Le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie s’est entretenu avec le patriarche Théophile de Jérusalem
Le 2 décembre 2017, à la Salle rouge de la cathédrale du Christ Sauveur, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie s’est entretenu avec Sa Béatitude le patriarche Théophile de Jérusalem.
Le primat de l’Église de Jérusalem était accompagné de l’archevêque Aristarque de Constantine, de l’archevêque Théophilacte de Jordanie, de l’archimandrite Stéphane (Dispirakis), représentant du patriarche de Jérusalem auprès du patriarche de Moscou, et de l’archidiacre Marc (Henderson).
L’Église orthodoxe russe était également représentée par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’évêque Tikhon de Podolsk, administrateur des diocèses de Vienne en Autriche et de Hongrie, l’évêque Antoine de Bogorodsk, responsable de la Direction des établissements du patriarcat de Moscou à l’étranger, l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du DREE, l’archiprêtre Igor Iakimtchouk, secrétaire du DREE aux relations interorthodoxes.
L’entretien a porté sur de nombreux thèmes, notamment la situation en Terre sainte et, plus généralement, au Proche-Orient. L’Église russe apprécie hautement les efforts du Patriarcat de Jérusalem pour sauvegarder les sanctuaires de Terre Sainte, a souligné le patriarche Cyrille. « Nous considérons avec beaucoup de sérieux le rôle du Patriarcat de Jérusalem. Lorsque nous disons que vous êtes les gardiens des lieux saints, nous n’employons pas simplement une expression folklorique ou historique. Grâce au courage de la Fraternité du Saint-Sépulcre, grâce aussi, peut-être, au talent naturel du peuple grec, il a été possible de préserver le statuquo et de garder les lieux saints intouchés dans la juridiction du Patriarcat de Jérusalem.
« On n’ose imaginer ce qui serait advenu de ces lieux si la fraternité de Jérusalem n’avait pas défendu les sanctuaires orthodoxes tout au long des siècles, a ensuite souligné le primat de l’Église russe. Je ne sais pas s’il en serait resté une pierre, sans parler des objets saints. C’est pourquoi nous sommes extrêmement reconnaissants envers votre mission, si difficile, exigeant du courage, de la sagesse, la capacité à se défendre. »
La garde des sanctuaires chrétiens a toujours été importante pour la Russie, a poursuivi le patriarche Cyrille. « C’est en défendant les lieux saints que la Russie, au XIX siècle sous l’empereur Nicolas I, est entrée en conflit avec l’Europe coalisée. Elle a déployé toute sa force contre le peuple russe, Sébastopol, la Crimée, la Russie, afin de priver la Russie de toute possibilité de défendre les lieux saints et même d’envisager de maintenir une présence au Proche-Orient. Mais, grâce à Dieu, ces objectifs n’ont pas été atteints, a dit Sa Sainteté. Aujourd’hui, alors que la Russie a cessé d’être dirigée par un état athée, j’estime que le rôle de la Russie peut être essentiel, notamment pour défendre le Patriarcat de Jérusalem et le statut des lieux saints. Le seul fait que des milliers et des milliers de pèlerins de Russie et d’Ukraine se rendent sur les lieux saints est aussi un signe visible de soutien au patriarcat de Jérusalem. »
Pendant le patriarcat de Sa Béatitude Théophile, les relations bilatérales entre les Églises orthodoxe russe et de Jérusalem se sont intensifiées, a constaté le patriarche Cyrille. « Nos rencontres et vos séjours ici, en Russie, assez réguliers, aident aussi à renouveler constamment et à actualiser ces relations », a dit Sa Sainteté.
L’entretien a aussi porté sur la situation des chrétiens du Proche-Orient. « La situation politique est si dangereuse, et elle est si près des lieux saints, de Jérusalem, qu’elle ne peut nous être indifférente, notamment du point de vue de la sécurité des lieux saints, a souligné le primat de l’Église russe. On se demande ce qui se passerait au Proche-Orient si les terroristes avaient pris le pouvoir en Syrie. »
« Maintenant, avec la grâce de Dieu, les opérations militaires en Syrie touchent à leur fin. L’EI est pratiquement éliminé, a poursuivi le patriarche Cyrille. On va maintenant devoir passer à l’étape de la restauration de la Syrie, résoudre les problèmes de l’avenir politique du pays. Nous espérons que le règlement politique du conflit permettra d’établir une paix solide au Proche-Orient, et, partant, de garantir la sécurité des lieux saints. »
Le Concile de l’Église orthodoxe russe qui s’est achevé le 2 décembre 2017, a été très important pour comprendre ce qui se passe en Ukraine et pour évaluer l’unité de l’Église russe, a souligné le primat de l’Église orthodoxe russe. Il a exprimé au patriarche Théophile sa gratitude pour son soutien à l’Église canonique en Ukraine, lui demandant de prier pour que cessent les désordres en Ukraine et pour l’unité de l’Église russe.
« Certes, notre Église est dans une situation difficile, on la traite d’Église du pays agresseur, a dit le patriarche. Plusieurs lois discriminatoires, visant à lutter contre notre Église sont toujours à la Rada. » Remarquant qu’un des projets de loi prévoit un contrôle spécial de l’état sur toutes les nominations dans l’Église orthodoxe ukrainienne, le primat de l’Église russe a rappelé que même en Union soviétique cela n’avait pas cours.
Le patriarche Théophile de Jérusalem a souligné à son tour l’importance de l’unité de l’Église et assuré de son soutien inébranlable à l’orthodoxie canonique en Ukraine, souhaitant la patience aux orthodoxes de ce pays.
Le primat de l’Église orthodoxe de Jérusalem a aussi parlé au patriarche Cyrille de la situation en Terre Sainte, notamment de la restauration de l’église du Saint Sépulcre et d’autres sanctuaires. Il a exprimé sa reconnaissance particulière à la Russie pour son soutien. « Le peuple russe a une piété particulière envers les lieux saints et le Saint Sépulcre, a constaté le patriarche Théophile. Les pèlerinages en provenance de Russie ont une immense importance car, par leur présence physique, les pèlerins sont un message criant adressé aux autorités locales. Vous avez bien fait de parler de ce qui se serait arrivé si la Fraternité du Saint-Sépulcre n’avait pas fait tous ses efforts depuis des siècles pour préserver les lieux saints. La mission de la Fraternité du Saint-Sépulcre et du Patriarcat de Jérusalem est de garder l’accès aux lieux saints pour le monde entier. »
Le patriarche Cyrille a aussi dit hautement apprécier le rôle de la Russie dans la lutte contre le terrorisme. « On sait très bien que sans l’intervention de la Russie et celle, personnelle, du président Poutine, il n’y aurait plus de chrétiens au Proche-Orient, car ce sont les chrétiens de Syrie et du Liban, notamment les orthodoxes, qui étaient la cible des terroristes, a témoigné le primat de l’Église orthodoxe de Jérusalem. Nous sommes reconnaissants au président Vladimir Poutine qui défend le christianisme et l’Orthodoxie en particulier. »
A la fin de la rencontre, des cadeaux ont été échangés. Le patriarche Cyrille a aussi remis aux délégués de l’Église orthodoxe de Jérusalem la médaille du centenaire de l’ouverture du Concile de l’Église orthodoxe russe et de la restauration du Patriarcat dans l’Église russe.