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Le métropolite Hilarion : Les églises sont le …

Le métropolite Hilarion : Les églises sont le patrimoine culturel de la nation entière

Le mai 29 mars 2019, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a répondu aux questions de la présentatrice de télévision Ekaterina Gratcheva, dans l’émission hebdomadaire « l’Eglise et le monde » (Tserkov’ i mir).

E. Gratcheva : Bonjour ! Vous regardez l’émission « l’Eglise et le monde », nous nous entretenons avec le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou. Bonjour, Monseigneur.

Le métropolite Hilarion : Bonjour, Ekaterina ! Chers frères et sœurs, bonjour.

E. Gratcheva : Monseigneur, pendant que les médias du monde entier discutent des résultats des élections présidentielles en Ukraine, une information très importante pour l’Église est passée pratiquement inaperçue : il s’agit de la rencontre de représentants de plusieurs Églises – Alexandrie, Antioche, Jérusalem et Chypre – qui ont déclaré qu’ils soutenaient les églises et les fidèles d’Ukraine. Quel travail a effectué la diplomatie ecclésiastique ? A-t-elle un rapport quelconque avec cet évènement ?

Le métropolite Hilarion : Je pense, en effet, que nos efforts diplomatiques ont un rapport avec cet évènement. L’an dernier, j’ai rendu visite aux chefs des Églises, j’en ai même vu certains plusieurs fois, afin d’expliquer ce qui se passe en Ukraine. Mais chaque Église locale exprime librement son opinion, sans subir de pressions.
Bien que le patriarche de Constantinople ait tenté de d’assurer du soutien des Églises locales dans ses entreprises « sur le front ukrainien », il ne l’a pas obtenu. Quatre Églises locales, dont trois Patriarcats antiques – Alexandrie, Antioche, Jérusalem – et une quatrième Église, également antique, celle de Chypre, ont discuté de la situation en Ukraine et ont décidé que l’archevêque de Chypre proposerait dans les mois prochains des initiatives pour résoudre la situation. De quelles initiatives s’agit-il, on l’ignore pour l’instant. Je ne suis pas persuadé que les participants à la rencontre le sachent eux-mêmes. Mais on peut dire avec certitude que l’Église de Chypre souhaite jouer un rôle de médiateur.
Je pense que c’est une situation très intéressante et, d’une certaine façon, assez nouvelle. Le patriarche de Constantinople n’a rien fait pour que les Églises d’Antioche et de Jérusalem parviennent à s’entendre. L’archevêque de Chypre l’a tenté. C’est pourquoi nous pouvons espérer que cette initiative aura des suites. Ce qui compte, c’est que ces quatre Églises ont clairement condamné les iniquités qui se produisent : les usurpations d’églises, les actes de violence des schismatiques contre les fidèles de l’Église orthodoxe ukrainienne.

E. Gratcheva : Il se peut donc qu’on entende très bientôt le terme de « convention de Chypre » ? Il y a les « accords de Minsk », il y aura ceux de Chypre ?

Le métropolite Hilarion : Je ne peux pas l’exclure, puisque l’archevêque de Chypre a pris cette initiative. Trois Églises l’ont déjà soutenu. Je présume que les autres Églises le soutiendront aussi. Il faut un espace pour les négociations, au moins un centre de coordination provisoire entre les Églises orthodoxes. On ne peut pas exclure que, suivant un accord entre les Églises, Chypre et l’Église de Chypre joueront ce rôle.

E. Gratcheva : Monseigneur, Paris a été frappé par une des pires tragédies de la Cinquième République. Le principal symbole de la France, Notre-Dame-de-Paris, a partiellement disparu dans un incendie. Vous avez vécu des années en Europe. Avez-vous des souvenirs personnels à partager sur cette cathédrale ?

Le métropolite Hilarion : Mon souvenir le plus fort est la visite du regretté patriarche Alexis II en France. Il avait assisté à un office à la Notre-Dame. Comme on sait, une des plus grandes reliques de la chrétienté, la Couronne d’épines, y est conservée. Elle est assez rarement présentée à la vénération des fidèles, mais elle avait été sortie spécialement pour la venue du patriarche Alexis, qui avait pu la vénérer.
Certes, parlant de l’incendie de Notre-Dame, je pense que beaucoup approuvent ce qu’a dit notre président, au moment où nous regardions tous ce qui se passait, les larmes aux yeux. Lorsque la cathédrale a pris feu, beaucoup sont restés rivés à leurs écrans de télévision pour voir comment cela allait finir. Parce que la perte d’un tel sanctuaire, cher à l’ensemble du monde chrétien et qui symbolise un peu le peuple français, d’un sanctuaire qui a survécu à la révolution française et à beaucoup d’autres catastrophes, aurait été irréparable. Heureusement, la structure ancienne de la cathédrale a pu être préservée, le bâtiment pourra être restauré. Pour autant qu’on sache, plus d’un milliard d’euros a déjà été collecté. Beaucoup ont réagi immédiatement, notamment de riches personnalités. Je pense que la cathédrale sera restaurée.
Les principales reliques et les principales œuvres d’art, qui se trouvaient à l’intérieur de la cathédrale, n’ont pas souffert, suivant les premières estimations. Mais, naturellement, le volume réel des dommages ne pourra être estimé qu’après les expertises qui prendront des mois.

E. Gratcheva : Pour restaurer un tel monument, il faut des spécialistes exceptionnellement qualifiés. La Russie a proposé ses spécialistes à la France. Paris n’est pas une ville étrangère à la culture russe, a déclaré Vladimir Medinski. On promet d’envoyer « les spécialistes stars, les meilleurs », pour prendre part à la restauration. Ces déclarations ont suscité des réactions et des discussions équivoques sur internet. Beaucoup se sont précipités pour publier des photos de monuments russes exceptionnels laissés à l’abandon. Partagez-vous le scepticisme de ceux qui pensent qu’il faut d’abord mettre de l’ordre dans le patrimoine culturel national, avant d’aider la France ?

Le métropolite Hilarion : A mon avis, l’un n’empêche pas l’autre. La Russie est suffisamment riche pour s’occuper de son propre patrimoine, tout en aidant ceux qui en ont besoin. Mais, à en juger par la rapidité avec laquelle les gens de tous les continents ont réagi au malheur qui a frappé Paris, on peut supposer que suffisamment de moyens auront été collectés pour restaurer Notre-Dame.
Quant aux églises de Russie, nous en avons justement parlé à la dernière réunion du Haut Conseil ecclésiastique. Le métropolite Tikhon de Pskov a présenté un documentaire qui montre qu’environ 4500 églises de Russie menacent ruine ou sont en ruines. Celles qui sont en danger, ce sont des églises où l’on célèbre, mais qu’on risque de perdre à cause de problèmes graves touchant la structure même : il faudrait restaurer les fondations, les murs, le toit, etc. Celles qui sont en ruine, ce sont surtout des églises situées loin de tout lieu d’habitation, où il y eut autrefois un village, abandonné depuis, et l’église est tombée en ruines. Mais on trouve aussi dans certaines localités, voire dans des villes, des églises en ruine.
L’Institut d’architecture de Moscou a conçu un programme qui permet d’évaluer l’état d’un bâtiment culturel dans un délai très bref, et de créer la maquette informatique de sa restauration, d’après laquelle travailleront ensuite les restaurateurs. L’Église et l’état font toujours face au problème de la restauration ou de la conservation de ces milliers d’églises. Même à Moscou, il y a des églises qui n’ont toujours pas été restaurées et qui sont en danger, celles qui n’ont été rendues que récemment à l’Église et qui nécessitent des travaux très importants.

E. Gratcheva : Selon vous, pourquoi les Russes, dont les revenus ne sont pas très élevés, comparés à ceux des Européens, sont-ils prêts à aider à la restauration de Notre-Dame, mais sont généralement indifférents au sort des monuments, des églises abandonnées de leurs propres villes ?

Le métropolite Hilarion : Je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de gens prêts à aider Notre-Dame qui oublient en même temps l’église de leur village. En général, ceux qui sont prêts à aider là-bas aident ici. Je connais des gens aisés qui ont investi d’importants moyens dans la restauration ou la reconstruction de l’église de leur village natal. A présent, ils aident à relever d’autres églises et, peut-être, certains de ces hommes d’affaires ont réagi à ce qui s’est passé à Paris.
Mais la restauration des églises reste d’actualité. Il y a eu beaucoup d’églises rénovées. Il y a trente ans, l’Église orthodoxe russe n’avait que 6000 églises, elle en a 40 000 à présent. Cela veut dire que plus d’un millier d’églises par an ont été restaurées ou reconstruites. Mais, sur le territoire de la Russie, il reste encore un grand nombre d’églises pour lesquelles il faudrait prendre des mesures urgentes.

E. Gratcheva : Dans le cas d’incendies, comme à Notre-Dame, il arrive qu’on ne puisse plus sauver le bâtiment. Il suffit de se rappeler l’église de la Dormition de Kondopog, elle datait du XVIII siècle. Les statistiques montrent que de 1985 à 2018, 45 monuments uniques ont brûlé. Qui finance le système de protection contre les incendies dans les églises portées aux monuments historiques ? A votre avis, qui doit superviser ces systèmes ? Fait-on assez dans ce domaine ?

Le métropolite Hilarion : Généralement, si le bâtiment est propriété de l’Église, c’est la communauté paroissiale qui est responsable de la sécurité anti-incendie. En même temps, concernant les monuments historiques faisant partie du patrimoine national, en particulier les églises en bois, qui peuvent brûler en quelques minutes si elles sont prises pour cible par un incendiaire, les organes de l’état concernés doivent faire preuve d’une vigilance toute particulière.
Certains bâtiments sont plus vulnérables que d’autres, face au feu. Il va de soi que les anciennes églises de bois doivent être spécialement protégées. Je n’ai pas entendu parler de mesures prises pour protéger les églises en bois, après l’incendie de l’église de la Dormition de Kondopog. Je voudrais croire que des mesures ont été élaborées. Il ne faut pas oublier que les églises ne sont pas seulement le patrimoine de l’Église, c’est le patrimoine culturel de la nation toute entière.

E. Gratcheva : L’incendie à Notre-Dame s’est révélée un bon prétexte pour parler d’un sujet délicat, celui des migrants en Europe, des migrants qui ont envahi Paris plus particulièrement. Beaucoup de blogueurs russes ont écrit sur ce thème : « La cathédrale a brûlé de honte, voyant changer  le code culturel de la capitale », par exemple. Ou bien, carrément : « Le Paris d’aujourd’hui, ses habitants ne méritent pas Notre-Dame ». Quand êtes-vous allé la dernière fois à Paris, Monseigneur ? A votre avis, les autorités de la Cinquième République ont-elle réussi à intégrer les migrants dans le code culturel de la capitale, ou ont-elle échoué ?
Le métropolite Hilarion : Je suis allé à Paris en décembre dernier, au moment où les « gilets jaunes » étaient le plus actifs. Certaines rues étaient bloquées, il y avait des manifestations. Mais elles n’avaient rien à voir avec les migrants, les gens manifestaient contre la hausse des prix et l’augmentation des impôts.
Quant à l’intégration des migrants venant du Tiers-monde, en général c’est un échec. Beaucoup continuent à vivre en France comme ils étaient habitués à vivre dans leur pays. Les migrants créent des sortes de ghettos, des quartiers entiers sont peuplés de populations étrangères. Quand on arrive dans un de ces quartiers, on se croit en Algérie ou dans une ancienne colonie française, d’où sont originaires la plupart des immigrés, puisqu’ils parlent français. Quant à ceux qui ne connaissaient pas la langue, ils l’apprennent à leur arrivée en France.
Mais on n’arrive pas à changer leur code culturel. Cela cause de sérieux problèmes, c’est pourquoi la politique migratoire doit être moins laxiste. Elle doit tenir compte du code culturel de la population locale et ne pas le mettre en danger. Il y a beaucoup de débats autour de ce thème en France. Une législation migratoire trop libérale provoque un déséquilibre démographique et cela peut, à terme, provoquer d’importants conflits.
Dans la seconde partie de l’émission, le métropolite Hilarion a répondu aux questions posées par les téléspectateurs sur le site du programme « L’Église et le monde ».

Question : Qu’exige-t-on de ceux qui se sont temporairement écartés de l’Orthodoxie, pour qu’ils soient admis au rite de réintégration dans l’Église ? Et pourquoi, pendant la célébration de ce rite, les gens sont-ils à genoux ? Que faire si l’on ne peut pas se mettre à genoux pour des raisons de santé ?

Le métropolite Hilarion : Cela me fait penser à une question qu’on m’a posée récemment : comment tonsurer moine quelqu’un qui est chauve? Si quelqu’un ne peut pas se mettre à genoux, cela n’empêche pas de venir à l’église et de participer au rite de réintégration, aux sacrements. Si quelqu’un ne peut pas se mettre à genoux, qu’il reste debout. S’il ne peut pas rester debout, qu’il s’asseye. S’il ne peut pas se mouvoir, qu’il est en fauteuil roulant, qu’on l’amène à l’église pour qu’il participe à l’office et aux sacrements.
Quant au rite de réintégration, il est célébré dans certaines églises sur ceux qui ont été baptisés, ont été membres de l’Église, mais s’en sont écartés pour rejoindre une secte. Il y a beaucoup de sectes, les Témoins de Jéhovah, par exemple, qui se font passer pour une église chrétienne, mais sont une secte destructive pour la personne, pour la famille et pour le psychisme. Ceux qui ont passé un certain temps dans une secte et veulent ensuite rejoindre l’Église doivent passer par ce rite spécial de réintégration. Dans ma paroisse de la rue Bolchaïa Ordynka, il est célébré deux fois par an. Entre 50 et 100 personnes y participent à chaque fois. Effectivement, pendant cet office, on se met une ou deux fois à genoux, mais le fait de ne pas pouvoir se mettre à genoux n’est pas un empêchement à réintégrer l’Église.

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