Les membres du Comité consultatif interconfessionnel chrétien soutiennent l'initiative du Patriarche Cyrille pour l'amélioration de la politique démographique en Russie
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Le 4 mars, dans les locaux du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a eu lieu la réunion de travail du Comité consultatif interconfessionnel chrétien des états de la CEI et des pays baltes, consacrée au thème de « la collaboration des organisations religieuses et civiles dans le domaine de la politique démographique ».
Les co-présidents du Comité, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, l’archevêque Paolo Pezzi, ordinaire de l’archidiocèse catholique romain de la Mère de Dieu (Moscou) et V. Vlassenko, président du Département des relations extérieures de l’Union russe des chrétiens évangéliques baptistes, ainsi que les représentants des Églises chrétiennes membres du Comité et d’organisations civiles ont pris part à la rencontre.
Les participants ont débattu de la situation démographique dans l’espace post-soviétique, évoqué le problème de l’avortement, la politique familiale et l’affirmation des principes moraux chrétiens dans la société.
L’archiprêtre Maxime Oboukhov, directeur du centre orthodoxe médical éducatif « Vie », a souligné l’importance des propositions récemment énoncées par le Patriarche de Moscou et de toute la Russie en vue d’une amélioration de la politique russe dans le domaine de la défense de la famille et de l’enfance. Le travail missionnaire des paroisse, ainsi que des actions caritatives de grande envergure pourraient favoriser la diminution du nombre d’avortements, particulièrement élevé dans la Russie d’aujourd’hui, a-t-il précisé.
Le prêtre Darius Peliak, directeur du Centre familial de l’archidiocèse de la Mère de Dieu à Moscou et le pasteur André Babylev, de l’Église évangélique luthérienne, ont parlé de l’expérience de lutte contre l’avortement à l’étranger.
S’adressant aux participants de la réunion de travail du Comité, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou a souligné que la question démographique ne pouvait être résolue que par des actions conjointes. Il a ensuite énuméré quatre facteurs pouvant renverser la situation catastrophique actuelle :
- Une politique de défense de la famille, de la maternité et de l’enfance au niveau national ;
- Le travail des Églises chrétiennes et des religions tradionnelles non chrétiennes en Russie, le renforcement des valeurs de la famille au sein de la société ;
- Les efforts conjoints des médias en faveur des valeurs familiales, de la maternité, de la fidélité conjugale, de la lutte contre l’avortement ;
- Une propagande passant par le système éducatif d’un mode de vie sain ; l’image de la mère de famille, de la famille nombreuse doit être positive et attrayante pour les jeunes générations.
Développant le thème de la politique familiale, Mgr Hilarion a constaté qu’élans et signaux devaient partir du plus haut niveau, du président, du chef du gouvernement, des responsables de l’appareil législatif. Beaucoup a déjà été fait dans ce sens, a-t-il remarqué, et la tendance démographique évolue peu à peu, mais le changement est trop lent. « Il faut des mesures radicales dans le domaine de la démographie », a-t-il assuré.
Le président du Département des relations extérieures a soulevé la question de l’enseignement de la médecine. Les médecins et les étudiants des facultés de médecine devraient recevoir une instruction dans le domaine de l’éthique familiale, de la bioéthique et des problèmes médicaux concernant la vie du fœtus dans le sein de la mère, celle de l’enfant déjà né, ainsi que l’éducation des enfants.
Le corps médical devrait servir une cause bien précise : la priorité du personnel doit être la conservation de la vie de l’enfant, a souligné le métropolite, ajoutant que la qualité des prestations médicales devrait être appréciée d’après le nombre de vie sauvées, et non d’après le nombre de vies éliminées.
Le président du Département des relations extérieures a également évoqué divers aspects du problème démographique. Il a rappelé l’importance du système d’adoption. « Nous savons que l’un des problèmes de notre société est le rejet de certains enfants par leurs parents. Les difficultés rencontrées par ceux qui tentent d’adopter ne sont pourtant pas moindres. Ce processus est extrêmement bureaucratisé, le chemin de l’adoption, même par des parents sains, est jonché d’embûches et ces difficultés sont souvent directement causées par des fonctionnaires malhonnêtes ».
Une politique de natalité devrait être mise en place dans l’ensemble du pays. Les mesures correspondantes, cependant, devraient d’abord concerner les régions dites dépressives, a souligné le métropolite, qui, mettant en avant l’exemple de l’enseignement des bases de la culture religieuses, expérience tentée dans un certain nombre de régions, a proposé de choisir les circonscriptions territoriales enregistrant les plus mauvais résultats en matière de démographie pour y appliquer un programme de natalité et de soutien aux familles nombreuses.
Le métropolite Hilarion a également partagé ses idées sur la contribution des Églises chrétiennes et des autres religions traditionnelles à la résolution du problème démographique : « Notre arme principale, chers frères, c’est la prédication. Elle prend des formes différentes suivant les confessions, mais nos positions sont voisines quant aux valeurs morales. Entre les représentants des confessions chrétiennes et ceux des autres traditions religieuses de notre pays il n’existe pas de notable divergence sur l’éthique familiale. Nous avons donc là un vaste terrain pour la colloboration et pouvons discuter ensemble d’une stratégie de soutien à la famille », a affirmé le métropolite. Le thème des valeurs familiales doit occuper une place centrale dans la prédication, a-t-il souligné. Toute paroisse, toute communauté religieuse peut devenir non seulement le lieu où les gens rencontrent Dieu et participent aux sacrements, mais encore l’endroit où ils apprennent ce qu’est vraiment une famille.
La dénatalité est encore accentuée par un taux sans précédent d’alcoolisme et de toxicomanie au sein des populations de notre pays. « La résolution, au moins partielle, de ce problème, pourrait avoir une grande influence sur le niveau de natalité en Russie et sur la santé des enfants. On ne saurait envisager la question démographique en dehors du contexte de la lutte contre ces deux fléaux de notre société », a dit le métropolite Hilarion.
Quant aux médias, Mgr Hilarion a constaté dans les grandes chaînes de télévision russes l’absence d’une stratégie de soutien à la famille, le manque de propagande d’un mode de vie sain. Au contraire, une grande partie du temps d’antenne est occupé par la propagande, directe ou indirecte, du dévergondage sexuel, de la violence, de la débauche et d’autres vices contredisant radicalement la morale chrétienne. « Aujourd’hui, malheureusement, il n’y a pas d’émission de télévision régulière qui dirait ce qu’est la famille, pourquoi il faut avoir des enfants et les élever, comment le mari et la femme doivent se conduire l’un envers l’autre, pourquoi les liaisons sexuelles avant le mariage ou hors mariage sont dangereuses, quelles sont les conséquences de l’avortement et de la contraception », a rappelé le métropolite de Volokolamsk.
Selon lui, la télévision ne se contente pas de refléter la vie d’une société sans influer sur son cours. « En fait, à notre époque, les médias, en particulier la télévision et internet, ont une immense influence, grâce à laquelle ils ne reflètent pas seulement la réalité, mais la forment. Je suis profondément convaincu de ce que la réalité ainsi formée par nos médias ne doit pas conduire à l’extinction de notre nation, mais à un changement progressif de la situation démographique ».
Le président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a également évoqué le rôle du système éducatif dans le processus de normalisation de la situation démographique. Le métropolite a attiré l’attention des auditeurs sur l’accent mis dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur sur la carrière : quelqu’un qui a réussi est quelqu’un qui a su créer pour lui-même et pour ses proches une situation d’abondance matérielle maximale. Les valeurs familiales sont donc reléguées à l’arrière-plan dans l’enseignement donné aux enfants et aux étudiants.
Dans cette optique, Mgr Hilarion a dit considérer extrêmement important l’élargissement de l’expérience d’enseignement des bases de la culture religieuse dans les écoles laïques. « Les bases de la culture religieuse, ce n’est pas seulement l’histoire des églises ou des traditions religieuses, c’est aussi la morale qu’elles défendent, a souligné le métropolite. Je pense qu’une grande partie du cours pourrait être consacré aux valeurs morales, en particulier à la conception religieuse de la famille ».
Le métropolite Hilarion a également remarqué l’importance de l’option « théologie » proposée dans les établissements d’enseignement supérieur. « En règle générale, dans les établissements où cet enseignement est proposé, on ouvre une chapelle dans laquelle un prêtre est présent en permanence. Dans certains cas, cette présence joue un rôle non négligeable dans la vie de l’établissement. La faculté de théologie est ainsi plus qu’une source de connaissance, elle devient un foyer de moralité, si nécessaire dans les établissements supérieurs », a remarqué Mgr Hilarion.
Concluant son allocution, le métropolite Hilarion a proposé de discuter un document intéressant le thème de la rencontre, les Propositions sur l’amélioration de la politique nationale dans le domaine de la famille et de l’enfance, récemment énoncées par Sa Sainteté Cyrille, patriarche de Moscou et de toute la Russie.
Un document de synthèse a été élaboré par les participants à la fin de la rencontre.