Le métropolite Hilarion : L’Eucharistie est le repas de noces auquel le Seigneur Jésus Christ convie chaque de nous
Le 13 septembre 2020, 14e dimanche après la Pentecôte, fête de la Déposition de la ceinture de la Mère de Dieu, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.
Des prières ont été dites pour la fin de l’épidémie de coronavirus.
A la fin de l’office, Mgr Hilarion a prononcé l’homélie suivante :
« Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !
Ce dimanche, on fait aussi mémoire de saint Cyprien de Carthage, évêque et martyr, un père de l’Église antique, qui vécut au IIIe siècle. Il a laissé d’excellentes œuvres, écrites en latin, mais traduites en russe.
Dans l’un de ses ouvrages, saint Cyprien écrit : « Qui n’a pas l’Église pour mère ne peut avoir Dieu pour Père ». J’aimerais m’arrêter à ces mots du saint évêque martyr, en rapport avec l’évangile d’aujourd’hui.
Le Seigneur Jésus Christ a prononcé la parabole des invités au festin l’un des derniers jours de Sa vie terrestre. Il était déjà à Jérusalem ; la passion et la croix l’attendaient. Dans cette parabole, le Sauveur parle d’un roi, ayant invité plusieurs personnes à son banquet de noces. Mais les invités, les uns après les autres, refusent l’invitation. Alors le roi envoie son serviteur inviter tous ceux qui le souhaitent. Ils arrivent et s’installent. Le roi, sortant voir les convives, remarque un homme qui n’avait pas revêtu l’habit de noce, et demande à ses serviteurs de le lier et de le jeter dans les ténèbres, à l’extérieur.
Que veut dire cette parabole ? Elle parle de l’Église, et du banquet de noces auquel le Seigneur convie tous ceux qui le souhaitent. Ce banquet représente l’Église, sa vie, sa liturgie, ses sacrements, sa mystique, qui trouvent leur expression la plus élevée dans le sacrement de la sainte Eucharistie. Le banquet, auquel le Seigneur Jésus Christ nous convie tous, c’est l’Eucharistie. Quand on se réunit à l’église pour la Divine liturgie, le dimanche, un jour de fête ou un jour ordinaire, on communie aux Saints Mystères du Christ, devenant ainsi ceux que le Seigneur a invité à sa cène. C’est de nous que parle saint Cyprien de Carthage lorsqu’il dit que l’Église est notre mère, Dieu étant, par conséquent, notre Père.
On entend souvent affirmer que Dieu existe mais que l’Église est inutile. Cette idée court sous différentes formes, c’est une idéologie qui est beaucoup reprise aujourd’hui. Pour les uns, l’Église est inutile par définition : Dieu est pour tous, et chacun peut s’adresser directement à Lui dans la prière. Pour d’autres, on n’a pas forcément besoin de prier, il suffit de reconnaître qu’un principe suprême existe quelque part ; c’est suffisant pour bien vivre. Il y a encore ceux qui disent que l’Église sert quand même à quelque chose, mais pas sous sa forme actuelle, avec des hiérarques qui passent leurs vacances sur leurs yachts, des prêtres qui volent les gens, qui roulent en limousines ; il leur faudrait une autre Église. Une Église alternative, pas celle-là, où l’on invite tout le monde, mais qui a trop de défauts.
Beaucoup, malheureusement, influencés par cette propagande diffusée par les moyens de communications, et particulièrement répandue sur Internet et sur les réseaux sociaux, ne viennent pas à l’Église et se privent de ce qui a toujours été l’essentiel dans l’Église, le banquet de noces auquel Dieu repose avec ceux qu’Il invite. Il invite tous ceux qui le souhaitent, il n’est personne à qui la porte soit interdite.
L’Église fondée par le Seigneur Jésus Christ existe depuis déjà deux mille ans. Combien d’hommes sont passés par l’Église depuis ! Combien de hiérarques, de prêtres, de moines, de laïcs ! Les uns sont parvenus aux sommets de la sainteté, d’autres s’en sont montrés indignes et ont été une source de scandale, par leur inconduite, parce qu’ils ne correspondaient pas à l’idéal défini par le Christ dans l’Évangile. Et alors ? L’Église en a-t-elle été amoindrie ? Pas du tout ! L’Église était et reste sainte, non pas grâce à nous, au contraire, plutôt malgré nous. L’Église est sainte parce que le Christ lui a donné Sa sainteté et la transmet par son intermédiaire à quiconque peut entrer au banquet.
La passion et la mort de notre Seigneur Jésus Christ sont la plus grande expression de l’amour divin envers le genre humain. Nous les vivons au travers de la Sainte Eucharistie, car lorsque nous sommes rassemblés à l’église pour participer à la Divine liturgie, nous faisons chaque fois mémoire des souffrances du Seigneur Jésus Christ, de Sa mort sur la croix et de Sa résurrection. Nous n’en faisons pas seulement mémoire, nous y participons, nous sommes présents au Golgotha, où le Seigneur crucifié appelle Son Père ; nous assistons à Son inhumation, et devenons ensuite témoins de Sa résurrection.
Voilà l’essentiel dans l’Église. Voilà à quoi sert l’Église. Nul besoin de se laisser induire en tentation par des rumeurs sur des membres de l’Église ou même sur des prêtres. D’une part parce que les rumeurs ne sont pas souvent fondées : on calomnie des prêtres, des évêques, le patriarche, on leur attribue ce qu’ils n’ont pas et n’ont jamais eu, on répand des légendes afin d’écarter les gens de l’Église.
D’autre part, il faut bien voir que si l’Église tient, ce n’est pas grâce aux hommes, mais grâce à Dieu qui l’a créée pour les hommes. On vient à l’Église pour s’imprégner de la grâce de Dieu, de la sainteté qui émane de la Source de vie, et non pour se distraire à l’aide de rumeurs ou de conversations indignes sur le mode de vie des uns ou des autres.
Chers frères et sœurs, j’aimerais rappeler que l’Église est là pour le salut des hommes. Et je citerais encore une fois ces paroles remarquables de saint Cyprien de Carthage : Qui n’a pas l’Église pour mère ne peut avoir Dieu pour Père. Que les calomniateurs de l’Église n’aillent pas croire qu’ils auront accès directement à Dieu. Dieu ne les accueillera pas, justement parce que l’Église n’est pas leur mère, qu’ils n’aiment pas l’Église et, par conséquent, qu’ils n’aiment pas Dieu. Nous, nous aimons l’Église, nous la chérissons ; pour nous, l’Église est l’arche de Noé, l’arche du salut, sur laquelle nous avançons vers le Royaume des Cieux.
N’oublions pas ce que disait la parabole du jour : pour participer au banquet des noces, il faut avoir mis l’habit de noces.
Certains s’indignent du geste du roi de la parabole : comment, alors qu’il avait lui-même invité des gens ramassés sur la route peut-il exiger d’eux un habit de noces ? Cet habit de noces, il n’est pas nécessaire de l’avoir avec soi ou de le préparer à l’avance : le Seigneur le donne à ceux qui veulent participer à Son banquet. Quand l’Église rappelle la nécessité de porter un habit de noces, elle parle surtout de la pureté du cœur : s’avançant vers le Sacrement de l’Eucharistie, vers la Communion aux Saints Mystères du Christ, purifions notre cœur, afin d’éviter toute hypocrisie et tout quiproquo. Purifions-le pour s’approcher de la table du banquet et du Saint Sacrement en aimant Dieu et en ayant conscience de sa peccabilité, plein du désir de se corriger et de recevoir Sa grâce. A qui s’approche avec un zèle sincère, avec cœur, avec attention du Sacrement de l’Eucharistie, le Sacrement lui-même sera l’habit nécessaire pour participer au banquet nuptial de notre Seigneur Jésus-Christ.
Venons à l’église et communions aux Saints Mystères du Christ dès que possible, participons aux sacrements de l’Église. Gardons nos oreilles du blasphème contre l’Église, partageons notre espérance de la grâce et de la vie en Église avec les autres, afin que chacun, par le Sacrement de l’Eucharistie, puisse communier au Corps et au Sang de notre Seigneur Jésus-Christ.
Bonne fête à tous, bonne santé. Prenez soin de vous et de vos proches. Je me réjouis de voir que vous vous montrez disciplinés et, qu’à quelques exceptions près, vous portez tous un masque pendant l’office. Ce n’est pas très confortable, mais c’est une mesure temporaire, que nous supprimerons dès que les circonstances le permettront.
Que le Seigneur vous garde ! »