Le patriarche Cyrille a rencontré le primat de l’Église malankare
Le 3 septembre 2019, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a reçu le catholicos d’Orient et métropolite de Malankare, Baselios Marthoma Paulose II, à la résidence patriarcale et synodale du monastère Saint-Daniel de Moscou.
Le primat de l’Église malankare était accompagné du métropolite Zachariah Mar Nikolovos, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures de l’Église malankare ; du métropolite Youkhanon mar Diaskoros, secrétaire du Saint-Synode de l’Église malankare ; du prêtre Abraham Thomas, secrétaire du Département des relations ecclésiastiques extérieures de l’Église malankare ; du prêtre Aswin Zefrin Fernandis, directeur du Service du protocole de Sa Sainteté le catholicos ; le prêtre Jiss Johnson, secrétaire personnel du catholicos ; de Jacob Mathew, membre du Conseil ecclésiastique de l’Église malankare ; de Kevin George Koshi, directeur du Service de communications du Département des relations ecclésiastiques extérieures de l’Église malankare ; du docteur Ch. Eapen, représentant de la diaspora malankare en Russie.
L’Église orthodoxe russe était représentée à la rencontre par : le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou ; l’évêque Denis de Voskressensk, premier adjoint au chancelier du Patriarcat de Moscou, premier vicaire du patriarche pour la ville de Moscou ; l’archimandrite Philarète (Boulekov), vice-président du DREE ; le hiéromoine Stéphane (Igoumnov), secrétaire du DREE, en charge des relations interchrétiennes ; R. Akhmatkhanov, collaborateur du Secrétariat aux relations interchrétiennes.
Le primat de l’Église orthodoxe russe a chaleureusement souhaité la bienvenue au catholicos Baselios Marthoma Paulose II : « Nous sommes heureux que cette visite tant attendue ait lieu ».
Sa Sainteté a rappelé que Baselios Marthoma Paulose II était déjà venu à Moscou. En 1988, alors qu’il était le plus jeune évêque de l’Église malankare, il avait assisté aux célébrations du millénaire du baptême de la Russie. « Cet évènement avait été un tournant, un moment historique dans la vie de notre Église, a témoigné le patriarche Cyrille. Cette célébration mettrait un terme à la rude époque des persécutions et des répressions de la part du pouvoir. L’Église allait pouvoir porter à son peuple la bonne nouvelle du Christ, sur les immenses espaces de l’Union soviétique d’alors. » Ayant constaté que l’Église russe avait beaucoup changé depuis, le patriarche Cyrille a, notamment, déclaré qu’il avait été possible de restaurer ou de bâtir 30 000 églises. « Cela revient pratiquement à trois églises par jour sur le territoire de notre Église » a-t-il poursuivi. La restauration de la vie ecclésiale s’est poursuivie sur le territoire de l’Union soviétique puis, plus tard, sur celui d’états comme la Russie, l’Ukraine, le Kazakhstan, la Moldavie, l’Azerbaïdjan, les républiques d’Asie centrale et les Pays Baltes. »
Dans le courant de la conversation, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a constaté que les Russes ont toujours été intéressés par l’Inde. « Il y a eu des passionnés qui sont partis pour l’Inde à pied, sont revenus en Russie et ont raconté leur voyage à leurs compatriotes, parlé du pays merveilleux qu’ils avaient visité. Beaucoup ont découvert avec surprise l’existence d’une communauté chrétienne forte en Inde, qui n’était le résultat d’une mission occidentale, mais existait depuis les temps apostoliques. Le fondateur de cette communauté fut l’apôtre Thomas. C’est pourquoi il y a toujours eu un intérêt mutuel et une aspiration réciproque à des relations plus étroites », a dit Sa Sainteté.
C’est en 1851, a remarqué le patriarche Cyrille, que des chrétiens d’Inde sont entrés en contact avec l’Église orthodoxe russe pour la première fois. Cependant, les guerres de l’époque ont empêché que cette initiative ait des suites.
« En 1931, notre compatriote, le hiéromoine Andronique (Elpodinski) est arrivé en Inde, où il passa dix-huit ans, a rappelé encore Sa Sainteté. Nous savons que votre Église a gardé sa mémoire ; la chapelle qu’il avait construite existe toujours. »
Durant les années de persécutions subies par l’Église orthodoxe russe au XXe siècle, et malgré toutes les difficultés, il a été possible de beaucoup faire pour le développement des rapports entre le Patriarcat de Moscou et l’Église malankare. « En 1961, la IIIe Assemblée générale du Conseil œcuménique des églises a eu lieu à New Dehli, et une délégation de l’Église orthodoxe russe, conduite par mon père spirituel, le métropolite Nicodème de Leningrad et de Novgorod, s’est rendu en Inde, où elle a établit de bonnes relations avec votre Église. Mgr Nicodème a proposé que des représentants de l’Église malankare viennent suivre des études dans les établissements de l’Église orthodoxe russe. Nous savons que cette initiative a eu des suites, bien que sans avoir pris une grande ampleur » a raconté le patriarche Cyrille.
Sa Sainteté a aussi rapporté qu’en 1965, le patriarche Alexis II, de bienheureuse mémoire, alors archevêque de Tallin et d’Estonie, a rendu visite à l’Église malankare pour la célébration du 150e anniversaire du séminaire de Kottayam.
« J’ai aussi participé à des contacts, a poursuivi le patriarche Cyrille. En 1976 (j’étais alors recteur de l’Académie de théologie de Leningrad), nous avons reçu votre prédécesseur de bienheureuse mémoire, Baselios Marthoma Mathieu I. Ce fut la première visite d’un catholicos à notre Église. En 1977, mon prédécesseur, le patriarche Pimène se rendit en Inde. Il y rencontra Indira Gandhi et le président F. Ahmed. Ce fut aussi un grand évènement dans nos relations bilatérales. En tant que président du Département des relations ecclésiastiques extérieures, je suis aussi allé en Inde en 2006, à Dehli, Chennai et Kerala. Nous avions eu de fructueux entretiens avec le catholicos Baselios Marthoma Didyme I. »
Le primat de l’Église orthodoxe russe a qualifié de facteur important, aidant au développement des relations bilatérales, l’activité du représentant de la diaspora malankare à Moscou, Ch. Eapen, qui a traduit la « Philocalie » dans l’une des langues en usage sur le territoire indien, le malayalam. Parlant d’évènement historique, le patriarche Cyrille a remercié Ch. Eapen, présent à le rencontre, de son immense travail.
De son côté, le patriarche catholicos et métropolite de Malakare Baselios Marthoma Paulose II a remercié le patriarche Cyrille de son accueil, et a souligné : « 40 ans se sont écoulés, et, en tant que primats de nos Églises, nous pouvons renouveler l’échange de visites. Sainteté, votre amitié et votre clairevoyance l’ont rendu possible. Merci encore. »
« Par la grâce de Dieu et l’intercession de saint André et de tous les autres saints, votre Église est devenue une source spirituelle pour le monde entier, a-t-il dit au patriarche de Moscou et de toute la Russie. Pour nous, saint Thomas a ouvert les portes de cette voie dont parle Jésus, vers la vraie vie. Que la bénédiction et la direction des saints apôtres demeure avec nous. »
Le catholicos a évoqué les souvenirs de sa précédente visite à l’Église orthodoxe russe, en 1988.
Il a aussi insisté sur la contribution des métropolites Nicodème et Paul mar Gréggoire (Vargheze) à l’établissement de relations entre les Églises.
La délégation malankare a demandé au primat de l’Église orthodoxe russe de développer la coopération dans le domaine académique, notamment d’assurer la formation d’iconographes et de chantres pour l’Église d’Inde, de faire partager l’expérience de vie monastique en Russie. Il a été proposé d’entreprendre des pèlerinages dans les deux pays, d’organiser des universités d’été, de contribuer à la participation de spécialistes à différentes projets de conférences scientifiques. Pour résoudre ces différentes objectifs, le catholicos a proposé de créer un groupe de travail commun, qui coordonnerait les relations bilatérales.
Le patriarche Cyrille a remercié le primat de l’Église malankare de ses propositions constructives. Il a proposé à son tour de développer la coopération dans le domaine social. Selon le patriarche, le travail des institutions sociales est un signal important donné à la société. Il a parlé à ses hôtes de l’hôpital Saint-Alexis-de-Moscou, et invité les membres de la délégation à le visiter. Sa Sainteté a aussi mentionné le travail actif mené dans les domaines de l’aide sociale, de la formation des jeunes et de l’enseignement au niveau paroissial, soulignant que les jeunes gens étaient ainsi attirés à l’Église, dont ils devenaient des membres actifs.
Le patriarche a soutenu la proposition du catholicos sur la fondation d’un groupe de travail qui sera chargé de la coordination des relations bilatérales.
Des cadeaux ont été échangé à la fin de la rencontre.