Rencontre tripartite des leaders religieux de Russie, d’Azerbaïdjan et d’Arménie

Le 8 septembre 2017, une rencontre de S. S. le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, du cheikh Allakhchoukiour Pachazade, président de la Direction des musulmans du Caucase, et du patriarche et catholicos suprême de tous les Arméniens Garéguine II, a eu lieu à la résidence patriarcale et synodale du monastère Saint-Daniel de Moscou. Les leaders religieux d’Arménie et d’Azerbaïdjan étaient venus à l’invitation du primat de l’Église orthodoxe russe discuter du règlement du conflit du Haut-Karabakh.

La délégation de l’Église orthodoxe russe se composait de l’archevêque Alexandre de Bakou et d’Azerbaïdjan, de l’évêque Léonide de Vladikavkaz et d’Alanie, de V. R. Legoïda, président du Département synodal des relations de l’Église avec la société et les médias, de l’archimandrite Philarète (Boulekov), vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou et du prêtre Dimitri Safonov, secrétaire du DREE aux relations interchrétiennes.

Parmi les membres de la délégation de l’Église apostolique arménienne : l’archevêque Ezras Nersissian, chef du diocèse de Russie et de Novo-Nakhitchevansk, l’archevêque Nathan Ogannissian, directeur du Département des relations extérieures de la Sainte-Cité d’Etchmiadzine, le proto-archimandrite Chagué Ananian, directeur du Département des relations entre les Églises, le prêtre Vagram Melikian, directeur du service de presse, Guevorg Danielian, membre du Comité des affaires juridiques.

La délégation de la Direction des musulmans du Caucase comprenait : les adjoints du président, Fouad Nouroullaev et Rachad Aliarly, Surkhaï Mammadov, membre de la Direction des musulmans du Caucase, le représentant plénipotentiaire de cet organisme en Russie, Chafig Pchikhatchev, le chef du Département des ressources électroniques, Gioyndouz Babaev, le directeur du service de presse, Raguima Dadacheva.

S’adressant aux participants à la rencontre, le patriarche Cyrille a dit : « Nous avons un certain potentiel qui nous aide, je le crois, à surmonter des dissensions qu’il serait difficile de surmonter dans un autre auditoire. »

« Le fait même de cette rencontre est un témoignage capital donné à nos peuples sur le potentiel pacificateur de nos religions, a dit Sa Sainteté. La religion peut jouer et, j’en suis sûr, jouera un rôle pour unifier et réconcilier les peuples. »

Le rôle des leaders religieux consiste à exhorter et à accompagner les gens, a souligné le patriarche et catholicos suprême de tous les Arméniens, Garéguine II, mentionnant l’importance du rétablissement d’un climat de confiance. « Il n’y a pas d’alternative à la paix et au règlement du conflit sur le Haut-Karabakh par le biais de négociations » a-t-il déclaré.

De son côté, le cheikh Allakhchoukiour Pachazade, président de la Direction des musulmans du Caucase, a constaté l’utilité des rencontres tripartites entre leaders spirituels. Il a rappelé qu’il était important d’apaiser la situation. Le leader des musulmans d’Azerbaïdjan a appelé les belligérants à faire ensemble « quelque chose de bon, quelque chose de significatif pour que le conflit ne recommence pas une fois les gens rentrés chez eux ; quelque chose qui permettrait d’arriver à la paix et à la concorde. »

Les leaders religieux d’Azerbaïdjan et d’Arménie ont remercié unanimement le patriarche Cyrille d’avoir organisé cette rencontre.

La conversation s’est poursuivie par une discussion de la possibilité d’influer moralement sur le conflit dans le Haut-Karabakh, sur les modalités de son règlement pacifique et sur les mesures concrètes à prendre pour y parvenir.

Une déclaration commune a été signée à la fin de la rencontre. Elle souligne la nécessité du dialogue et d’efforts internationaux en vue de la paix. Elle constate aussi le rôle capital des valeurs morales dans le règlement du conflit et la cessation des hostilités sanglantes. Elle contient aussi différentes propositions visant à alléger le sort des personnes résidant dans la zone du conflit.

Répondant aux questions des journalistes, après la rencontre, le patriarche Cyrille a constaté : « L’atmosphère qui régnait pendant ces négociations et les résultats des travaux sont hautement appréciables. Les parties ont pu échanger franchement leurs opinions dans un climat de bonté et d’ouverture ; il a été possible d’éviter jusqu’à l’ombre d’une rhétorique d’hostilité. Cela signifie que les leaders religieux étant pleinement conscients de leur responsabilité devant Dieu pour le destin de leurs peuples, ont discuté d’un problème qui est réellement très complexe. »

Intervenant au nom de tous les participants à la rencontre tripartite, le patriarche a donné son avis sur le document final : « Le document qui a été signé parle de la nécessité de changer l’atmosphère, le climat autour de ce problème. C’est avant tout important dans l’éducation de la jeunesse. L’Azerbaïdjan et l’Arménie seront toujours voisins. Il ne peut y avoir d’autre réalité pour ces deux peuples que de vivre en commun. C’est Dieu qui l’a voulu ainsi, qu’ils vivent l’un à côté de l’autre. C’est en partant de ce fait qu’il faut bâtir les rapports entre les deux pays et les deux peuples, notamment tenter de résoudre la difficile situation autour du Haut-Karabakh. »

Sa Sainteté a conclu : « Je veux dire une fois encore que les leaders religieux ont un potentiel pacificateur. Ils ont à accomplir leur mission pacificatrice dans des conditions très difficiles. La rencontre d’aujourd’hui est un témoignage de ce ministère ».

***

Le Patriarcat de Moscou a commencé à œuvrer pour la paix au Haut-Karabakh dès 1988. La première rencontre tripartite des chefs des trois communautés religieuses avait eu lieu au monastère Saint-Daniel en mai 1993. Les rencontres suivantes des leaders religieux dans le cadre des forums interreligieux de Bakou en 2010 et d’Erevan en 2011.