A Bucarest, le patriarche Cyrille a pris part à un office solennel à la mémoire des nouveaux-martyrs de l’époque du régime athée
Le 27 octobre 2017, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, en visite en Roumanie, a participé à un office solennel célébré à ciel ouvert sur la colline patriarcale, à Bucarest.
Les célébrations étaient dédiées à la mémoire du saint patron de Bucarest, saint Dimitri de Bessarabie, ainsi qu’à celle des martyrs et des confesseurs de l’époque du régime athée, et au 10e anniversaire de l’intronisation de Sa Béatitude le patriarche Daniel de Roumanie. La mémoire de saint Dimitri de Bessarabie est célébrée dans les Églises bulgare et roumaine le 27 octobre, le 26 octobre – 8 novembre dans l’Église russe.
La Divine liturgie était célébrée à ciel ouvert sur un autel dressé sous un baldaquin sur le parvis de la cathédrale Saint-Constantin-Sainte-Hélène.
Après avoir revêtu leurs ornements sacerdotaux à la résidence patriarcale, les primats des Églises orthodoxes russe, roumaine, albanaise, des terres tchèques et de Slovaquie, ainsi que les hiérarques du Patriarcat de Roumanie et les représentants des Églises orthodoxes locales sont sortis sur le parvis, où ils ont vénéré les reliques de saint Dimitri le Jeune (dit aussi de Bessarabie) et de saint Séraphin de Sarov.
Le patriarche Cyrille, le patriarche Daniel, l’archevêque Anastase de Tirana et de toute l’Albanie, le métropolite Rostislav des terres tchèques et de Slovaquie ont célébré la Divine liturgie. Ils concélébraient avec les chefs des délégations des Églises orthodoxes locales bulgare, géorgienne et polonaise, ainsi qu’avec des hiérarques et des clercs de l’Église orthodoxe roumaine.
Prenaient aussi part à la célébration les membres de la délégation de l’Église orthodoxe russe : le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’archevêque Serge de Solnetchnogorsk, l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du DREE, l’archiprêtre Igor Iakimtchouk, secrétaire du DREE aux relations interorthodoxes, le prêtre Alexandre Volkov, directeur du service de presse du patriarche de Moscou, l’archiprêtre Andreï Bondarenko, responsable intérimaire du service du protocole du patriarche de Moscou.
L’office était célébré en roumain et en slavon d’église.
Le vice-premier ministre de Roumanie, Paolo Stenesku, le secrétaire d’état aux cultes, Victor Opaski, et l’ambassadeur de la Fédération de Russie en Roumanie, V. I. Kouzmine, ainsi que des représentants des autorités roumaines, étaient parmi les invités.
La cérémonie était retransmise en direct à la télévision orthodoxe roumaine « Trinitas TV » et sur la chaîne russe « Spas », ainsi que sur le site officiel de l’Église orthodoxe russe, patriarchia.ru.
Après la lecture de l’Évangile, le patriarche Cyrille a prononcé une homélie sur le but de la vie chrétienne et sur la vie de saint Séraphin de Sarov.
Ensuite, l’évêque Barlaam, vicaire du patriarche de Roumanie, a lu la lettre du Saint-Synode de l’Église orthodoxe roumaine décrétant l’année 2017 Année de la mémoire du patriarche Justinien (1901-1977) et des confesseurs et de défenseurs de l’Orthodoxie sous le régime athée.
« Le patriarche Justinien a défendu l’Église avec un grand courage des coups que lui portait systématiquement le régime communiste. Le patriarche Justinien a résisté autant que possible aux abus de pouvoir et à l’ingérence du parti communiste dans la vie de l’Église, ainsi qu’aux tentatives de transformer l’Église en un institut soumis au programme politique et idéologique de l’état communiste » est-il dit dans ce message.
« Malgré l’hostilité du régime politique en Roumanie, à l’époque du patriarche Justinien, l’Église orthodoxe roumaine a continué et intensifié son travail administratif, missionnaire, pastoral, culturel et éducatif » est-il souligné dans le document, qui rappelle aussi que des nouveaux statuts ont été adoptés à cette époque, tandis qu’une réforme de l’enseignement religieux était lancée. Certains structures ecclésiastiques ont été fondées, d’autres ont été réformées. Durant le primatiat du patriarche Justinien, les églises et les monastères ont été restaurés. Il a soutenu les prêtres arrêtés et aidé les prisonniers, apporté son aide aux monastères ainsi qu’aux communautés orthodoxes roumaines à l’étranger, leur envoyant « des livres liturgiques, des vêtements sacerdotaux, des vases liturgiques ainsi que du matériel de construction et des dons financiers ».
« La patience et les souffrances des défenseurs de l’Orthodoxie et des confesseurs, emprisonnés dans les geôles communistes, la lutte et l’abnégation du patriarche Justinien (Marina) de bienheureuse mémoire, ainsi que le labeur de prêtres travailleurs et dévoués sont des preuves de la foi et de l’esprit de sacrifice du peuple roumain, que nous devons apprécier et garder en mémoire, est-il dit dans la lettre.
Après la litanie instante, des prières ont été dites en roumain, en slavon d’église et en albanais, tandis que le chant « Mémoire éternelle » s’élevait pour les confesseurs et défenseurs de l’Orthodoxie dans tous les pays où sévit le régime communiste.
Le patriarche Daniel a remis la plus haute distinction de l’Église orthodoxe roumaine, la croix patriarcale, à chacun des prêtres et des laïcs roumains ayant subi des persécutions ou l’emprisonnement sous le régime athée.
A la fin de la Liturgie, à la demande du patriarche Daniel Sa Sainteté le patriarche Cyrille s’est adressé à la l’assemblée, remerciant tout d’abord Sa Béatitude d’avoir organisé cette cérémonie, permettant de commémorer avec les représentants d’autres Églises les martyrs du XX siècle :
« Nous ressentons la prière qu’ils élèvent pour nous, car nous sommes liés à beaucoup d’entre eux par des liens de parenté. Ce qui est arrivé à nos pères et à nos grands-pères n’est pas si éloigné de nous dans le temps. Les martyrs et les confesseurs de nos Églises au XX siècle, ce sont presque nos contemporains, et nous avons beaucoup à apprendre de ces évènements.
Chacun de nous doit choisir un jour ou l’autre : suivre le Christ ou aller contre Lui. Aujourd’hui, personne n’arrache le chrétien de force à l’Église, ni ne l’oblige à renier le Christ. Mais combien, pourtant, de forces et de moyens sont-ils déployés aujourd’hui pour que les gens oublient le Christ, pour qu’ils ne perçoivent l’Église que comme un élément de la tradition nationale, à peine plus qu’une sorte de folklore ! L’Église, cependant, n’appartient pas au passé, mais au présent. Hier, aujourd’hui et demain, elle est appelée à confesser le Seigneur et Sauveur, et pas seulement par la célébration de la Liturgie, pas seulement par la prière, mais par la vie de ses membres, qui doit être un témoignage vivant de la réalité de l’Évangile. Dans un certain sens, il n’est pas moins difficile aujourd’hui de confesser le Christ qu’à l’époque des persécutions, parce que ce n’est pas seulement par la force qu’on peut arracher l’homme à Dieu, mais aussi par diverses séductions, attirant son regard du ciel vers la terre.
Que nous apprend l’exemple des martyrs et des confesseurs du XX siècle ? A être fidèles au Christ, à ne pas Le trahir, à être avec Lui dans les joies et dans les chagrins, à invoquer Son saint nom. Ce sera la meilleure commémoration des martyrs et des confesseurs du XX siècle. Que Dieu donne à notre génération, et plus particulièrement à la jeunesse, la force d’être fidèle au Christ malgré les tentations, les séductions qu’offre la société d’aujourd’hui.
J’aimerais exprimer ma profonde gratitude à Sa Béatitude, qui nous a rassemblés aujourd’hui ici, à Bucarest. Cela m’a permis d’échanger hier assez longuement avec Sa Béatitude, d’aborder de nombreuses questions, de nombreux problèmes qui se posent à nos Églises et à nos peuples. Il est très important que les primats des Églises se rencontrent plus souvent car, en leur personne, ce sont les Églises qui se rencontrent. Cela nous permet de mieux nous comprendre, de sentir que nous sommes frères, de prendre conscience de notre mission commune dans le monde contemporain. Je suis également reconnaissant à Sa Béatitude de ses labeurs pour la pastorale. En signe de mon amitié et de mon respect, j’aimerais vous offrir cet encolpion portant l’image du Christ Sauveur, ainsi qu’une crosse, symbole de votre ministère archipastoral… »
Après avoir reçu ces présents, le patriarche roumain s’est adressé aux participants des cérémonies pour les remercier et a offert une icône de saint Dimitri le Jeune aux primats des Églises locales présents, ainsi qu’aux chefs des délégations.
Le primat de l’Église orthodoxe russe a aussi remercié tous ceux qui ont pris part à l’organisation des célébrations de Bucarest.
Pour finir, les primats des Églises russe, roumaine, albanaise et des terres tchèques et de Slovaquie, ainsi que les représentants des Églises orthodoxes locales et les hiérarques de l’Église orthodoxe roumaine, ont vénéré les reliques de saint Dimitri de Bessarabie et de saint Séraphin de Sarov.
Ensuite, une réception a été donnée au Palais patriarcal.
La veille au soir, et le 27 octobre durant la journée, un grand nombre de pèlerins sont venus s’incliner devant la parcelle de reliques de saint Séraphin de Sarov, formant une longue file s’étirant sur les rues avoisinantes.