Département des relations ecclésiastiques extérieures
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Le métropolite Onuphre de Kiev : Notre Eglise a tous les attributs de l’indépendance
L’Eglise orthodoxe ukrainienne a tout ce qu’il faut pour servir Dieu et le peuple. C’est ce qu’a expliqué Sa Béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine, dans une interview exclusive dans l’émission de télévision « Matinée sur Inter » (Outro na Intere).
« On nous pousse aujourd’hui à prendre la forme d’un parti politique. Pour que ce ne soit pas le Christ qui nous dirige, mais des hommes politiques. Si j’avais voulu devenir politicien, je le serais devenu, je n’aurais pas mis ces habits-ci, je serais tout de suite entré en politique. Dans ma jeunesse, j’en aurais eu la possibilité. Mais j’ai rejeté ces possibilités. Ayant pris l’habit ecclésiastique, je dois penser et me préoccuper du spirituel. Quant à ceux qui portent des soutanes et s’occupent, en fait, de politique, bâtissant tout un tas de plans géopolitiques, ce sont tout simplement des gens malhonnêtes, qui n’ont pas pu être de vrais prêtres, et se sont transformés en une sorte de vampires pour attirer l’attention des gens au moyen de leur habit religieux. C’est malhonnête. Ces gens auront à répondre sérieusement de leurs actes devant Dieu.
Nous sommes une Eglise autonome. Nous avons tous les attributs de l’indépendance nécessaires aujourd’hui pour servir Dieu et le peuple comme il faut.
Nous avons notre Synode, indépendant de qui que ce soit. Nous avons un Concile épiscopal, indépendant de qui que ce soit ; les décisions de notre Concile sont prises de façon indépendante, personne n’a le droit d’y opposer son véto. Nous avons notre propre tribunal ecclésiastique, qui juge en dernier ressort. Nous avons tout : l’indépendance économique, l’indépendance administrative... Le Tome d’autocéphalie limitera la liberté dont nous disposons aujourd’hui. Nous n’en avons pas besoin. Nous avons l’indépendance, l’autonomie, nous avons tous les attributs de la liberté nécessaires pour le bon service spirituel des fidèles.
Il est normal que nous ayons des liens spirituels, des liens de prières, des liens canoniques et culturels avec le Patriarcat de Moscou. C’est ainsi que cela doit être. L’Eglise n’est pas une organisation politique qui en aime un aujourd’hui et en déteste un autre, pour changer d’avis le lendemain. L’Eglise aime tout le monde, nous aimons tout le monde. Nous aimons Moscou, nous aimons les Russes, nous aimons les Américains, nous aimons les Africains, les Asiatiques, nous aimons tout le monde. Nous n’avons pas d’ennemis. Nous avons des adversaires qui s’opposent à nous, mais ils ne sont pas nos ennemis. Nous prions pour tout le monde.
Le Patriarcat de Constantinople a envoyé ses deux exarques en Ukraine. C’est un acte non canonique de la part de l’Eglise constantinopolitaine. Elle n’a pas le droit d’envoyer ses légats, ses exarques dans notre Eglise indépendante.
Elle a jadis été une Eglise puissante, qui embrassait tout le monde civilisé. Elle s’identifiait à l’Empire byzantin. L’Empire byzantin englobait presque le monde entier, et l’Eglise était son équivalent. Mais l’Empire byzantin n’existe plus, et ils vivent sur leur passé. Au lieu du grand état qu’était Byzance, nous avons aujourd’hui la Turquie qui n’est même pas orthodoxe. On peut y compter les orthodoxes sur les doigts de la main. Ils ont réduit leur pays à un tel état que le puissant empire orthodoxe est devenu un état musulman. Et ils veulent aujourd’hui nous commander, nous apprendre à vivre ?
Ils voudraient réduire notre Ukraine au même état que celui auquel ils ont amené leur patrie ? Ils n’ont ni le droit moral, ni le droit canonique de nommer ici des exarques et de s’immiscer dans nos affaires.
L’ingérence dans les affaires d’une autre Eglise, c’est un acte antiecclésiastique, anticanonique, c’est un péché. Or le péché entraîne la division. Ce péché d’ingérence dans les affaires de notre Eglise peut engendrer un schisme d’ampleur mondiale.
L’Eglise ne peut pas vivre suivant les normes de la vie civile. La vie civile, en particulier la vie politique, va de pair avec les intrigues, la tromperie, la trahison... tout un ensemble de maux. L’Eglise ne peut pas vivre suivant ces normes, elle vit selon les commandements du Christ. Nous avons nos méthodes de lutte contre le mal. C’est la prière, la pénitence, la patience, l’humilité devant les autres et devant Dieu. C’est une arme puissante qui anéantit le mal.
Le prêtre doit être un artisan de paix, et non un politicien qui divise. L’idéologie dont on fait aujourd’hui la propagande ne vient pas de Dieu, parce que l’idéologie qu’on veut imposer à notre société est devenue antichrétienne. La légitimation des mariages homosexuels, de l’avortement, du suicide, etc., tout cela est étranger au Christ. Dieu n’a pas béni les hommes pour cela. L’Eglise accomplit sa mission, elle conduit l’homme à Dieu, rappelle aux gens que nous sommes tous des créatures de Dieu et qu’Il nous appelle à nous aimer les uns les autres, à nous supporter, à nous entraider.
Je sais que notre Eglise tiendra jusqu’à la fin du monde, parce que le Seigneur a dit que les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur Elle.
Je m’adresse à tous les fidèles de notre Eglise. Ne craignez rien. Soyez fermes dans l’amour de Dieu. Gardez la pureté de la sainte foi orthodoxe, elle est la voie qui conduit l’homme à Dieu. Aimez-vous les uns les autres, soyez patients les uns envers les autres, entraidez-vous mutuellement.
Le mal passera, le bien est éternel. Si nous sommes patients, si nous sommes charitables les uns envers les autres, aucun mal ne nous vaincra. Dieu est un Dieu de puissance, tandis que le mal est sans force. Vivons avec Dieu, et soyons joyeux, heureux et bénis.
14.10.2020
28.08.2020