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Le métropolite Hilarion : Le Seigneur nous donne la liberté pour que nous choisissions librement la voie du perfectionnement spirituel

Le 15 octobre 2017, 19e dimanche après la Pentecôte, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église moscovite Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka. Monseigneur concélébrait avec le père Mikhaïl Asmus, consultant du DREE, et avec les clercs de la paroisse.

L’office était chanté par le chœur synodal de Moscou, sous la direction d’A. A. Pouzakov, ainsi que par les membres de la chorale enfantine du Chœur synodal.

Après la litanie instante, le métropolite Hilarion a lu une prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de la liturgie, Mgr Hilarion a prononcé une homélie :

« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit !

L’Évangile selon saint Mathieu a conservé le Sermon sur la montagne, dans lequel notre Seigneur Jésus Christ expose les fondements de sa doctrine morale et spirituelle. L’Évangile selon saint Luc reproduit un autre sermon, beaucoup plus court, mais dont le contenu se rapproche du Sermon sur la montagne. Les spécialistes l’appellent le sermon sur la plaine, car l’Évangile précise que le Seigneur le prononça en se tenant sur un lieu plat. Cela signifie que Jésus Christ n’a pas prononcé une seule fois Ses exhortations, mais souvent, et en des lieux différents : parfois en gravissant la montagne, parfois dans la plaine.

Chaque fois que des gens s’assemblaient autour de Lui, Il leur disait ce qu’Il avait déjà dit à d’autres dans des circonstances semblables. C’est tout à fait naturel, c’est ce que font n’importe quel prédicateur et n’importe quel pédagogue. Le Sauveur répète Sa doctrine afin, tout d’abord, qu’elle soit mieux assimilée, et d’autre part, pour ceux qui entendent Sa prédication pour la première fois.

Dans le Sermon sur la montagne, comme dans celui que nous avons entendu aujourd’hui, le Seigneur exhorte les hommes à s’aimer les uns les autres, et même à aimer leurs ennemis : « Si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs eux-mêmes en font autant. Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? Même des pécheurs prêtent à des pécheurs afin de recevoir l’équivalent. Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer. Votre récompense sera grande et vous serez fils du Très-haut, car il est bon pour les ingrats et pour les mauvais » (Lc 6, 33-35).

Si dans le Sermon sur la montagne, le Seigneur dit aux disciples : « Vous serez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48), dans le sermon sur la plaine Il exhorte : « Soyez magnanimes comme votre Père est magnanime » (Lc 6, 36). Cela veut dire qu’à chaque fois qu’Il donne un exemple à suivre, le Seigneur cite Dieu le Père Lui-même. La façon dont Dieu agit dans le monde est le modèle sur lequel nous devons bâtir nos relations avec les hommes. Dieu, comme le dit le Seigneur Jésus Christ « fait lever son soleil sur les mauvais et sur les bons, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45). Autrement dit, Il donne à tous Ses miséricordes.

On se demande souvent : « Pourquoi Dieu ne récompense-t-il pas les justes en cette vie, n’empêche-t-il pas le mal et ne punit-il pas les pécheurs ? » L’Église répond que le bien et le mal luttent en cette vie, le Seigneur donnant à chacun la possibilité de se montrer, d’apprendre à faire le bien, à se détourner du mal. Le Seigneur nous donne la liberté pour que nous choisissions librement, et non par obligation, la voie du bien, de l’amour, de la miséricorde, la voie du perfectionnement spirituel.

Le Seigneur est, en effet, bienveillant envers tous, bienfaisant envers tous. Non pas que tous soient égaux, non pas qu’Il soit égal à Dieu que l’un fasse le bien et que l’autre vive dans l’iniquité. Cela n’est pas égal à Dieu, mais Il agit ainsi envers nous comme un père aimant ou une mère aimante envers ses enfants. Un enfant peut être bon et obéissant, ses parents se réjouissent de ses succès, de sa croissance spirituelle et physique. Un autre peut se révéler méchant et désobéissant. Les parents s’en affligent, ils font ce qu’ils peuvent pour le changer, mais ils continuent à l’aimer, ne le rayent pas de leur vie, parce que l’enfant obéissant comme l’enfant désobéissant sont les enfants de leur père et de leur mère. Un vrai père, une vraie mère aimeront leurs enfants indépendamment de leur conduite. Simplement, les enfants qui se conduisent mal ont besoin de plus d’attention, de plus de sollicitude, il faut leur consacrer plus de temps, car ce sont les parents qui ont manqué quelque part leur éducation.

Si l’on reporte ce modèle sur les rapports entre Dieu et les hommes, nous constatons que le Seigneur aime tous les hommes, le juste comme le pécheur. Nous lisons dans ce même Évangile de Luc que le Seigneur Jésus Christ, suspendu à la croix, entendit le bandit lui dire : « Souviens-toi de moi, Seigneur, lorsque tu viendras dans Ton Royaume » (Lc 23, 42). Le Christ aurait pu lui répondre : « Quels sont tes mérites ? Tu as été bandit, tu as commis des vols et des meurtres. Pourquoi t’inviterais-je dans le Royaume des cieux ? A quel titre t’ouvrirait-t-on la porte ? » Mais le Seigneur ne reproche pas au bandit sa vie passée ; bien plus, Il lui dit : « Aujourd’hui, tu seras avec Moi au paradis » (Lc 23, 43).

Qu’est-ce que cela veut dire ? Que le Seigneur est prêt à accueillir le repentir de tout homme au moment même où il s’adresse à Lui. C’est le sens de la parabole du fils prodigue (…) Le Seigneur attend et reçoit chacun sans faire de reproches. Dieu aime chacun de nous : les méchants, les bons, les justes, les injustes. Mais pour recevoir du Seigneur miséricorde et pardon, nous devons être tels qu’Il est. Nous devons nous conduire ainsi avec les gens, c’est-à-dire aimer non seulement ceux qui nous aiment, mais ceux qui nous détestent. Faire le bien non seulement à ceux qui sont bienveillants envers nous, ou à ceux dont nous attendons un bien en retour, mais à tous, sans chercher le profit, sans attendre quelque récompense que ce soit.

Le commandement de la charité envers les ennemis est sûrement le plus difficile que le Seigneur nous ait laissé. Mais c’est la capacité à l’observer qui montre au chrétien s’il est véritablement un soldat du Christ, s’il prend l’Évangile au sérieux ou si celui-ci ne fait qu’effleurer sa vie, sans toucher son mode de vie et sa façon de penser. Apprendre à aimer ses ennemis est l’élément le plus difficile du programme spirituel et moral chrétien. Mais si nous ne l’apprenons pas, nous laisserons passer un commandement essentiel qui nous permet de faire vraiment le bien. Pas être seulement ceux qui font le bien en réponse au bien, mais ceux qui en sont la source.

Nous savons que le Seigneur est bon par nature, qu’Il est la source de tout bienfait et de tout bien. Il n’emprunte ce bien à personne, mais le possède en Lui et le répand sur les hommes, sur tout notre environnement. Mais le Seigneur désire que nous soyons aussi ainsi, que nous ne nous contentions pas de répondre au bien par le bien, mais de devenir des sources de bien. Afin que nos rapports avec les autres ne dépendent pas de ce qu’ils pensent de nous. Afin qu’en tout homme, indépendamment de sa conduite et de ses actes, nous voyions avant tout l’image de Dieu, un fils ou une fille du Père céleste. Si nous nous mettons à regarder ainsi les personnes que nous rencontrons, nous serons véritablement les fils et les filles de notre Père céleste qui ne nous manifestent pas seulement Son amour en paroles, mais en actes. Imitons-le dans Sa perfection et dans Sa clémence.

Tout ce que je vous dis, tout ce dont parlait le Seigneur Jésus Christ dans le Sermon sur la montagne et dans le sermon sur la plaine, on ne peut y parvenir par nos efforts humains. Nous ne pouvons pas nous forcer à aimer nos ennemis. Nous ne pouvons pas, par des moyens artificiels, l’entraînement ou l’auto-persuasion, éveiller en nous les sentiments chrétiens que le Seigneur nous appelle à avoir envers les autres hommes.

Alors, comment y parvenir ? Comment observer le plus difficile des commandements ?

Le Seigneur ne nous a pas laissés seuls. Pour accomplir Ses commandements, Il nous donne des forces, avant tout par la communion aux Saints Mystères, par notre participation aux Sacrements de l’Église, par la vie que l’Église a définie pour nous, par la liturgie, la vie liturgique. Nous sommes capables de communier à la perfection divine et à la clémence divine, et de recevoir de Dieu Lui-même les forces qui nous sont nécessaires pour devenirs tels qu’Il veut nous voir.

Dieu agit envers nous comme un maître, qui ne donne pas seulement une leçon à ses élèves, mais aussi des indications pour résoudre les problèmes posés, voire parfois leur offre son aide pour résoudre ces problèmes afin qu’ils puissent y arriver eux-mêmes la fois suivante. Il ne nous dit pas : « Voilà Mes commandements, faites ce que je vous commande ». Il dit : « Je vous donne des commandements, et Je suis prêt à vous apprendre à les observer ; Je vous donne les forces pour les observer. De vous, je n’exige que le désir et la volonté, que d’être prêts à m’imiter dans Ma charité, dans Ma perfection et dans Ma miséricorde. »

C’est pourquoi, lisant ces lignes de l’Évangile, prions le Seigneur Jésus Christ de nous donner la force d’observer Ses commandements. Communiant aux Saints Mystères du Christ, demandons chaque fois au Seigneur que le Corps du Christ que nous recevons en nous, que le Sang du Christ qui coule dans nos veines, ne soient pas reçu en vain, mais que le Seigneur Lui-même accomplisse par nous les bonnes œuvres qu’Il attend de nous. Amen. »

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