchev, des gens qui, dans des conditions normales, auraient publié des travaux sur la théologie. Ces conditions sont en train de se mettre en place aujourd’hui, et notre tâche est de donner un contenu à la carcasse que nous avons créée ensemble.
Je tiens à souligner encore une fois que la théologie, dans l’espace universitaire laïc, est un projet commun aux religions traditionnelles de la Fédération de Russie et de la communauté académique laïque. Les représentants des religions traditionnelles font « front commun », comme l’ont montré aujourd’hui les interventions des représentants de l’islam et du judaïsme. Nous ne sommes pas en confrontation sur notre participation à l’élaboration d’un domaine scientifique dénommé « théologie ». En même temps, chacun de nous comprend parfaitement qu’il ne peut y avoir de théologie supra-confessionnelle ou extra-confessionnelle. En ceci, la théologie se distingue des sciences de la religion, car elle entretient un lien fort avec l’expérience religieuse, et l’expérience religieuse ne peut englober plusieurs confessions. La théologie se développe à l’intérieur d’une confession. A ceux qui disent qu’en séparant ainsi les gens chacun dans son coin nous favorisons la fragmentation de la société, nous répondons : au contraire, nous posons ainsi les fondements d’une coopération interconfessionnelle et interreligieuse approfondie.
Ce n’est peut-être pas un hasard si le premier manuel publié dans le cadre du projet d’élaboration de manuels pour les écoles de théologie de l’Église orthodoxe russe se trouve être un livre sur l’histoire des religions non chrétiennes. Ce manuel est d’ailleurs écrit de façon à ce que, j’en suis sûr, nos frères des religions décrites dans cet ouvrage n’y trouvent rien qui contredise leur propre façon d’envisager leur religion, rien d’offensant, rien qui blesse leurs sentiments religieux. Nous avons composé ce manuel en nous efforçant de décrire chaque confession de la façon dont elle se présente elle-même, bien que l’ouvrage soit rédigé par un auteur orthodoxe et même par un prêtre orthodoxe.
J’aimerais reprendre certaines opinions exprimées durant notre discussion. Nous avons pu élaborer la carcasse du domaine scientifique intitulé « théologie » au niveau de l’enseignement supérieur, mais il a été dit fort justement que l’enseignement religieux doit être présent au niveau du collège, au niveau de l’école. En ce sens, il faut saluer et développer l’expérience décrite aujourd’hui par l’archiprêtre Dimitri Leskine, du diocèse de Samara, où un système d’enseignement religieux ininterrompu a été mis en place de l’école primaire à l’enseignement supérieur.
Je pense que ce sont les prochains objectifs dont nous aurons à nous occuper. Pour l’instant, à l’échelle du pays, leur réalisation est plutôt faible. Mais ce qui a été fait est déjà beaucoup. Nous avons de quoi nous réjouir et nous avons du travail pour l’avenir. »