A Téhéran, fin de la 11e réunion de la Commission mixte pour le dialogue « Orthodoxie-Islam », consacrée aux problèmes écologiques
La 11e réunion de la Commission mixte pour le dialogue « Orthodoxie-Islam » s’est réunie cette année du 5 au 7 mai dans la capitale iranienne autour du thème « Les religions et l’environnement ». Les rencontres de cette commission ont lieu une fois tous les deux ans, alternativement à Moscou et à Téhéran.
La composition de la délégation a été définie par le Saint-Synode lors de sa réunion du 7 mars 2018. Elle comprenait : le métropolite Théophane de Kazan et du Tatarstan, chef de la délégation, l’archimandrite Alexandre (Zarkechev), recteur de l’église Saint-Nicolas de Téhéran, l’archiprêtre Lev Semionov, directeur du département de théologie de l’Université linguistique nationale de Moscou, directeur du Centre spirituel et éducatif de l’Université Saint-Tikhon, le prêtre Dimitri Safonov, secrétaire du Département des relations ecclésiastiques extérieures de moscou aux relations interreligieuses, le prêtre Alexis Sorokine, recteur interimaire de l’église Sainte-Xénia de Beskoudnikovo (Moscou), A. Ossipov, professeur émérite de l’Académie de théologie de Moscou, O. Kalimoulline, consultat du DREE, E. Dounaiéva, directeur de recherches à l’Institut oriental de l’Académie des sciences russe. Le métropolite Théophane était accompagné dans son séjour en Iran de l’archiprêtre Alexis Kraiévski.
La nuit du 4 mai, la délégation est arrivée à Téhéran. Elle était attendue à l’aéroport par l’ambassadeur de la Fédération de Russie en Iran, L. Djagarian, le premier secrétaire de l’Ambassade, S. Souchkov, le directeur du Centre de dialogue des religions et des cultures de l’Organisation pour la culture et les relations islamiques de l’Iran (OCRE), Mohammad Mekhdi Taskhiri et des employés de cette organisation.
Le 5 mai, la délégation s’est rendue au Centre de dialogue des religions et des cultures de l’OCRE, où elle a été reçue par le directeur de cette institution, Abozar Ebrahimi Torkaman. L’entretien du métropolite avec le directeur de l’OCRE a porté sur le dialogue des deux communautés religieuses et sur le développement de celui-ci. A la fin de la rencontre, des souvenirs ont été échangés.
La première séance de la réunion de la commission a débuté immédiatement après. Elle s’est déroulée sous la présidence du métropolite Théophane de Kazan et du Tatarstan et d’Abozar Ebrahimi Torkaman. Le vice-président iranien, chef de l’Organisation de défense de l’environnement, Isa Kalantari, et l’ayatollah Taskhiri y assistaient, ainsi que les membres de la délégation, les employés de l’OCRE, les employés de l’Ambassade de Russie en Iran, les représentants de la presse et de la communauté scientifique iranienne.
Le métropolite Théophane a lu le message de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie aux participants du dialogue. Dans son rapport, le chef de la délégation russe a proposé une réflexion orthodoxe sur la crise écologique. « Il faut éduquer à une culture respectueuse du rapport à l’environnement dans toutes les couches de la société, à commencer par les écoliers et jusqu’aux hommes d’affaires et aux hommes politiques. Cette transformation de la société n’est pas possible sans la participation des religions mondiales traditionnelles, comme l’Orthodoxie et l’islam » a-t-il souligné.
De son côté, Abozar Ebrahimi a parlé de l’importance accordée à cette réunion en Iran, caractérisant les problèmes écologiques du point de vue de l’organisation qu’il préside. Il a souligné qu’il voyait une importance particulière dans le développement du dialogue avec l’Église orthodoxe russe. A. Ebrahimi est spécialiste de la langue et de la culture russe.
Le vice-président iranien a parlé de l’importance accordée aux problèmes de l’écologie en Iran.
L’archimandrite Alexandre (Zarkechev), recteur de l’église Saint-Nicolas de Téhéran, qui participe à toutes les réunions de la commission pour le dialogue avec la communauté musulmane d’Iran, a proposé un rapport sur « l’activité écologique comme composante de la politique étrangère de l’Église orthodoxe russe. »
Le chef du diocèse iranien de l’Église apostolique arménienne, l’archevêque Sebouh Sarkissian, a chaleureusement salué les participants. Il est à la tête de la plus importante communauté chrétienne d’Iran, qui se compose de 70 à 90 000 fidèles. Le chef d’une autre communauté chrétienne d’Iran, l’évêque Ramzi Garmu (Église catholique chaldéenne), était aussi présent.
Le professeur A. Ossipov a présenté un exposé intitulé « Où va l’homme contemporain ? », qui a suscité un grand intérêt parmi les participants. Le professeur Ossipov a montré que les sources de la crise écologique étaient à chercher en l’homme moderne. Il a souligné : « Aujourd’hui, il devient de plus en plus évident que l’humanité, même si elle détient tous les biens de la civilisation, n’en mourra pas moins bientôt si elle ne préserve pas, ou, plus exactement, si elle ne rétablit pas l’intégrité, la santé de son âme propre. Le problème écologique est avant tout un problème spirituel et non matériel, dont le nœud n’est pas tant l’état de l’environnement que celui de l’homme lui-même. Pour résoudre ce problème, du point de vue religieux, il faut suivre deux vecteurs. Le premier répond à la spécifique de la compréhension religieuse de la vie spirituelle et de l’activité de l’homme en société. Le second se rattache aux tendances idéologiques et à la manipulation des consciences qui ont cours dans le monde contemporain et sont particulièrement dangereux pour l’homme. »
La seconde séance a débuté le 6 mai, après la célébration de la Divine liturgie par le métropolite Théophane à l’église Saint-Nicolas de Téhéran. La réunion a débuté par un exposé du docteur Ahmad Beheshti, sur le thème « L’éthique écologique du point de vue de l’islam et du christianisme ».
Après l’intervention du docteur Beheshti, la parole a de nouveau été donnée au professeur Ossipov, dont l’allocution n’avait pu être entendue dans son ensemble la veille. Sa communication a été suivie d’un débat animé, qui a montré une communauté de positions entre les participants, lesquels ont conclu que les religions devaient éduquer à la spiritualité et qu’il serait impossible de résoudre les problèmes écologiques sans cette éducation.
- Kalimoulline a présenté un exposé sur « La problématique écologique actuelle et l’activité de l’Église orthodoxse russe dans le domaine de l’écologie ».
Ont suivi des exposés du professeur Eslami Ardakani (« L’éthique écologique musulmane de la vertu : principes théoriques et utilité pratique »), et d’E. Dounaiéva (« Le rôle des sociétés académiques de Russie et d’Iran dans la promotion des idées d’économie verte (d’après l’exemple du complexe du bassin aquatique de la Caspienne) ». Le 7 mai sont intervenus le docteur Abdoulhassan Navab, l’archiprêtre Lev Semionov (« Conception orthodoxe de la problématique écologique »), qui a développé le lien entre la conception biblique du rapport entre l’homme et la nature et des documents comme les Fondements de la doctrine sociale de l’Église orthodoe russe, les Fondements de la doctrine de la dignité, de la liberté et des droits de l’homme, La position de l’Église orthodoxe russe sur les problèmes écologiques actuels.
Le prêtre Alexis Sorokine, qui a récemment soutenu une thèse sur la botanique biblique à l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode, a présenté une communication sur « La nature dans l’’Ecriture sainte des chrétiens : la flore biblique ».
Le prêtre Dimitri Safonov, secrétaire aux relations interreligieuses du DREE a parlé de l’expérience russe de coopération interreligieuse, notamment de l’activité du Conseil interreligieux de Russie, dont il est le secrétaire exécutif. A la fin de sa communication, le père Dimitri a insisté sur l’importance du développement de l’enseignement religieux, instrument efficace contre l’extrémisme.
Un communiqué a été adopté lors de la séance finale. Il est souligné dans ce document que les membres des grandes religions doivent promouvoir une utilisation respectueuse des ressources naturelles, conformément aux doctrines de ces religions. La nature est l’une des bases de l’existence humaine, et la protection de l’environnement est une expression de reconnaissance envers le Créateur. Les deux parties sont solidaires pour affirmer que les processus de développement des technologies et de l’économie dans le monde contemporain doivent se faire sans porter atteinte à l’environnement. Le document souligne le rôle et la responsabilité des leaders religieux et de leurs fidèles pour influer sur les personnes qui prennent les décisions pratiques dans le domaine de l’interaction entre l’homme et la nature.
Le communiqué précise que la prochaine réunion aura lieu en Russie en 2020.
Dans son discours de clôture, A. Ebrahimi Torkaman a remercié les membres de la délégation ecclésiastique de son travail. Il a remis au père Dimitri Safonov, secrétaire du DREE aux relations interreligieuses, un cadeau en reconnaissance pour son travail de préparation du forum. Mgr Théophane, de son côté, a souligné le niveau exceptionnellement élevé des communications de la partie iranienne et remercié M. Ebrahimi Torkaman de son hospitalité et de l’excellente organisation de l’évènement.
Les réunions du forum ont intéressé les médias iraniens. Des dizaines de scientifiques iraniens, spécialistes des questions religieuses, doctorants et étudiants des établissements iraniens assistaient aux réunions.