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Le métropolite Hilarion : Ne pas se laisser a…

Le métropolite Hilarion : Ne pas se laisser aller à la déprime, ni à la peur

Le 2 avril 2020 au soir, dans le cadre de sa conférence en ligne sur la chaîne « YouTube » du portail « Jésus » (« Iissous »), le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a répondu aux multiples questions qui inquiètent les gens dans le contexte de l’épidémie de coronavirus.

Saluant les participants et les téléspectateurs depuis l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligé de la rue Bolchaïa Ordynka (Moscou), le métropolite Hilarion a dit :

Bonjour, chers frères et sœurs ! Je vous salue depuis l’église dédiée à l’icône de la Vierge « Joie de tous les affligés », rue Bolchaïa Ordynka. Je commencerai par lire un bref passage de l’Évangile selon saint Mathieu. Jésus disait à Ses disciples : « Je vous dis encore que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux ».

En général, on cite ces paroles pour évoquer la prière de l’Église et, de fait, lorsque nous nous rassemblons à l’église, nous sentons que le Seigneur Jésus Christ est présent au milieu de nous. Ce sentiment de Sa présence vivante nous emplit d’une force et d’une joie spéciales, c’est elle qui nous attire à l’église. Mais j’aimerais attirer votre attention sur autre chose, aujourd’hui.

Le Seigneur, d’une part, ne dit pas : « Là où deux cents, trois cents, cinq cents personnes sont réunies en Mon nom, je suis au milieu d’elles », mais « Là où deux ou trois sont réunis » Quand sommes-nous réunis à deux ou trois ? En famille. Aujourd’hui, alors que beaucoup sont privés de la possibilité de venir à l’église à cause de la situation, qui durera encore quelques temps, il faut se montrer particulièrement assidus à la prière familiale.

Or, on l’oublie trop souvent. Bien des croyants me disent : on n’a pas le temps de prier à la maison avec les enfants, le matin on se dépêche pour aller au travail, il faut envoyer les enfants à l’école, essayer de prendre un petit déjeuner rapide ; le soir, on rentre fatigués, il faut regarder la télévision, mettre les enfants au lit. Aujourd’hui, nous pouvons apprendre à prier en famille, à deux, à trois, à quatre. Que tous les orthodoxes de la famille se rassemblent pour la prière du matin et du soir. Nous avons assez de temps libre. Que ceux qui n’ont pas appris à prier le fasse maintenant, pendant la période de confinement, ce sera un grand progrès.

D’autre part, j’attire votre attention sur cette parole du Christ : « Je suis au milieu d’eux ». Cela veut dire que le Christ est près de nous, au milieu de nous quand nous sommes assemblés en Lui et le prions.

La troisième chose que je voulais vous dire concerne la parole « Si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père ». Or, que voulons-nous en ce moment ? Que nos proches restent en vie, que personne ne tombe malade, que ceux qui tombent malades se rétablissent rapidement, qu’ils soient le plus légèrement malades possible. Nous voulons ne pas être contaminés et ne pas contaminer les autres. Prions à cette intention en famille et à l’église. N’ayant pas la possibilité de prier ensemble à l’église, retrouvons-nous plus souvent sous cette forme. Parlons-nous grâce aux technologies de communication, prions ensemble.

Monseigneur  Hilarion a ensuite proposé aux téléspectateurs de prier ensemble le « Notre Père » et le « Réjouis-Toi », ainsi que de lire la prière contre le fléau, recommandé à la récitation quotidienne des fidèles par le patriarche.

Ensuite, le métropolite Hilarion a répondu aux questions posées avant l’émission et à celles posées en direct.

Question : On entend de plus en plus souvent que la recommandation faite aux croyants de suivre sur internet la retransmission des offices liturgiques est une façon de renvoyer les gens à un « camp de contentration numérique ». En tant qu’abonné à la chaîne « Jésus », je sais que vous ne partagez pas cette façon de voir.

Le métropolite Hilarion : En effet, je ne partage pas cette opinion. Au contraire, j’estime que l’époque numérique, grâce à laquelle nous pouvons échanger ainsi sans limites, est une excellente occasion missionnaire pour l’Église, et qu’il faut saisir cette occasion. Aujourd’hui, alors que les gens sont isolés les uns des autres, les technologies nous permettent d’échanger et de retransmettre les offices en temps réel.

Question : Que faire si le recteur de notre église ne respecte pas les mesures de prudence prescrites par le Synode ?

Le métropolite Hilarion : Nous avons un patriarche, nous avons un Synode, obéissons-leur. Si le patriarche a dit quelque chose, si le Synode l’a approuvé, il faut obéir à ce qui a été approuvé, parce que ce sont des décisions réfléchies, pesées ; différents précédents ont été étudiés. Les recommandations que donnent les autorités ecclésiastiques visent à préserver notre vie, notre santé. Si la position d’un prêtre ne coïncide pas avec la position de la hiérarchie, il faut se poser des questions sur ce prêtre.

Question : En supposant le pire, qu’arrive le jour de Pâques et que la période de confinement ne soit toujours pas terminée, comment vivre la fête de la Résurrection du Christ en cette période d’épidémie ? Les paroissiens ordinaires (qui n’auront pas de laissez-passer) pourront-ils venir à l’église, si cette situation se prolonge jusqu’à Pâques ?

Le métropolite Hilarion : Il semble, en effet, que cette situation doive se prolonger jusqu’à Pâques, il faut s’y préparer. Je pense qu’en Synode nous réfléchirons à la façon font les paroissiens devront vivre la Semaine sainte et Pâques dans le contexte actuel, nous donnerons des recommandations. Il faut être prêt à ce que beaucoup d’entre nous devrons se borner à regarder la retransmission des offices patriarcaux sur les chaînes de télévision centrales, sans pouvoir venir à l’église.

Prions pour que cette pandémie se termine plus vite, pour qu’il y ait le moins possible de personnes contaminées, de malades, de morts. Prions le Seigneur de nous prendre en pitié, que nous puissons accueillir avec joie la fête de la sainte Pâque.

Question : Monseigneur, bénira-t-on les koulitchs ? L’office aura-t-il lieu ?

Le métropolite Hilarion : Bien sûr qu’il y aura des offices à Pâques et qu’on bénira les koulitchs !

Question : Comment communier si le patriarche invite à s’abstenir de venir à l’église ?

Le métropolite Hilarion : Nous allons y réfléchir. Pour l’instant, il nous faut faire abstinence de communion. Il faut bien comprendre ce qu’a dit le patriarche Cyrille dans son homélie de dimanche dernier. Il a parlé de Marie l’Égyptienne, qui s’en fut au désert et qui y vécut des décennies, sans voir une église, sans voir visage humain, sans communier aux Saints Mystères du Christ. Ce qui ne l’empêcha pas d’atteindre les sommets de la sainteté, des sommets que personne, peut-être, à son époque n’avait jamais atteint. Elle s’élevait même dans les airs pendant la prière, elle connaissait la Bible par cœur, sans l’avoir lue, mais le Seigneur Lui-même l’instruisait, lui donnait la sagesse.

Le patriarche, et, sans doute, chaque hiérarque et chaque prêtre ne cessent de rappeler qu’on parvient au salut par l’appartenance à l’Église du Christ, par la participation à la liturgie, par la communion aux Saints Mystères du Christ. Mais il y a des situations dans lesquelles les gens ne peuvent pas aller à l’église, ni prendre part aux sacrements, ni communier aux Saints Mystères. Que faire, dans ces cas-là ?

Rappelons-nous Marie l’Égyptienne ou, par exemple, sainte Matrone de Moscou. Vous pensez qu’elle allait à l’église tous les dimanches, ou qu’un prêtre venait la voir les dimanches et les jours de fête ? A cette époque, presque tous les prêtres étaient dans les camps ou avaient été fusillés. La vie de sainte Matrne montre qu’elle allait à l’église lorsqu’elle le pouvait (on l’y amenait), et que des prêtres venaient la voir. Mais était-ce souvent ? Je ne sais pas, peut-être une fois tous les six mois, peut-être encore moins.

Encore une fois, pensez aux nouveaux-martyrs, qui n’avaient, dans les camps, si services liturgiques, ni église, qui mourraient sans communion. Et pourtant, ils prient pour nous dans les cieux.

Ne nous laissons pas aller au découragement, à la déprime. C’est une épreuve que le Seigneur nous envoie. Il faut passer par cette épreuve, peut-être, pour que nous prenons conscience du don qu’est pour nous la Sainte Communion, l’office divin. Peut-être ne l’avons-nous pas suffisamment apprécié dans le passé, c’est une occasion d’en comprendre toute la valeur.

Question : Célèbrera-t-on les offices pendant la période de confinement ?

Le métropolite Hilarion : On les célèbre et on continuera à les célébrer. La Divine liturgie sera célébrée dans tous les monastères et dans toutes les églises. Quant à la demande du patriarche, de prier provisoirement chez soi, retenons le mot clé qui est : provisoirement. C’est une situation temporaire, elle passera. En attendant, prenons soin les uns des autres afin que des changements positifs se produisent le plus rapidement possible.

(...)

Question : Puis-je venir aux vigiles le samedi avant la liturgie du dimanche, ou dois-je venir uniquement à la liturgie. Je ne fais pas partie des personnes vulnérables, mais si j’étais malade sans le savoir ?

Le métropolite Hilarion : Très bonne question. Chacun de nous peut être porteur du virus, même sans être malade, même sans avoir aucun symptôme. Cela veut dire que tout contact avec les gens, chacune de nos sorties en ville met en danger les personnes autour de nous.

Par conséquent, mieux vaut s’efforcer de minimiser nos relations, notamment dans le contexte de la liturgie. Apprenons à pratiquer ce qu’on appelle aujourd’hui la « distanciation sociale ». Restons éloignés les uns des autres, non intérieurement, mais extérieurement : échangeons à distance grâce aux technologies ; si nous nous rencontrons, respectons la distance de deux mètres prescrites par les services médicaux. Toutes ces mesures sont importantes, il faut les prendre au sérieux, et ne pas en rire, comme font certains.

Question : Pouvez-vous préciser la position de l’Église sur le sacrement de l’Onction dans le contexte du confinement... Ma mère a 78 ans, je m’inquiète beaucoup de sa santé.

Le métropolite Hilarion : Si vous vous êtes inquiet pour la santé de votre maman et si vous voulez qu’elle reçoive le sacrement durant le Grand Carême, entendez-vous avec un prêtre, qu’il vienne et lui donne le sacrement chez vous. N’amenez pas votre mère à l’église, en sortant de chez elle, elle risque d’attraper le virus. Que le prêtre vienne chez elle.

On pose souvent la question du sacrement de l’Onction en commun, tel qu’il se pratique. Nous avons cessé de le conférer. Mais qu’est-ce que ce sacrement en commun ? Si vous lisez le texte du rituel, vous verrez que l’Onction est un sacrement destinés aux grands malades, alités, ne pouvant se lever, ou sur leur lit de mort. Voilà dans quelles circonstances on devrait le donner. Quel sens a-t-il lorsque des foules de bien-portants viennent le recevoir, jeunes ou vieux, amenant des enfants ? (...) Certes, s’il s’agit d’un malade, d’une personne âgée, vous pouvez inviter le prêtre, qui célèbrera le sacrement à domicile.

Question. Il n’y a pas de pandémie, peut-être serait-il temps de dire la vérité ?

Le métropolite Hilarion : C’est votre opinion. Cependant, des sources faisant autorité permettent de connaître le nombre de contaminés et celui des personnes mortes du coronavirus : par exemple l’Organisation mondiale de la santé ou l’université John Hopkins. Je suis attentivement les données publiées par cette université, et les chiffres témoignent qu’il y a plus d’un million de personnes contaminées dans le monde. Et encore, ce sont celles qui ont été diagnostiquées, or, on sait que beaucoup de gens sont porteurs du coronavirus, sont malades, mais le diagnostic n’est pas posé, soit parce qu’il n’y a pas de tests de dépistages, soit parce qu’ils n’ont pas consulté le médecin... En Italie, 700, 800, 900 personnes meurent chaque jour du cononavirus. En Espagne – 500. En Amérique, il y a plus de 200 000 malades, en Italie plus de 100 000, à peu près autant en Espagne. Chez nous, notamment à Moscou, le nombre de contaminés augmente. Dire qu’il n’y a pas de pandémie, ou que le danger n’est pas bien grand n’est pas sérieux et irresponsable.

Le danger est grand, malheureusement, et le risque de tomber malade aussi. Le nombre de malades augmente, la maladie fait toujours plus de victimes. Il faut être très attentif à faire barrage à la propagation du coronavirus, ce qui n’est possible que si nous observons strictement ce que recommandent et ce qu’exigent les pouvoirs publics et les services sanitaires.

Question : La génération précédente aussi priait à la maison, en famille, ils ont conservé la foi et nous l’ont transmise.

Le métropolite Hilarion : Bonne remarque, c’est ce que je disais au début de notre entretien. Prions chez nous. Prions en famille. Apprenons à regarder la vérité en face et à accepter avec humilité ce que le Seigneur nous envoie, en Lui demandant de nous garder, nous et nos proches, de tout mal.

Question : Ma famille ne veut pas que j’aille à l’église pendant l’épidémie de coronavirus, mais je ne veux pas trahir le Christ. Que faire ?

Le métroplite Hilarion : Votre famille a raison ; il ne faut pas aller à l’église en ce moment. Vous ne trahissez pas le Christ en ne venant pas à l’église, mais vous pouvez Le trahir en ne faisant pas ce que demande la hiérarchie de l’Église. Or, la hiérarchie dit aujourd’hui : ne venez pas à l’église, priez à la maison. C’est une situation extraordinaire. Nous devons apprendre à faire des sacrifices, notamment à sacrifier notre confort spirituel. Nous sommes bien, à l’église. Nous aimons notre église, nous avons envie d’y aller. Mais pensons aux autres et, en ces jours d’épidémie, veillons à ne pas infecter les autres.

J’attire votre attention sur le fait que pendant le Grand Carême la liturgie n’est pas célébrée tous les jours. Les samedis et les dimanches, on célèbre la Liturgie en entier, les mercredis et les vendredis, la liturgie des Présanctifiés, tandis que les lundis, mardis et jeudis, on ne célèbre pas du tout la liturgie. Cela veut dire qu’il y a des jours où l’Église veut que nous ne communions pas. Nous voudrions peut-être communier tous les jours, mais l’Église nous dit : pendant le Grand Carême, abstenez-vous les lundis, les mardis, les jeudis. Pourquoi ? Pour que nous réfléchissions à notre vie, pour que nous nous repentions de nos péchés, pour que nous ne pensions pas que nous sommes dignes de communier tous les jours. Il est temps maintenant de penser à notre vie, de nous souvenir de nos péchés.

Question : Comment pourra-t-on se confesser, par Skype ? Ou autrement ? Dans une période aussi difficile, on a tendance à être pris d’acédie, à avoir peur et à manquer de foi. Sans confession, ce n’est pas possible.

Le métropolite Hilarion : Il ne faut se laisser aller ni à déprimer, ni à avoir peur. Si vous voulez vous confesser, entendez-vous avec le prêtre. Il vous recevra en privé. Vous pourrez lui parler, lui poser vos questions, vous confesser. Je pense que dans des cas exceptionnels, on peut se confesser par téléphone ou par « Skype ». Mais, encore une fois, entendez-vous avec le prêtre. On se confesse à Dieu, mais c’est un prêtre qui reçoit la confession.

Question : Ce n’est pas grave, si nous sortons de la ville pour aller chez nos parents, et surtout pour faire baptiser notre fille ? Le prêtre de l’église où doit avoir lieu le baptême est d’accord.

Le métropolite Hilarion : C’est une question importante. Je pense qu’on peut sortir de la ville pour aller voir ses parents, tout en prenant les précautions dont tout le monde parle. Vous pouvez, bien sûr, faire baptiser votre enfant, la cérémonie ne nécessite pas la présence d’un grand nombre de personnes ; il suffit du prêtre, de l’enfant, de vous et, peut-être, d’un parrain.

Question : Monseigneur. Tout d’abord, je voudrais vous remercier de ce que vous travaillez inlassablement pour le bien de notre sainte Église. Voici ma question : y a-t-il eu dans l’histoire de l’Église orthodoxe des précédents, des cas où la hiérarchie aurait appelé les fidèles à s’abstenir d’aller à l’église ? Si oui, quand ?

Le métropolite Hilarion : Je connais au moins un précédent. C’était en 1970, au sud du pays, à Odessa, en Crimée, une épidémie de choléra s’y était déclarée. Les autorités de l’époque avaient pris des mesures sanitaires, et le métropolite Pimen, alors locum-tenens du trône patriarcal, avait publié une instruction, suivant laquelle, dans les régions touchées par l’épidémie, les offices ne devaient être célébrés dans les églises que les dimanches et les jours de fête, à l’exception des jours de semaine ; la communion des laïcs (attention !) était temporairement suspendue, on ne pouvait communier que les malades et les mourants à domicile. Il était aussi prescrit de ne pas baiser la croix et l’Évangile, ni les icônes, de désinfecter les églises, de ne pas oindre les fidèles avec l’huile bénite, de ne pas baptiser les nourrissons ; d’autre part, les défunts morts du choléra n’étaient pas portés à l’église, l’office des funérailles étant célébré en l’absence du corps.

Ces recommandations ressemblent un peu à celles qui sont prises actuellement, elles sont même plus sévères. Nous ne refusons pas de baptiser ni les enfants, ni les adultes. Mais nous demandons d’être prudents, de veiller à la santé les uns des autres.

Question : Monseigneur, on ne peut pas non plus baptiser les enfants ? Si on n’a pas eu le temps de baptiser un enfant et que le prêtre, par exemple, n’est pas admis à l’hôpital, à cause de l’épidémie ou pour une autre raison grave, les parents peuvent-ils baptiser eux-mêmes l’enfant, faut-il employer une formule spéciale ? Si le Seigneur rappelle l’enfant à Lui, peut-on ensuite prier pour lui à l’église ?

Le métropolite Hilarion : Heureusement, nous n’en sommes pas là. On peut baptiser. Si pour une raison ou pour une autre le prêtre n’a pas pu baptiser un enfant qui se trouve en danger de mort, n’importe quel laïc peut le baptiser, et le Sacrement sera valide. Pour cela, il suffit de verser de l’eau sur l’enfant en disant : « Le serviteur de Dieu N. est baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». C’est suffisant dans des circonstances extrêmes. Mais il vaut mieux, naturellement, ne pas attendre, et amener l’enfant à l’église et le faire baptiser, ou bien inviter le prêtre pour le faire baptiser à domicile.

Question : Je n’arriverai pas à prier avec trois enfants. Je n’ai même pas le temps de vous écouter, ils mettent  tout l’appartement sans dessus dessous pendant ce temps.

Le métropolite Hilarion : Vous n’éduquez peut-être pas bien vos enfants, s’ils mettent l’appartement sans dessus dessous ? Voilà une occasion qui s’offre à vous : jusqu’au 30 avril, nous sommes tous confinés, profitez-en pour apprendre à vos enfants à bien se conduire, apprenez-leur à prier, lisez-leur l’Évangile, faites-leur découvrir les trésors de la foi orthodoxe, regardez ensemble les retransmissions des offices liturgiques. Profitez de l’occasion.

Question : On trouve sur internet des appels de moines s’adressanst aux Russes actuellement à l’étranger, leur disant de revenir au plus tôt en Russie. Nous sommes une famille orthodoxe, nous vivons en Allemagne. Que pensez de ces appels ?

Le métropolite Hilarion : Il faut rester là où l’on est. A l’heure actuelle, il est impossible de voyager, les frontières russes sont fermées. Donc, si vous êtes en Allemagne, restez-y. Si vous êtes en Italie, restez-y, si vous êtes en Russie, restez en Russie. Il ne faut aller nulle part pour l’instant, il faut attendre.

Question : En tant que président du DREE, vous échangez avec des représentants d’autres pays. Y a-t-il au moins une personne que vous connaissez personnellement qui a été victime du coronavirus ? J’aimerais entendre votre témoignage personnel.

Le métropolite Hilarion : Qu’entendez-vous par « victime du coronavirus » ? Si vous voulez savoir si une de mes connaissances en est morte, non, grâce à Dieu, personne. Si vous voulez savoir si certaines de mes connaissances sont malades, alors oui. Plusieurs personnes que je connais sont malades du coronavirus. Deux sont à l’hôpital : un mari homme d’affaires, et sa femme, une chanteuse d’opéra. Ils se sont contaminés l’un l’autre. Ils sont à l’hôpital dans un état critique. Je leur ai parlé hier, et j’espère qu’ils se rétabliront bientôt.

En Italie, je connais aussi des personnes tombées malades. Beaucoup de prêtres de ce pays aident les malades du coronavirus et certains ont été infectés. Plusieurs dizaines de prêtres catholiques sont morts du coronavirus en Italie.

Voilà ma réponse pour les sceptiques, qui croient que le coronavirus n’existe pas. Il n’y a que ceux dont personne dans l’entourage n’en a été malade qui peuvent le croire. On ne peut pas ne pas croire les informations qui sont actuellement diffusées par les médias (...) C’est vraiment une épreuve pour le monde entier. Le nombre de contaminés augmente très vite.

(...)

Question : Le patriarche n’est pas le pape, il n’est pas infaillible.

Le métropolite Hilarion : En effet, le patriarche n’est pas le pape. Mais quand il s’adresse à l’Église, qu’il annonce une décision, le patriache ne parle pas en son nom propre, il informe de ce qui a été discuté au Saint-Synode, et qui une décision de la hiérarchie. Il ne faut pas avoir de doutes. Si le patriarche a dit quelque chose, il faut obéir.

Question : Merci pour votre « Passion selon saint Mathieu ». J’ai 16 ans, grâce à vous et à mes parents, j’ai appris à aimer la musique classique.

Le métropolite Hilarion : Cela me fait très plaisir. Je vous souhaite de profiter de cette période pour écouter plus de musique classique. Elle calme, elle élève, elle éduque notre sens esthétique. En temps ordinaire, on n’a guère le temps d’écouter de musique, mais c’est possible actuellement.

(...)

Question : Monseigneur, comment faire. J’habite en Ukraine, je voulais communier dimanche. Faut-il remettre à après le confinement ?

Le métropolite Hilarion : Oui, bien sûr. Si vous êtes très malade ou âgé, ou si vous avez un désir très fort de recevoir les Saints dons du Christ, demandez à un prêtre de venir vous portez la communion.

Question : Certains prêtres refusent de croire au danger, beaucoup de gens leur font confiance et mettent leur santé et la santé de leurs proches en danger.

Le métropolite Hilarion : Si des prêtres nient le danger du virus ou s’élèvent contre ce que dit le patriache, il ne faut pas les écouter, mais obéir au patriarche. Si des prêtres vous disent qu’il n’y a pas de danger, ils se trompent.

Question : Si l’on peut prier chez soi, suivant l’exemple de Marie l’Égyptienne, alors à quoi servent les églises ?

Le métropolite Hilarion : La réponse est évidente, les églises servent à la prière, mais dans les cas où nous ne pouvons pas venir à l’église (actuellement beaucoup ne le peuvent pas), nous devons apprendre à priez chez nous. Apprenons à transformer nos maisons en églises. L’apôtre Paul, dans ses salutations aux familles chrétiennes, les appelait des « églises domestiques ». L’église domestique, c’est une église en miniature. C’est une église que nous apportons depuis l’église et que nous fondons chez nous, dans notre maison. C’est l’église où deux ou trois sont réunis au nom du Christ, parmi lesquels le Christ est présent. Consacrons notre temps et nos forces à fonder nos églises domestiques, à prier ensemble..., à lire l’Écriture Sainte, à regarder les retransmissions des offices.

(...)

Question : Bonsoir, Monseigneur. J’ai 14 ans. J’aimerais savoir comment devenir servant d’autel.

Le métropolite Hilarion : C’est à peu près l’âge auquel je suis devenu servant d’autel, j’avais 15 ans... Pour devenir servant d’autel, il faut fréquenter l’église en permanence, pas pendant le confinement, naturellement, mais lorsqu’il n’y a pas d’obstacle. Il faut être membre de la communauté ecclésiale, venir à l’office, connaître le prêtre. Venir le voir et lui faire part de ton désir. Il te prendra, peut-être d’abord à l’essai, ou bien il te dira qu’il y a assez de servants d’autel. Tu pourras essayer dans une autre église. Si tu as le désir de le devenir, le Seigneur y répondra, Il aime les jeunes gens que l’autel attire.

A 14 ans, l’autel m’attirait irresistiblement. C’était l’époque soviétique, et il était interdit aux mineurs de participer aux offices. Mais le père Léonide Roldouguine m’a pris, dans l’église où officiait Mgr Pitirime, et j’étais extrêmement heureux au sanctuaire, je ne me sentais plus la terre, mais au ciel. C’est ce que je te souhaite cordialement.

Question : Est-il vrai qu’au Jugement dernier le Seigneur cherchera comment justifier et sauver l’homme ? C’est ce que dit Théophane le Reclus.

Le métropolite Hilarion : En effet, le Seigneur ne cherchera pas spécialement à nous condamner, Il est miséricordieux et ne veut pas nous juger. Qu’est-ce que le Jugement dernier ? Il commence dès ici, sur la terre, lorsque nous péchons et nous punissons nous-même et notre entourage par nos péchés. Chacun de nous subira un Jugement dernier auquel le Seigneur nous annoncera la sentence. Préparons-nous à cet évènement, vivons de façon à ne pas craindre de nous présenter devant Dieu.

Les Pères disent qu’il faut vivre chaque jour comme si c’était le dernier. Cela ne veut pas dire qu’il faille vivre dans la crainte, la peur, l’acédie. Au contraire, il faut dès maintenant se préparer à se présenter devant Dieu. Comment nous présentons-nous devant un chef de service ? On s’y prépare, on se fait beau, on réfléchit, on met par écrit les points qu’on veut aborder pendant la rencontre. C’est ainsi qu’il faut se préparer au Jugement dernier.

Question : Ainsi, il faut rester chez soi et regarder les prières en ligne ? La fin du monde approche, l’antichrist doit venir en ligne. Et nous sommes en ligne.

Le métropolite Hilarion : D’abord, je ne vois pas pourquoi l’antichrist devrait absolument apparaître en ligne, ce n’est écrit nulle part, ni chez les Pères de l’Église, ni chez les théologiens renommés. C’est sans doute votre propre opinion théologique. Quant à rester chez soi, oui, tout le monde le dit, je le dis aussi, j’ai donné des exemples. J’en citerai encore un... Un moine disait que les apôtres Paul et Sila, enchaînés, étaient en prison et n’avaient donc pas d’église où prier. Ils priaient en prison, et Dieu entendait leurs prières : les chaînes sont tombées, les apôtres ont été délivrés. Le prophète Daniel n’avait pas non plus de temple où prier, et il priait même dans la fosse aux lions. Le prophète Jonas priait dans le ventre du poisson.

Dites-vous que nous sommes aussi dans le ventre d’une baleine, provisoirement, bien entendu. Nous espérons que cette baleine nous recrachera prochainement, comme elle rejeta Jonas sur la rive. Mais tant que nous sommes dans son ventre, tant que nous ne pouvons venir à l’église, prions chez nous. Prions avec les psaumes, prions avec le prophète Jonas, qui chanta un cantique magnifique depuis le ventre du poisson : « Dans ma détresse j’ai invoqué l’Éternel, et Il m’a exaucé ; du sein du séjour des morts j’ai crié, et tu as entendu ma voix » (Jonas, 2,3). Magnifiques sont aussi ces paroles du psaultier : « Des profondeurs, je crie vers Toi, Seigneur » (Ps 129,1). Laissons-nous imprégner de l’esprit de pénitence, découvrons ces magnifiques prières des saints de l’antiquité, notamment les prières du psaultier.

Question : Nous sommes en Carême. Si le fléau du virus est dû à nos péchés, il faut donc intensifier notre jeûne et notre prière ?

Le métropolite Hilarion : Tout à fait. Il faut intensifier notre jeûne et notre prière.

Question : Sur votre chaîne Youtube « Jésus », on trouve, notamment, deux films. L’un date de février 2019, il s’intitule « 10 règles pour la communion » ; le second – « La communion en temps d’épidémie » - est sorti en mars 2020. Dans le premier, vous dite qu’aucun microbe ne peut être tranmis par la communion, dans le second vous prévenez du risque de contagion par la cuiller. Est-ce un changement de position, ou vous ai-je mal compris ?

Le métropolite Hilarion : Ce n’est pas un changement de position, mais une précision sur ce que je disais en 2019 ou 2018, répondant à une question très souvent posée : « pourquoi les gens communient-ils à la même cuiller ? » Il y a des gens que communier à la même cuiller que tout le monde rebute... Je leur réponds toujours : « Les saints dons, le Corps et le Sang du Christ, sont sacrés, on ne peut pas tomber malade en les consommant ». Aujourd’hui, alors que nous sommes en pleine épidémie de coronavirus, je suis forcé de faire une précision que je ne faisais pas auparavant : « Les saints dons sont sacrés, on ne peut pas être contaminés par eux. Mais les saints dons se trouvent dans un calice, et nous communions à la cuiller. Dans un verre d’eau, il y a l’eau, et il y a le verre, que nous touchons, de la même façon que les communiants vénèrent le Calice après la communion. Comment garantir que le virus ne reste pas sur le Calice ou sur la cuiller ? C’est pourquoi on essuie à présent la cuiller dans un linge imbibé d’alcool après chaque communiant, à moins qu’on ne la trempe dans un liquide alcoolisé, puis dans de l’eau. Ce n’est pas une contradiction, c’est une précision. (...)

Question : Dans la Divine liturgie expliquée, publiée sur votre chaîne, vous dites que la Liturgie a la forme d’un dialogue, et que le peuple doit obligatoirement participer à l’office...

Le métropolite Hilarion : Tout à fait, et je suis prêt à le redire (...) La liturgie est une célébration collégiale. Le fait que nous soyons actuellement forcés de célébrer sans paroissiens ne veut pas dire que la Liturgie perd sa dimension collégiale. Chaque fois que nous la célébrons, les anges sont présents, les saints sont présents, les défunts sont présents, tous ceux qui auraient voulu venir à l’office mais ne peuvent pas sont présents avec nous en pensée. D’autant plus s’ils regardent la retransmission.

Certes, regarder la retransmission de la liturgie et y participer, ce n’est pas la même chose. Mais si l’on ne peut pas participer personnellement, mieux vaut retarder la retransmission.

Question : Bonjour, Monseigneur ! Le salut est-il possible en dehors de l’église, et les gens qui ne sont pas baptisés peuvent-ils être sauvés ? Ceux auxquels la prédication n’est pas parvenue, qui ont une autre religion ?

Le métropolite Hilarion : Les saints pères disent qu’en dehors de l’Église il n’est point de salut. Quant au salut sans l’église, c’est une autre question. Marie l’Égyptienne a fait son salut sans aller à l’église. Elle était dans l’Église, mais hors des églises. Il y a des gens qui, pour des raisons exceptionnelles, se retrouvent loin de l’église pour une longue période. J’ai déjà donné des exemples : les nouveaux martyrs, dans les camps, qui mourraient sans communion, sans confession, sans funérailles, dont on jetait les corps dans des fosses communes. Mais ils sont des martyrs, et ils prient pour nous. Il n’y a pas de salut en dehors de l’Église. Quant à savoir pourquoi Dieu a fait naître des hommes dans des pays où l’Église n’existe pas, ou bien où elle est interdite, où ils ne peuvent entendre la parole de l’Évangile, savoir comment Dieu sauvera ces hommes, et seront-ils sauvés, je réponds toujours : « Laissons à Dieu la possibilité de sauver ces gens comme Il le veut, ne limitons pas Dieu dans Sa miséricorde. » Nous savons que nous-mêmes ne serons pas sauvés hors de l’Église orthodoxe ; en ce qui concerne ceux qui n’ont pas entendu la prédication évangélique, laissons cela à Dieu.

Question : Bénissez, Monseigneur ! Je suis servant d’autel et séminariste. Serait-ce trahir l’Église que de demander au recteur un congé pendant la période de l’épidémie ? Que dois-je faire ?

Le métropolite Hilarion : Ce ne serait pas du tout une trahison. Si le prêtre vous demande de participer aux offices, il faudra y participer, puisque vous êtes servant d’autel. Mais si vous demandez un congé pour ne pas contaminer les autres et ne pas être contaminé, ce n’est pas un péché, vous ne commettez aucune trahison envers l’Église.

(...)

Question : Monseigneur, je suis prêtre de campagne. Nous vivons la plupart du temps dans un village éloigné, c’est déjà une forme de confinement, comment dois-je me comporter envers mes paroissiens ?

Le métropolite Hilarion : Recevez vos paroissiens individuellement, ne rassemblez pas de groupes. Vous pouvez en confesser un, puis en communier un autre. Vous pouvez passer la journée à l’église et les recevoir les uns après les autres, tout en respectant la distance nécessaire. Téléphonez à ceux que vous ne pourrez pas voir personnellement.

Question : Monseigneur, comment faire pour ne pas s’irriter pendant le confinement ? A force d’être enfermé toute la journée dans un appartement sans pouvoir sortir, on finit par être irrité. Je crains de me quereller avec mes proches.

Le métropolite Hilarion : C’est une sérieuse question. En effet, lorsqu’on reste dans un espace clos, il peut devenir difficile d’être tout le temps ensemble et de garder la même humeur, de ne pas se quereller. C’est une épreuve que le Seigneur nous a envoyée. Nous sommes actuellement enfermés entre quatre murs avec nos proches, des conflits peuvent survenir, des problèmes, de l’incompréhension. Vivez-le comme une épreuve. En tous cas, c’est mieux que d’être en prison ou couché sur un lit d’hôpital. Oui, on ne peut pas sortir de son appartement, on est toujours avec les mêmes personnes. Mais ce sont vos proches, c’est votre famille, efforcez-vous de trouver la force d’échanger avec eux de façon à ne pas vous irriter, ni à les irriter.

Notre manière d’échanger avec nos proches, l’atmopshère dans laquelle nous vivrons pendant ce mois dépend de nous. Nous créons nous-mêmes cette atmosphère dans notre espace, là où nous vivons avec nos proches.

Chacun doit rendre aujourd’hui cet espace le plus confortable possible pour soi et pour nos proches. Il faudra parfois faire des sacrifices, se montrer conciliant. Si l’on entre en conflit avec vous, n’essayez pas de prouver que vous avez raison. S’il vous semble qu’un de vos proches a tort, si vous avez envie de le changer, de changer son caractère pour qu’il pense autrement ou que sa manière d’être change, pensez qu’il est bien difficile de refaire une autre personne, c’est presque impossible. La seule personne que vous puissiez reéduquer, c’est vous. C’est là-dessus qu’il faut travailler.

Question : Monseigneur Hilarion, les mesures d’hygiène prises pour la communion pourront-elles être laissées en place après l’épidémie ? Mon père et ma soeur sont très prudents, ils répugnent à communier à la même cuiller que tous.

Le métropolite Hilarion : Il faut expliquer ce qu’on dit toujours : on ne peut être contaminé par la communion. Quant aux mesures exceptionnelles prises actuellement, elles sont là pour éviter au maximum tout risque de contagion, se protéger ou protéger ses proches. Non parce qu’on peut tomber malade par la communion, mais parce que la contagion est possible par les objets matériels dans lesquels les saints dons se trouvent.

Question : Quels sont vos livres préférés ? En dehors de la Bible, évidemment.

Le métropolite Hilarion : En dehors de la Bible, mon livre préféré est « Winnie l’ourson ». C’est une excellente histoire, qu’on peut lire en famille avec les enfants, elle est pleine de bonté, elle met de bonne humeur.

Quant à la littérature sérieuse, j’aime, naturellement, lire les Pères de l’Église. Depuis mon adolescence, je lis abba Dorothée, Isaac le Syrien, Syméon le Nouveau Théologien, Grégoire le Théologien, Jean Chrysostome et d’autres. A l’époque où je les ai découverts, on ne pouvait pas acheter de littérature patristique, il fallait chercher au « marché noir », photocopier, recopier à la machine. Les gens recopiaient à la main des pages entières de littérature patristique. Aujourd’hui, on trouve tout sur internet, il suffit de faire une recherche, et des trésors de sagesse, de charité, de bonheur, de foi et d’espérance se découvriront à vous.

(...)

Question : Ma famille est tout à fait contre l’Église. C’est très dur de vivre sans les offices, sans les sacrements. Si le prêtre vient me donner la communion, on ne le laissera pas entrer, il sera considéré comme une source de contagion. Que faire ? Je ne peux même pas regarder la retransmission des offices.

Le métropolite Hilarion : C’est un cas difficile. Que vous dire... Je ne peux que vous citer l’exemple de l’époque soviétique où beaucoup vivaient dans des familles comme la vôtre, devaient cacher leur foi. Certains ne pouvaient même pas aller à l’église.

Je pense que dans la situation actuelle vous saurez trouver une solution. Au moins pour regarder les offices. Vous pouvez bien les regarder sur votre portable ? Je suppose que vous pouvez aussi échanger avec d’autres croyants. Peut-être un prêtre pourrait-il venir chez un de vos amis, et vous pourriez vous y confesser et y communier ? Je pense que vous trouverez le moyen.

Question : Peut-on considérer le clergé comme une classe privilégiée de la société, par rapport aux laïcs, s’il peut continuer à participer aux sacrements de la confession et de la communion, tandis qu’il est prescrit aux autres de s’abstenir de ce remède que sont le Corps et le Sang du Christ ?

Le métropolite Hilarion : Je ne pense pas qu’il faille poser ainsi la question. Nous célébrons parce que nous ne voulons pas que la liturgie s’interrompe. Nous prions pour vous tous. Nous serions heureux et contents si vous étiez tous à nos côtés, et non pas de l’autre côté de la caméra, si nous pouvions prier ensemble. Mais puisque c’est impossible, il faut se montrer patients. C’est une situation temporaire. Observons toutes les prescriptions sanitaires pour que la pandémie se termine plus vite. Vous savez bien que la rapidité de la propagation du coronavirus dépend de nous. Si l’on ne respecte pas les mesures de prudence, le virus se répandra rapidement. Si nous restons confinés quelques temps, on peut espérer qu’il passera et que la vie reprendra son cours.

(...)

Question : L’Église peut-elle dispenser les prêtres âgés de célébrer ?

Le métropolite Hilarion : Oui, nous nous efforcerons, là où c’est possible, de dispenser les prêtres âgés de célébrer. Le problème est qu’il y a des paroisses où le prêtre est seul, sans personne pour le remplacer ; dans ce cas, il continuera à officier, cela sera pour lui une forme de confession de la foi.

Question : Notre recteur est dans une situation difficile, il m’a demandé de travailler au magasin de cierges. Mais je relève d’une maladie grave, je n’ai pas d’immunité. Je crains de tomber malade, mais je crains aussi de prendre des décisions par-dessus la tête du recteur et cela m’ennuie de le laisser seul dans sa position.

Le métropolite Hilarion : Je pense que si vous votre système immunitaire est affaibli il vaut mieux ne pas travailler. Restez chez vous et soignez-vous.

La question et la réponse suivantes ont été faites en anglais.

Question : Éminence, bénissez ! Je suis le père Laurent Savka, de Tanzanie, en Afrique. A votre avis, peut-on dire que le COVID-19 est, en quelque sorte, une porte de l’enfer s’efforçant de soumettre l’Église ? Pourquoi, nous orthodoxes, avons-nous peur du coronavirus ?

Le métropolite Hilarion : Il ne faut pas avoir peur, cher père Laurent, et personne ne doit paniquer. Cependant, il faut aussi prendre les mesures qui s’imposent pour se protéger et protéger ceux qui nous entourent de la contagion. Voilà pourquoi nous devons respecter les règles prescrites par les services sanitaires. Il ne s’agit pas de forces obscures, qui veulent nous soumettre, mais de charité envers le prochain. Respectons les normes sanitaires, obéissons à la hiérarchie. Espérons et prions pour que la pandémie se termine le plus vite possible.

Question : Éminence, dire que nous sommes troublés, c’est ne rien dire. Je me pose deux questions. La première, à quelle genre de mort se préparer ? D’une maladie inconnue, de la famine, du manque d’air pendant le confinement dont nous ne sortirons plus jamais ? La deuxième : dans ces conditions, comment avoir une fin chrétienne ? Ou est-ce désormais impossible ? Excusez mon excès d’émotions, je n’aurais jamais pensé écrire cela un jour.

Le métropolite Hilarion : Je pense que toutes nos épreuves ne sont rien en comparaison de ce qu’ont vécu les premiers chrétiens ou nos nouveaux-martyrs. Je vous demande, et je le demande à tous : patientez, ne vous laissez pas submerger par la peur, ne paniquez pas. Préparons-nous à une fin paisible et sans douleur, celle que le Seigneur nous enverra lorsqu’Il le voudra.

Mais l’essentiel est de continuer à vivre pleinement sa vie spirituelle, prions ensemble, prions avec nos enfants, avec nos proches, avec nos parents. Utilisons le temps que nous avons maintenant pour lire les Pères de l’Église, mieux découvrir la Bible, découvrir les commentaires des Pères sur l’Écriture Sainte. Il y quantité de choses importantes qu’on n’a pas le temps de faire d’habitude, étant trop occupés. Si l’on a du temps maintenant, il faut l’employer pour se rapprocher de Dieu, mieux connaître la sainte foi orthodoxe, et revenir à la vie renouvellés dès que ce sera possible.

Nous allons terminer cet échange. Je souhaite que Dieu vienne en aide à chacun de vous. Prenez soin de vous et de vos proches, ne sortez nulle part, restez chez vous, patientez, priez. Pour finir, je vous rappelle les paroles de l’apôtre Paul : « Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez grâce en toutes choses, ca c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ » (I Th 5,16-18).

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