Département des relations ecclésiastiques extérieures
Le site utilise des cookies pour vous montrer les informations les plus récentes. En continuant à utiliser le site, vous consentez à l'utilisation de vos métadonnées et cookies. Politique des cookies
Interview de Sa Sainteté le patriarche Cyrille à la radiotélévision nationale albanaise
Pendant sa visite en Albanie, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a donné une interview exclusive au correspondant de la radiotélévision nationale albanaise.
- Sainteté, quel est le but de votre visite à l’Église orthodoxe albanaise ?
- C’est une visite irénique à une Église orthodoxe sœur. Nous appelons irénique la visite officielle d’un patriarche après son élection au siège patriarcal. J’ai été élu il y a neuf ans, mais je n’avais pas pu venir en Albanie plus tôt. C’est pourquoi c’est avec un sentiment particulier que j’effectue cette visite irénique officielle à l’Église locale orthodoxe albanaise sœur.
- Votre amitié d’un demi-siècle avec Sa Béatitude l’archevêque Anastase est-elle la raison de votre visite, ou avez-vous un message à porter au peuple albanais ?
- Comme je l’ai déjà dit, il s’agit d’une visite officielle à une Église locale sœur. Mais le fait que Sa Béatitude l’archevêque Anastase et moi nous nous connaissions depuis cinquante ans et soyons amis, donne à cette visite un coloris particulier, certes.
Je désirais voir Mgr Anastase, primat de l’Église albanaise, sur les lieux de son ministère. Nous le connaissons comme un grand missionnaire, comme quelqu’un qui a beaucoup œuvré pour la propagation de l’Orthodoxie dans le monde, notamment sur le continent africain. Nous le connaissons comme un spécialiste de l’histoire de la mission orthodoxe. Aujourd’hui, j’ai pu voir les résultats de ce travail de mission, ici, en Albanie. Je suis très impressionné par ce que je vois. Je remercie Dieu des dons que possède Mgr Anastase et qu’il réalise sur les voies de son ministère missionnaire.
L’Église albanaise est passée par de terribles épreuves, elle a pratiquement été anéantie. Nous assistons aujourd’hui à la restauration de la vie ecclésiastique, à la construction de multiples églises, à la fondation de nombreux établissements à caractère social ou éducatif. L’essentiel est que l’Église albanaise peut aujourd’hui s’adresser aux gens dans une langue qu’ils comprennent et qui les aide à comprendre ce qu’est le christianisme dans l’histoire.
- Sainteté, quel est le rôle de la religion dans la lutte contre le terrorisme et le radicalisme ?
- Je pense que la religion a un rôle important à jouer, car bien souvent les groupes radicaux s’inspirent d’une fausse interprétation des doctrines religieuses ou justifient leur extrémisme par leur aspiration à plaire à Dieu. Je ne vois aucune autre argumentation, hormis une argumentation religieuse, qui soit capable de désarmer les fondements idéologiques du radicalisme et du terrorisme. Si les radicaux s’appuient sur des vérités religieuses et utilisent les idées religieuses pour motiver leurs actes extrémistes, seule la religion peut réfuter leur idéologie. Seules les organisations religieuses peuvent s’adresser à leurs fidèles pour les aider à comprendre le mensonge de la prédication des extrémistes, comprendre son danger pour l’état spirituel des gens, pour leur sécurité physique.
- Selon vous, la religion doit-elle intervenir dans la politique ?
- Je pense que la religion et la politique ne peuvent être les deux côtés d’une même médaille, ce sont des phénomènes d’ordres complètement différents.
La politique est un moyen de diriger les peuples, les masses, un moyen d’administrer l’état et de bâtir les relations entre états.
La religion se situe dans une tout autre sphère. L’âme, sa conscience, sa morale, sont au centre du message religieux. Le message religieux tend à aider l’homme à vivre dignement en ce monde, sans faire de fautes, sans tomber dans les erreurs, sans détruire sa propre personnalité et la vie d’autres hommes.
Les hommes politiques se situent au niveau des relations internationales et de l’administration de la société. Mais je suis profondément convaincu que l’Église a le droit de donner une évaluation morale sur telle ou telle politique, sur telle ou telle décision politique pour protéger ses fidèles, entre autres, de choix politiques qui peuvent leur causer des dommages spirituels ou matériels.
- Sainteté, pensez-vous que votre célébration commune avec le primat de l’Église albanaise est le signe d’une unité pastorale.
- Ma célébration avec le primat de l’Église albanaise est le signe de notre unité pastorale, spirituelle et dogmatique. L’archevêque Anastase et moi faisons partie de la même Église, l’Église orthodoxe. Nous poursuivons la même œuvre, chacun à sa place, là où le Seigneur nous a placés, et nous travaillons pour le bien du peuple qui nous est confié.
J’aimerais m’adresser au peuple albanais et lui souhaiter la prospérité, la paix, la tranquillité intérieure. A une époque où notre civilisation se développe de façon houleuse, alors que l’humanité passe par des moments de crise, il est très important de conserver son intégrité, l’intégrité intérieure, et d’être capable d’accueillir les défis de la modernité de façon à ce qu’ils ne détruisent pas la personnalité et ne détruisent pas les principes fondamentaux régissant l’existence de la société humaine.
14.10.2020
28.08.2020