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Le métropolite Hilarion : La restauration des …

Le métropolite Hilarion : La restauration des monuments architecturaux de Moscou a une grande importance pour la société contemporaine

Le 17 octobre 2015, Vladimir Tchernikov, directeur du Département chargé de la politique nationale, des relations interreligieuses et du tourisme pour la ville de Moscou, était l’invité du métropolite Hilarion de Volokolamsk, qui anime l’émission « L’Église et le monde » sur la chaîne de télévision « Rossia-24 ».
Le métropolite Hilarion : Chers frères et sœurs, bonjour ! Vous regardez l’émission « L’Église et le monde ».
Il y a 665, le 20 octobre 1350, naissait saint Dimitri Donskoï. Durant les 39 années que dura sa vie, il est parvenu à faire étonnamment beaucoup : avec la bénédiction de saint Serge de Radonège, les armées russes, conduites par Dimitri Donskoï, ont remporté la victoire historique du Champ de Koulikovo, sur les armées de la Horde. Au prix d’immenses efforts, le prince a rassemblé les terres russes autour de Moscou. Pour la première fois depuis l’invasion tataro-mongole, il transmit son pouvoir à son fils Vassili sans la sanction de la Horde d’Or.
Dimitri Donskoï est connu également comme un grand bâtisseur. C’est sous son règne que Moscou se dota d’un premier Kremlin en pierre.
Ayant remporté des victoires historique et assuré l’unité de notre état, les pères fondateurs de notre capitale accordaient une grande importance à la beauté de leur ville. Des siècles après, Moscou a conservé et nous a transmis une quantité colossale de monuments relevant du patrimoine culturel : le Kremlin, des églises, des monastères, des musées, des parcs, des ensembles architecturaux entiers, des rues et des quartiers historiques. Chacun de ces monuments a sa propre histoire, unique.
Grâce à la reconstruction des rues du centre, avec leurs magnifiques églises et leurs hôtels particuliers, grâce à la création de zones piétonnes et à la rénovation des parcs de la capitale, Moscou est devenue ces dernières années une ville attrayante, non seulement pour ses habitants, mais aussi pour les touristes.
Nous parlerons aujourd’hui de notre capitale en tant que milieu culturel et spirituel avec Vladimir Tchernikov, directeur du Département chargé de la politique nationale, des relations interreligieuses et du tourisme pour la ville de Moscou.
Vladimir Vassilievitch, bonjour.
V. Tchernikov : Bonjour, Monseigneur. Vous avez raison, Moscou est effectivement en pleine renaissance. On ne peut pas ne pas le sentir. En dehors de l’amélioration de l’état de la ville d’un point de vue architectural et logistique, il se produit, et c’est aussi important, une purification spirituelle de Moscou. Je pense au programme des « 200 églises ». 
Je suis heureux que nous fêtions aujourd’hui le grand-prince Dimitri Donskoï, qui a joué un rôle très important pour Moscou en tant que bâtisseur, donnant en même temps un souffle spirituel à la ville. L’union des terres russes autour de Moscou a joué un rôle décisif dans son développement comme capitale.
Le métropolite Hilarion : Je suis un moscovite de souche. Je suis né et j’ai grandi à Moscou, j’ai passé mon enfance près du Kremlin, en plein centre, rue Herzen (aujourd’hui rue Bolchaïa Nikitskaïa).
La première église que j’ai fréquentée était celle de la Dédicace-du-Saint-Sépulcre, rue Nejdanova, aujourd’hui ruelle Brioussov. Ensuite, j’ai vécu assez longtemps à Medvedkovo, puis dans le quartier Zamoskvoretchié. Moscou, c’est ma ville natale, une ville que je connais bien. J’ai vu Moscou changer dans les années 70, 80, 90, je vois ce qui se produit ces derniers temps.
Moscou s’est effectivement transformée sur bien des points, et je considère la restauration des églises comme le signe visible de cette transfiguration. Nous savons bien, vous et moi, que ce sont les églises qui sont la carte de visite de n’importe quelle ville. A Paris, c’est Notre Dame, à Rome, la basilique Saint-Pierre. Presque toutes les villes ont leur cathédrale, et leurs principales églises les différencient de toute autre ville.
Moscou avait son propre visage historique, qui est en cours de restauration. La restauration des églises, de même que la construction de nouvelles églises dans les quartiers qui ne faisaient pas partie de Moscou naguère (puisque Moscou a beaucoup grandi) est une tâche capitale, que nous réalisons ensemble, car les autorités municipales et l’Église y prennent une part active.
V. Tchernikov : Le fait que les moscovites soutiennent nos efforts en impose. Ce soutien est l’une des conditions principales, la force qui soutient la poursuite de ce développement. Certes, dans certains cas, des choix de terrains n’ont pas été suffisamment concertés et la construction d’une église est mal acceptée des habitants. Mais, dans l’ensemble, le programme de construction d’églises de proximité est soutenu par les gens, car, comme vous l’avez déjà dit, la capitale est spirituellement en pleine renaissance.
Le métropolite Hilarion : Dans le centre historique de Moscou, il y a effectivement beaucoup d’églises, et, bien que le centre compte peu d’habitants, ces églises sont fréquentées. Dans la plupart des cas, les paroissiens des églises du centre historique vivent loin de leur paroisse, ils doivent se déplacer en métro, en voiture, en tramway. Le trajet occupe souvent un temps certain. C’est pourquoi il est très important qu’il existe des églises de proximité, afin que les personnes âgées et les familles ayant des enfants n’aient pas à parcourir de longues distances pour aller à l’office.
V. Tchernikov : Nous nous efforçons de répondre à ces besoins. Vous avez entièrement raison, le centre historique possède de très nombreuses églises, mais Moscou est la ville de la quarante quarantaine, c’est évident. Il nous faudra travailler pour revenir au nombre d’églises qui existait à Moscou avant 1917. Moscou est peut-être restée à peu près dans les mêmes limites, mais la population a énormément augmenté, tandis que le nombre d’églises, paradoxalement, a diminué. Notre tâche est de réparer cette injustice historique.
Grâce à notre programme, le nombre d’églises dans les quartiers limitrophes de Moscou augmente rapidement. Aujourd’hui nous sommes occupés à développer les territoires du Nouveau Moscou. Plusieurs églises ont déjà été restaurées, deux nouvelles sont en construction. Mais il ne s’agit pas seulement de quantité : il faut que les paroissiens aient envie de fréquenter ces églises. Aujourd’hui, nous constatons que les gens ont envie d’être plus près de leur église, et nous soutenons ce désir. J’aimerais souligner que notre programme est une grande œuvre réalisée en commun avec l’Église orthodoxe russe, c’est un programme dont nous sommes fiers. 
Le métropolite Hilarion : En dehors des églises que nous construisons avec vous dans les quartiers limitrophes, il reste encore beaucoup à faire en centre-ville. Lorsque je me déplace dans Moscou, je vois souvent des bâtiments dont l’architecture témoigne éloquemment qu’ils furent des églises. Mais dans le centre historique, à proximité du Kremlin, il reste encore bien des sites qui devront être restaurés grâce à nos efforts communs.
Avec la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche, je suis le recteur de l’Institut des Hautes Études du Patriarcat de Moscou, situé dans les locaux du métochion patriarcal de Tchernigov, ruelle de Tchernigov. Il est situé littéralement à quelques centaines de mètres du Kremlin. Lorsque j’y suis venu pour la première fois, j’ai été stupéfait de l’état de délabrement de ce site : devant mes yeux s’étendait un terrain vague, envahi par les herbes folles. J’avais l’impression que je n’étais pas à Moscou, mais dans quelque lointain village abandonné. J’étais étonné de constater qu’il pouvait y avoir des endroits aussi délaissés à proximité du Kremlin.
Les églises du métochion de Tchernigov forment un ensemble architectural datant des XVI – XVIII siècles, situées de part et d’autre de la ruelle qui relie deux grandes rues, la Piatnitskaïa et la Grande Ordynka. Elles ont été restaurées sur le budget de la ville de Moscou. Les autres bâtiments du site ont été restaurés à nos frais, nous avons collecté des fonds, intéressé des sponsors. Nous avons un conseil de tutelle présidé par le Patriarche en personne.
Il s’agit d’un excellent exemple de coopération. Nous avons besoin des églises pour y prier, nous avons besoin des bâtiments pour les cours. La restauration des monuments architecturaux de Moscou a une grande importance pour la société contemporaine. Car ces bâtiments sont le visage de notre ville. Le métochion est désormais inclus dans une zone piétonne, des bancs ont été installés où les gens peuvent s’asseoir, se reposer. Je pense que tout cela fait de Moscou une ville où il fait bon vivre, où les gens ont tout ce qui leur faut, non seulement pour répondre à leurs besoins physiques et matériels, mais aussi pour leur confort spirituel.
V. Tchernikov : La restauration des monuments architecturaux est une noble cause. D’autant plus la restauration des monuments ayant rapport à la renaissance de la spiritualité, au culte, qui mérite une double attention. Nous travaillons sérieusement dans ce domaine, et les monuments qui ont dépendu autrefois de ministères ou d’institutions sont en cours de restauration ou déjà rendus au culte, et l’on y célèbre les offices.
A la dernière réunion de notre fondation pour le programme « 200 églises », nous avons discuté ce problème ; toutes ces églises doivent faire partie du programme. Il va de soi qu’avec nos collègues du Département du patrimoine culturel nous nous pencherons attentivement sur la question et élargirons la liste des sites nécessitant des travaux de restauration, en particulier dans le centre-ville.
Moscou se développe. Vous avez raison, les monuments architecturaux sont le visage de Moscou, les églises d’autant plus. Intelligemment restaurées, elles éveillent des sentiments tout particuliers.
Le métropolite Hilarion : Nous n’avons évoqué qu’un aspect de notre collaboration, mais nous travaillons ensemble dans bien d’autres domaines. Nous avons ainsi organisé ensemble des évènements culturels.
J’aimerais mentionner deux évènements récents. Le premier, un concert en l’honneur du jubilé du grand compositeur russe Petr Tchaïkovski, qui a eu lieu sous les murs de l’église du Christ Sauveur. Le Patriarche a assisté au concert, dont l’orchestre était dirigé par le grand chef d’orchestre Vladimir Fedosseev.
Quant au second évènement, il s’agit du festival « Pré russe » (Rousskoe polié), qui a eu lieu pendant l’été. Plus de deux cent mille personnes y ont participé, si je ne me trompe. Ce fut je crois la seule journée chaude de l’été écoulé, où nous n’avons pas été tellement gâtés par la chaleur.
Les gens ont besoin de fêtes, et il est heureux que l’Église y participe. C’est très bien que ces fêtes soient populaires, je pense à la fête de la chanson, que nous avons organisée en mai, lorsque tout le pays chante : Moscou commence, les régions suivent…
V. Tchernikov : Le concert final avait eu lieu sur la Place Rouge.
Le métropolite Hilarion : Un chœur de mille ou deux mille chanteurs. Des enfants étaient venus. Tout cela témoigne évidemment de la vie culturelle de notre ville. Je pense que nous devons encore développer cet aspect de notre coopération.
V. Tchernikov : Oui, bien sûr, il faudrait qu’il y ait plus de concerts. D’autant plus que c’est possible, il y a suffisamment de places où l’on pourrait les organiser avec les représentants de l’Église, ce qui est important.
Le festival « Le Pré russe », à notre avis, a surpassé toutes les attentes. Les gens sont venus parce qu’ils voulaient toucher du doigt la bonté, la pureté. La plupart des gens sont venus avec leurs enfants. Ils sont venus participer à la construction d’une église ordinaire, toucher l’histoire du doigt.
Le concert a été remarquable. Les gens sont arrivés tôt le matin et ne sont pas repartis avant tard le soir. Nous avons eu de la chance avec le temps : en deux semaines, il n’y a eu qu’une seule journée, non seulement de chaleur, mais même de soleil. La semaine qui a précédé et celle qui a suivi le festival, il a plu à plein temps. Bien que l’essentiel reste l’état émotionnel, et non pas le temps qu’il fait. Les gens ont soif d’évènements de ce genre. Il faut plus de manifestations comme celle-là.
Le métropolite Hilarion : Merci, Vladimir Vassilievitch, de votre collaboration et de votre participation à l’émission.

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