Le patriarche Bartholomée s’est conduit de façon extrêmement incohérente
Le protopresbytre Ioannis K. Diotis est théologien, publiciste, écrivain et éditeur (récompensé par l’Académie des sciences d’Athènes).
Le patriarche œcuménique Bartholomée s’en est pris avec une hostilité inédite à l’Église orthodoxe russe qui représente près de la moitié du monde orthodoxe. Ce comportement du patriarche est incohérent. Voici quelques-uns des « épanchements » du patriarche, sortis droit du cœur, tels qu’ils ont été publiés le 2 février 2023 par le portail « L’Arche de l’Orthodoxie ».
« C’est l’Église russe, dépourvue d’une saine conscience ecclésiale, et non l’autocéphalie ukrainienne qui a approfondi le gouffre entre Ukrainiens et Russes. »
C’est pourtant bien à ce patriarche que fait défaut la conscience ecclésiale orthodoxe. Car c’est lui qui, par son intrusion non canonique dans une juridiction ecclésiale étrangère, dépendant du Patriarcat de Moscou, a aggravé le schisme en Ukraine. C’est lui qui a octroyé une pseudo-autocéphalie à la pseudo-église qu’il a fondée à Kiev composée de schismatiques, d’excommuniés, d’imposteurs n’ayant pas été ordonnés ou anathématisées, le faux évêque et faux primat Épiphane en tête. Il a tenté de tromper tous les chefs d’Église, tout le plérôme de l’orthodoxie en affirmant avoir rétabli dans leur rang du point de vue de l’ecclésiologie tous ceux contre lesquels le Patriarcat de Moscou avait émis des sanctions canoniques. En tant que journaliste, j’ai demandé au patriarche de rendre publique la procédure de réintégration des personnes soumises à des sanctions ecclésiastiques. Il a répondu par un silence couvrant sa totale nudité du point de vue ecclésiologique. Une fois encore, le patriarche est confronté à un défi parce qu’il a l’obligation de le faire. C’est une exigence véritablement universelle, c’est une exigence du plérôme de l’orthodoxie.
Je m’arrêterai à ce sujet, car il est fondamental. La question ukrainienne continue de déchirer l’unité de l’orthodoxie à cause des schismes apparus ça et là. Le seul responsable de cette triste situation dans l’Église est le patriarche Bartholomée.
Attention, chers lecteurs, attention, attention ! Le patriarche se dément lui-même.
C’est le même patriarche qui avait convoqué la synaxe des primats de toutes les Églises autocéphales à Chambésy, près de Genève (21-27 janvier 2016). Les éditions « Diaconie apostolique » de l’Église orthodoxe grecque ont publié un magnifique volume, lourd de 542 pages, contenant les procès-verbaux et tous les documents de cette réunion solennelle sous le titre « Synaxe des Primats des Saintes Églises orthodoxes autocéphales » (1e édition octobre 2021).
Écoutez bien ! Dans le courant des nombreuses et longues discussions des sept jours qu’a duré cette réunion, le patriarche Bartholomée a, notamment, déclaré sans équivoque et clairement : 1) « L’unité de l’Église doit se manifester non seulement en paroles, mais en actes » (p. 62). 2) « Je déclare officiellement que la sainte Église de Constantinople n’a l’intention d’entreprendre quoi que ce soit relativement à la vie de l’Église en Ukraine, d’autant plus de légaliser le schisme ou d’octroyer l’autocéphalie » (p. 150). 3) Nous tous ici présents reconnaissons Mgr Onuphre comme l’unique métropolite canonique de Kiev » (p. 71). 4) « Face à cette sainte assemblée, je répète que chaque fois que les hiérarques du Patriarcat œcuménique se rendent en Ukraine, ils rendent d’abord visite au métropolite Onuphre de Kiev » (p. 151). 5) « Philarète est un schismatique. J’ai donné aux clercs ukrainiens de la diaspora exerçant dans la juridiction du Patriarcat œcuménique des instructions claires pour qu’ils s’abstiennent de toute communion dans les sacrements et de célébrations communes avec les schismatiques » (p. 77-78). 6) Nous considérons les relations fraternelles entre les Églises de Constantinople et de Moscou comme un bien précieux (p. 78). « Les droits canoniques de la Sainte Église russe en Ukraine ne font aucun doute » (p. 77). 8) « La sainte Église de Constantinople n’a aucunement l’intention de s’ingérer dans les affaires internes des Églises autocéphales, elle agit toujours à la demande de l’Église intéressée » (p. 77). 9) Le patriarche œcuménique travaille à la résolution des problèmes en s’appuyant sur les moyens prévus par le droit canon (p. 77). 10) « Je propose de prendre avec notre sœur l’Église russe une décision pour contribuer à guérir la blessure du schisme dans l’Église en Ukraine » (p. 155). 11) Tous les participants de cette assemblée conviennent avec le patriarche Bartholomée et reconnaissent que l’Église orthodoxe ukrainienne fait partie de la juridiction du Patriarcat de Moscou.
Horreur, horreur, horreur ! En accordant arbitrairement une pseudo-autocéphalie à sa pseudo-Église de Kiev, le patriarche Bartholomée a enlevé toute valeur à ce qu’il avait déclaré à la synaxe des primats ; en s’ingérant dans une juridiction ecclésiastique qui n’est pas la sienne, mais est subordonnée au Patriarcat de Moscou, il a commis un crime canonique grave. Or, l’Église canonique dirigée par le métropolite Onuphre n’avait pas demandé l’autocéphalie. Le patriarche Bartholomée s’est rendu coupable d’un crime canonique concret en introduisant à sa place un second évêque (le pseudo-évêque Épiphane, ce qui est absolument interdit par les saints canons. La conduite du patriarche se distingue par son incohérence.
La première calomnie du patriarche Bartholomée contre l’Église russe ayant nécessité une réfutation aussi détaillée, nous nous bornerons ensuite à citer les « épanchements » offensants débordant du cœur patriarcal :
« Moscou cherche à anéantir l’ordre ecclésiastique » ; « l’Église russe crée une tension dans les rapports orthodoxes » ; « l’Église russe a des ambitions papales » ; « Moscou ne reconnaît pas aux Ukrainiens le droit à une Église autocéphale parce qu’il veut les opprimer violemment, il veut transformer l’orthodoxie en une confédération d’Église pour garder la parole » ; « Moscou possède une mentalité hégémoniste ouvertement méprisante » ; « l’Église russe aspire résolument au meurtre de sa propre mère » ; « l’Église russe doit demander pardon des malheurs qu’elle a causés à l’orthodoxie ».
Toutes ces insultes sont insupportables de la part d’un patriarche. Elles contrastent terriblement avec ce que le patriarche Bartholomée déclarait à la synaxe des primats et le contredit. Personne ne l’avait défié. Il s’est le premier lancé dans l’illégalité en se joignant à l’Amérique soumise par les francs-maçons pour lutter contre la Russie orthodoxe.
Après s’être contredit d’une façon aussi glaçante, après s’être aussi maladivement ridiculisé, le patriarche Bartholomée ne peut plus être respecté en tant que personnalité publique. Il ne mérite désormais plus aucune confiance.